D’après l’organe, les institutions privées de l’enseignement supérieur (Ipes) ne réunissent pas les critères exigés dans ce secteur et sont loin de garantir une formation de qualité. Actuellement, le pays totalise trois facultés de médecine, toutes rattachées aux universités d’Etat. Il s’agit des universités de Yaoundé I, Buéa et Douala. A côté de ces grandes écoles publiques, il y a une foultitude d’autres écoles privées qui prétendent offrir la même formation. Sur ce point, le Cameroun est gâté. Et bat même les records d’Afrique, d’Europe, voire du monde. Avec, tenez-vous tranquille, 26 Ipes qui, pour certaines, ont négocié la tutelle des universités d’Etat. Sans doute pour endormir les parents. C’est trop pour l’Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc). «C’est même anormal dans un pays qui se veut moderne», tranche d’entrée de jeu le président en exercice de l’Onmc. «Tous les pays d’Afrique noire ont maximum deux à trois fac», souligne Guy Sandjon de la polyclinique de l’aéroport, en formulant une question de taille. «Comment peut-on expliquer la présence de trois fac et de 26 institutions privées ?». C’est la question centrale, qui, pour l’instant, est au- dessus du ministère de la santé publique (Minsanté). Puis que la formation des médecins est du ressort du ministre de l’enseignement supérieur (Minesup). C’est lui qui donne des autorisations. L’Onmc qui est garant de la santé publique, bien qu’intervenant en aval, a décidé de voir clair sur ce qui se passe en aval. «Pour le bien de tous les Camerounais», précise Guy Sandjon. Les constations donnent du palu. On apprend que la politique de la formation médicale aux Ipes ne réunissant pas les critères exigés dans ce secteur ne semble pas garantir une formation de qualité pour quatre raisons. L’insuffisance d’infrastructures pédagogiques appropriées, l’insuffisance d’enseignants qualifiés autonomes, le manque d’hôpitaux d’application autonomes appropriés et l’inadaptation entre capacités de formation et effectifs de recrutement. Ce n’est pas tout. La pratique de la tutelle académique des Ipes par les universités d’Etat constitue un réel problème.
Les solutions de l’ordre
D’après l’Onmc, elle conduit aux dysfonctionnements « car sources de détournement des enseignants d’Etat au profit desdites Ipes, avec pour conséquence une baisse de la qualité de la formation au sein des facs d’Etat et dans l’ensemble du pays ». Bien plus, l’Onmc pense constate que la baisse de la qualité de la formation médicale actuelle est porteuse à terme de menaces réelles sur la santé des populations, que les Ipes de formation médicale ne constituent pas une solution garantissant une formation médicale de qualité pour les besoins, et que la production potentielle au sein des Ipes de jeunes médecins de formation douteuse et en quantité non adaptée aux besoins du pays est une source de problèmes sociaux. C’est un véritable coup de gueule. Guy Sandjon enfonce le clou. «Un médecin mal formé est plus dangereux qu’un gendarme armé, parce qu’il a le permis de tuer», relève-t-il. «Non à la formation sous cette forme ! », martèle le président de l’Onmc qui déshabille pratiquement les Ipes. Même s’il reconnait quelques-unes sérieuses dans le lot. Au trop trois. Cette position a été défendue par Guy Sandjon ce mercredi 23 novembre 2011, lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée dans les locaux de l’antenne de l’Onmc de Douala. Guy Sandon était entouré par le vice-président de l’ordre national des pharmaciens, le représentant régional de l’ordre national des chirurgiens et du secrétaire général du syndicat national des médecins privés. Les trois hommes ont entièrement partagé l’argumentaire de l’Onmc et sont engagés dans le même combat. Avant le 23, le même problème était au cœur des travaux de l’Ag de l’Onmc tenu le 19 novembre 2011 à Yaoundé, où le même argumentaire a été déployé avec beaucoup plus de vitalité. Pour préserver le prestige du métier de médecin, l’Onmc propose sept solutions au gouvernement. Entre autres, la suspension ou le gel d’autorisations de création et d’Ipes, l’évaluation des Ipes actuelles par des instances indépendantes et qualifiées, la fermeture de celles ne répondant pas aux critères et normes exigés, le renforcement des capacités des Facs d’Etat du Cameroun. D’après l’Onmc, 6400 médecins sont actuellement inscrits au tableau de l’ordre et sont pour la plupart concentrés dans deux villes, Yaoundé et Douala. Certains refusant d’aller travailler dans les villes reculées. C’est un autre chantier de l’ordre. Tout comme celui de l’exercice illégal de la fonction objet aussi de la conférence de presse susdite.
25 Novembre 2011
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