COTE D’IVOIRE – Bac et BEPC / Ce qui explique les mauvais résultats

28 novembre 2010-21 mai 2011. Du second tour de la Présidentielle à l’investiture du nouveau président démocratiquement élu. Une parenthèse douloureuse dans l’histoire de la nation ivoirienne, qui couvre malheureusement toute la période d’une année scolaire normale. Ecole de crise, examens post-crise, résultats naturellement « de crise ». Les résultats scolaires des différents examens à grand tirage sont très loin de la promesse des fleurs. « Les enfants ont eu des séances de renforcement et des cours de rattrapage. Les résultats seront cette année bonne par rapport aux années précédentes», pronostiquait Mme Agnéro, Directrice de la direction des examens et concours (DECO) sur les antennes de Radio Côte d’Ivoire, il y a quelques semaines. Coup d’épée dans l’eau de la première responsable de la DECO. Les résultats, qu’elle prophétisait bons, sont hélas mauvais : 20,59% au Bac et 17,09 au BEPC, un taux de réussite relativement très bas par rapport aux années précédentes. Et depuis, la proclamation des résultats, la plupart des Ivoiriens ne cessent de se poser des questions sur le naufrage collectif des élèves de Côte d’Ivoire. Sont-ils subitement devenus des mules ? Avec les perturbations causées par la crise, les enseignants ont-ils véritablement respecté le volume horaire requis par l’UNESCO ? Y a –t-il eu des examens blancs, cette phase non moins importante qui prépare les candidats à mieux fourbir leurs armes ? Le niveau très bas des formateurs n’y est-il pas pour quelque chose ? Autant de questions et supputations qui courent les lèvres des Ivoiriens. Les maigres réussites des dernières années au Bac, selon certains enseignants, sont dues à l’examen lui-même; les épreuves sont souvent truffées de fautes. D’autres, par contre, blâment le niveau des candidats dont beaucoup ne savent même pas écrire dans un français correct. Rendant donc, selon eux, impossible la compréhension de leurs réponses lors des corrections. Une raison pas trop évoquée également, est le taux d’absence, au cours de ces examens. Beaucoup de candidats ont brillé par leur absence certains centres d’examen, en grande partie à cause des déplacements massifs des populations occasionnés par la terrible crise postélectorale.
 

Les responsabilités, pour le moins, restent partagées : si la crise postélectorale reste l’une des causes, les plus profondes sont à rechercher dans le relâchement et le laxisme qui gangrènent le système scolaire depuis près d’une décennie. Les élèves, il faut l’avouer, ont divorcé d’avec l’effort constant et le travail assidu pour épouser les mauvaises pratiques qui ne conduisent, bien entendu, qu’à l’échec. Aujourd’hui, avec le soutien regrettable des parents d’élèves, on ne cherche plus à être premier de classe, mais plutôt à avoir le « pétrole». Quand les opérations «Hibou», qui consistent avec l’aide de responsables véreux de centres à faire recomposer certains candidats nuitamment pour ensuite introduire, sinon glisser les copies dans le gros lot, ont été, par la volonté des nouvelles autorités, «mis hors d’état de nuire». Il ne reste que la valeur intrinsèque du candidat. L’échec de cette année est dû en partie au fait que la plupart d’entre eux croyait encore au retour des anciennes pratiques. Et quand tous les pare-feux pour empêcher la tricherie à grande échelle ont été activés par la ministre Kandia Camara et son équipe, les résultats dans ces conditions ne pouvaient être que la triste réalité qu’il est donnée de constater. «L’homme a toujours une grande part de responsabilité dans tout ce qui lui arrive », disait Henri Hauvey, un célèbre auteur français. La responsabilité des candidats dans l’énorme échec au Bac et au Bepc est donc grande.

Moussa Keita

Le Patriote – 25/10/2011

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