Un communiqué annonce, à retardement, le paiement des primes aux étudiants méritants. Bamenda, encore en chantier, est dans la liste.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, a ordonné hier, «en vue de la mise en oeuvre diligente des très hautes mesures édictées par le chef de l’Etat (…) visant à améliorer substantiellement les performances académiques», le virement, dans les trésoreries régionales de rattachement des agences comptables, du paiement de la prime à l’excellence aux meilleurs étudiants des universités camerounaises pour le compte de l’année académique 2009/2010. Le calendrier du Minesup prévoit lesdits paiements le 28 juillet à Maroua, le lendemain à Bamenda, Buea, Douala, N’Gaoundéré, Yaoundé I et II. Le 4 août, ce sera le tour des institutions privées d’enseignement supérieur, pour les meilleurs étudiants reçus aux examens nationaux.
Ainsi, la fameuse «prime présidentielle», qui s’élève à 3,5 milliards de francs et concerne plus de 53.000 étudiants des universités d’Etat et de 10 instituts privés d’enseignement supérieur (Ipes), est enfin arrivée. Chaque étudiant y concerné percevra 50.000 francs. De quoi donc, a priori, taire la querelle autour de cette manne financière dont l’avènement commençait à traîner en longueur. Votre journal se faisait déjà l’écho de cette polémique la semaine dernière. Visiblement, rien n’était prêt en dépit des assurances. Le Minesup, à travers le communiqué d’hier, tente manifestement de se rattraper alors que la tension montait déjà en lieux concernés. Serait-ce suffisant pour enrayer l’incendie ? On voudrait bien l’espérer.
Cafouillage
Sur les critères d’éligibilité, rappelions-nous, il faut être régulièrement inscrit dans une université durant l’année académique en cours, non salarié de Master, en maîtrise, Dea, doctorat et de 4e et 5e années des grandes écoles. Sont également éligibles, les meilleurs étudiants de 2ème et 3ème années, les diplômés du Brevet de technicien supérieur (Bts), du Diplôme d’enseignement supérieur (Desp) et leur équivalent anglophone, respectivement le Higher National Diploma (Hnd) et le Higher Professionnal Diploma (Hpd). Mais le don présidentiel, note-t-on, non seulement concerne de l’année 2009/2010 mais, surtout, intervient en pleine période de vacances académiques. Il peut donc, logiquement, être considéré comme contreproductif. De plus, voici quelques jours, des cadres agréés du Minesup affirmaient que l’argent avait déjà été viré dans les agences comptables des universités d’Etat (sauf une institution), en attendant que les étudiants des Ipes, eux, passent à la caisse directement au Minesup.
L’Association de défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec), joignait sa voix à ce scepticisme ambiant.
Le communiqué de Jacques Fame Ndongo contient également une insolite, une belle perle : le paiement de la prime présidentielle aux étudiants de l’université de Bamenda. La création de cet établissement d’enseignement supérieur, la 8è université d’Etat du pays, on se rappelle, avait été annoncée en décembre dernier dans la capitale régionale du Nord-Ouest à l’occasion de la célébration du Cinquantenaire des armées.
Son ouverture n’a pas encore été officialisée, mais déjà elle reçoit la fameuse prime à l’excellence «pour le compte de l’année académique 2009/2010» !
Certains imaginent, déjà, qu’il s’agit d’un bonus à des apprenants de l’annexe de l’Ecole normale supérieure de Bambili. Qui, matériellement, ne fait pas encore partie de la nouvelle université de Bamenda. A qui profite le cafouillage ?
Félix C. Ebolé Bola
http://www.quotidienmutations.info
27/07/2011