La Banque mondiale vient de faire à la Côte d’Ivoire un don de 25 milliards de FCFA destiné à l’emploi des jeunes et au dévelop-pement des compétences. Ce don qui sera piloté par l’État de Côte d’Ivoire et la Banque mondiale doit permettre de créer 12 500 emplois temporaires pour les jeunes vulnérables de 18 à 30 ans, non-inscrits dans aucune forme d'éducation et de formation (formelle ou informelle), principalement dans les domaines de la réhabilitation/construction, l'agriculture, l'agro-alimentaire, le caoutchouc et la culture de l’anacarde.
Ce geste de la Banque mondiale est certainement un début de solution au problème de chômage des jeunes. Lequel est réel en Côte d’Ivoire. Une étude réalisée par des chercheurs ivoiriens et publiée dans la revue « Pensées Noires » indique que le ¼ des forces vives du pays est au chômage. Citant les statistiques de l’Agence d’études et de promotion de l’emploi (Agepe), l’article révèle que « les jeunes de moins de 35 ans qui constituent plus de 64% de la population, sont frappés d’un taux de chômage estimé à environ 25 % ».
Selon le document, les causes de ce chômage sont connues : la détérioration du climat socio-politique principalement, mais aussi l’accroissement démographique, l’incapacité du marché de l’emploi à absorber les vagues successives de diplômés qui sortent chaque année du système éducatif, et l’inadéquation de la formation aux nouvelles exigences de ce marché de l’emploi, sont quelques raisons qui ont décuplé le taux de chômage des jeunes en Côte d’Ivoire.
Notons que l’instabilité politique que connaît la Côte d’Ivoire depuis la fin des années 1990, qui a atteint son paroxysme avec la récente crise post-électorale, continue de laisser des séquelles au nombre desquelles le chômage des jeunes. « Les licenciements massifs, les délocalisations et fermeture d’entreprises, les pillages et destructions des moyens de production de milliers de petits opérateurs économiques, conduisent à faire le constat de la perte de nombreux emplois dont 120 000 directement liés à la crise post-électorale », selon la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire.
Les différents Plans d’ajustements structurels (Pas) en Côte d’Ivoire dans les années 1980, ont eu pour conséquence une réduction significative de la part de l’État dans le jeu économique du pays. Cela a mis un terme à la situation qui a prévalu à partir de l'indépendance, avec l’incorporation de toutes les forces vives dans les structures et entreprises d’État.
Aujourd’hui, c’est le secteur privé qui dynamise l’économie. Alors que l’État n’est plus le premier pourvoyeur d’emploi, il devient difficile pour le secteur privé de jouer son rôle quand le contexte macroéconomique ne le permet pas. Les crises politiques et socio-économiques qui se sont succédées, ont contribué à accroître le risque ambiant. Ce qui n'incite pas les opérateurs économiques à faire des investissements et donc à se projeter dans l’avenir, faute de visibilité. Dans ces conditions, il est devenu difficile pour les entreprises de recruter.
Conséquence du chômage des jeunes
Selon le ministre ivoirien de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, M. Albert Flindé « le chômage des jeunes est l’une des causes de l’instabilité politique dans nos États ».
Il explique que si rien n’est fait pour résorber le chômage des jeunes dans la sous-région et principalement en Côte d’Ivoire, le pays court vers une crise majeure.
En effet, faute d’avoir des emplois stables, nombre de jeunes de la sous-région ouest-africaine deviennent le vivier des différentes rébellions. Ils sont employés comme mercenaires.
Ceux qui ne veulent pas manipuler les armes, vont grossir le lot des clandestins dans les pays du Maghreb quand ils n’arrivent pas à passer de l’autre côté de la méditerranée. C'est-à-dire l’Europe.
Théodore Kouadio
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21/02/2012