Depuis la chute du dictateur frontiste et pseudo-socialiste, Laurent Gbagbo puisqu'il faut le nommer, des voix s'élèvent et des écrits pleuvent dans des journaux pour demander la suppression de la tristement célèbre Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI). Mais d'autres s'y opposent.
Est-ce le moment indiqué ? Quand on sait qu'il fallait exiger cette dissolution sous la dictature du régime de Laurent Gbagbo pour démontrer les effets nuisibles de la FESCI. Mais hélas, à notre connaissance, personne, à travers la presse, n'a osé prendre ce courage sous cette dictature frontiste pour dénoncer ce virus qu'est la FESCI dans le milieu scolaire et
universitaire. C'est dommage de la part de ceux qui se font juges de ce mouvement aujourd'hui. Notre réaction est due à ce fait ; pour dénoncer l'hypocrisie de ces juges opportunistes avec le changement de régime depuis le 11 avril 2011.
Nous pouvons nous tromper du silence coupable ; parce que nous n'avons lu aucun écrit pour décrier le comportement sidéen de la FE SCI de la part des fameux parents et leurs différentes associations prêts à sucer la communauté éducative. Et encore moins de ceux qui sont censés leur donner une formation éducative.
C'est en constatant ce mutisme coupable et irresponsable que nous avons suscité en 2005, une contribution dans le défunt quotidien 24 HEURES, N° 964 du lundi 20 juin 2005 en sa rubrique IDEES ET DEBATS à la page 10, intitulée : « La FESCI : de l'espoir au désespoir en milieu scolaire et universitaire ». En faisant l'historique des associations des élèves et étudiants de l'époque coloniale à l'instauration du multipartisme en Côte d'Ivoire.
Nous écrivions, quel monde estudiantin ivoirien commence à rentrer en ébullition avec la prise en otage de certains étudiants. C'est triste de la part de ceux qui sont considérés comme l'avenir du pays.
Or, il se trouve que l'un des événements importants des années 1990 en Côte d'Ivoire a été le réveil brusque et brutal des élèves et étudiants avec la création de nombreux groupements et associations.
Ainsi sont apparues sur la scène scolaire secondaire et universitaire des associations comme : L'Union nationale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (UNEECI), le Syndicat national des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (SNEECI.), le Collectif des élèves de Côte d'Ivoire (COESCI), l'UEECI ; le SEECI ; l'ONEECI ; le CESCOCI et la FESCI.
A l'image des partis politiques qui sont apparus comme des champignons et à l'image du printemps de la presse avec la floraison des journaux, des associations d'élèves et étudiants ont été créées pour remplacer le Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (MEECI).
Mais à travers l'histoire récente du syndicalisme estudiantin en Côte d'Ivoire, c'est à partir de 1957 qu'est apparue la toute première association des élèves et étudiants en Côte d'Ivoire ; avec l'avènement de l'Union générale des étudiants et élèves de Côte d'Ivoire (UGECI) dont le premier congrès constitutif a eu lieu en juillet 1956. L'UGECI a été portée sur les fonts baptismaux à partir de la fusion de deux associations.
Ce sont l'Association générale des étudiants et élèves de Côte d'Ivoire (AGECI) et de l'Association générale des étudiants de Côte d'Ivoire en France (AGECIF). Cette dernière association était d'obédience communiste et affiliée à l'Union Internationale des Etudiants à travers la fameuse et célèbre FEANF (Fédération des étudiants d'Afrique noire en France). En 1959, il a été créé l'Association des étudiants de Côte d'Ivoire en France (AECIF).
Ainsi, la prolifération des groupements des élèves et étudiants apparue au début des années 1990 a été précédée par d'autres associations dès l'époque coloniale. L'indépendance acquise, les étudiants et élèves ivoiriens ont continué à se regrouper. C'est ainsi qu'en 1960, il a été créé l'Union nationale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (UNEECI) au même moment que la première association (UGECI).
Après le célèbre Mai 68 en France, l'UNECI a tenu son 4ème congrès en juillet de la même année au cours duquel, l'Union aborde des sujets politiques bien qu'elle soit apolitique. La suite logique a été la dissolution officielle de l'UNECI le 21 juillet 1968.
La réalité est que l'UNECI faisait office de parti d'opposition au PDCI-RDA. Pour résoudre le vide constaté et instauré par la dissolution de l'UNECI, le Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (MEECI) a été porté sur les fonts baptismaux à la suite de son congrès constitutif tenu les 03, 04 et 05 avril 1969. Mouvement syndical estudiantin créé pour occuper un espace vide, le MEECI a été consacré, le 24 juillet 1971 officiellement section particulière du PDCI-RDA, parti unique.
Cette même année a vu la création d'une autre association indépendante du PDCI-RDA, dénommée l'USEECI (Union syndicale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire). Mais le MEECI étant à la fois syndicat scolaire et universitaire et sous-section spéciale du parti au pouvoir a fait ses beaux jours dans le milieu des élèves et étudiants à telle enseigne qu'aucun autre regroupement ne pouvait lui tenir la dragée haute.
C'est ainsi qu'à la faveur des bouleversements sociopolitiques tant en Côte d'Ivoire qu'ailleurs, tous les combattants pour la liberté et la libre expression ont apprécié l'avènement des partis politiques et des associations d'élèves et étudiants. Le 21 avril 1990, la FESCI a été créée à la suite d'une assemblée générale constitutive tenue à la paroisse de l'église Sainte Famille de la Riviera.
Contrairement à l'idée générale que c'est Martial Ahipeaud qui a été le premier dirigeant de la FESCI, c'est plutôt Koné Laurent Alexis qui a été le premier à diriger la fédération, mais une semaine après son élection, Koné Laurent Alexis a été démis et Martial Ahipeaud a été élu secrétaire général le 28 avril 1990. Le 22 mai de la même année, l'Union des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (U.E.E.C.I.) a été créée à la suite d'une assemblée générale ordinaire.
Regroupant plusieurs associations d'étudiants comme la CESCOCI dont le président était Azowa Beugré Amos D.M., l'UEECI avec pour secrétaire général Kadio Appia André, l'ONEECI dont le secrétaire était Kouadio N'Dri et le SEECI qui avait pour secrétaire général Gogoua Clément. La FESCI apparaissait comme l'association la plus représentative et crédible du monde scolaire et universitaire.
Dans un document de revendications, les premiers membres des différentes structures mentionnées qui avaient fait le constat de «l'incapacité du MEECI à défendre les intérêts des élèves et étudiants » qui « se trouvent dans des difficultés académiques et sociaux » ont décidé de se regrouper en « une organisation dénommée Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI).
Les premières revendications de la FESCI déclarées le 20 août 1990 étaient d'ordre général et spécifique sur la faculté de médecine, de l'ENS (Ecole normale supérieure), de l'Université et l'enseignement technique ; et un troisième point de divers faisait des recommandations.
Quelle belle initiative prise par des jeunes qui avaient décidé de bouter hors le MEECI que nous avons contesté tant au secondaire qu'au supérieur ? Nous étions nombreux à féliciter et à encourager ces jeunes décidés à s'exprimer autrement dans le nouvel univers sociopolitique des années 1990. Mais hélas la FESCI n'a pas pu relever le défi par la faute de ceux qui ont suscité sa création à la paroisse de l'église Sainte Famille de Riviera.
Depuis son apparition sur la scène scolaire et universitaire, l'école est devenue un lieu quelconque. Et les parents d'élèves qui ont les moyens préfèrent envoyer leur progéniture étudier ailleurs. Le MEECI a été boudé par des étudiants qui étaient heureux de la naissance de la FESCI.
Mais force est de reconnaître que la FESCI a plongé l'école dans toute sa dimension dans l'abîme, dans le ténèbre et l'obscurité comme si elle n'était pas née dans une paroisse. L'actuelle direction doit se référer aux premiers documents sur lesquels la chose de l'école était bien inscrite.
Telle est notre modeste contribution pour ressusciter la FESCI de 2005 et non des années de violences inutiles et de verbiage creux ». C'était notre humble contribution pour des débats d'idées dans les colonnes du défunt quotidien. Mais personne n'a réagi.
A part l'Union nationale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (UNEECI) qui faisait office de parti d'opposition au PDCI-RDA et qui a été dissoute au temps du parti unique, les autres associations ont évolué sans problèmes apparents.
Aujourd'hui personne n'a aucun intérêt à ce que cette tristement célèbre fédération soit dissoute sous le régime d'Alassane Ouattara, parce que nous devons accepter le droit à la différence pour faire marcher la société.
Qui avait pensé que la FESCI ne réagirait pas à la fermeture des universités et des cités universitaires ? Personne à notre avis ! Le président Alassane Ouattara est un Républicain convaincu et ce n'est pas sous son régime que cette peste sera dissoute.
C'est une atteinte au droit à la différence républicaine que de dissoudre cette gangrène. Née dans une paroisse, la FESCI sera enterrée par elle-même dans cette même paroisse dans l'indifférence totale parce que la société a d'autres préoccupations.
26 juillet 2011
FRATERNITE MATIN
Ben Kassamba