Plusieurs carrières, familles, voire des vies ont été brisées à cause de vidéos ou d'images dévoilées par des personnes mal attentionnées sur Internet. Surveillons alors nos arrières !
Personne ne souhaite voir son image gênante, voire humiliante, étalée à la vue de tout le monde. Pourtant, personne n'est à l'abri de tomber dans un piège pareil. En moins d'un mois, deux vidéos ont fait scandale sur Internet et ont défrayé la chronique. Il s'agit d'abord de celle du joueur du Wydad de Casablanca, Abderrahman Lemssassi, qui a été filmé dans une posture plutôt intime. Ce dernier souffre toujours des séquelles provoquées par cette vidéo scandale qui a été largement diffusée sur plusieurs réseaux sociaux. Sa carrière est aujourd'hui en péril, sa vie de famille est en crise, sa mère est très souffrante…
Si les incidents de ce genre ont été, depuis longtemps, monnaie courante en ce qui concerne les personnes connues, aujourd'hui, on s'attaque à Monsieur tout le monde. En effet, la seconde vidéo, diffusée il y a quelques semaines, est celle de l'enseignant filmé par une élève, également agissant d'une façon indécente.
Certes, les nouvelles technologies ont plusieurs avantages, mais plusieurs personnes mal intentionnées en font mauvais usage en atteignant la vie privée des autres. Et c'est sur Internet que la violation du droit à l'image est la plus fréquente et la plus difficile à cerner. Kawtar, 17 ans, a également été victime d'un complot de ses amis qui ont truqué certaines de ses photos présentes sur Facebook pour la faire chanter par la suite. «J'ai été victime d'un piège que m'ont tendu des camarades de classe, mais aussi victime de ma naïveté. Avant cet incident, je déposais toutes mes photos sur mon profil Facebook sans me soucier de qui pourrait y accéder pour les voir ou en faire un mauvais usage. Je n'ai réalisé que j'avais tort qu'après que certains camarades les ont volées puis truquées, de façon à ce que je paraisse dans des situations très gênantes et scandaleuses. Aujourd'hui, on me menace de les diffuser sur Internet. Ce sera la fin pour moi», confie-t-elle. Malheureusement, les critiques sont toujours orientées vers la «victime» qui subit toutes sortes d'accusations et de jugements. Il faudrait plutôt penser à condamner vrais coupables, à savoir les personnes qui prennent ces images.
Pour Jawad Jay Hamdouch, psychologue, c'est le manque d'occupation qui pousserait ces personnes «sans scrupule» à agir de la sorte. «Voltaire avait dit : «le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin». Les gens qui décident de filmer ces pratiques sont des machiavéliques, des vicieux perfides, et sans morale qui se lancent dans des affaires illicites et illégales et qui sont passibles d'emprisonnement», souligne-t-il. En effet, afin de limiter ce genre de comportements abusés, la législation marocaine garantit aux citoyens, quelle que soit leur position, le droit à l'image. Tout un chacun a un droit sur son image et sur l'utilisation qui en est faite. Il a également le droit de lancer des poursuites contre ceux qui s'en servent pour porter atteinte à sa personne. Cependant, il n'est pas toujours facile de définir les responsables, ce qui complique davantage la procédure. La mise en place de la Loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel doit assurer une meilleure protection des personnes dont l'image est diffusée. Dans son premier article, cette Loi stipule que «l'informatique est au service du citoyen et évolue dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit pas porter atteinte à l'identité, aux droits et aux libertés collectives ou individuelles de l'Homme. Elle ne doit pas constituer un moyen de divulguer des secrets de la vie privée des citoyens». Cette Loi oblige surtout tout diffuseur d'images d'informer les personnes sur la collecte et l'utilisation de leur image. En outre, le droit à l'image est garanti par des conventions internationales ratifiées par le Maroc, mais aussi par la Loi n° 17-97 relative à la propriété industrielle et notamment à son article 137.
Droit à l'image pour mineur
Le Droit s'applique de la même manière que la «victime» soit un mineur ou un adulte. Toutefois, les peines en cas d'atteinte à l'image d'un mineur seront plus lourdes du fait de sa plus grande vulnérabilité. Mais de manière générale, tout dépend des faits dont est victime le mineur, mais également de l'auteur des faits. S'agissant particulièrement des enfants, le Maroc reconnaît le principe du respect de la vie privée des enfants notamment de par sa ratification en novembre 1989 de la Convention relative aux droits de l'enfant adoptée par l'assemblé générale des Nations unies. Elle prévoit notamment à son article 16 que «Nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation.
L'enfant a droit à la protection de la Loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes».
Par Hajjar El Haiti
http://www.lematin.ma
09/01/2012