BURKINA-FASO – Université de Ouagadougou : Les ATOS réclament des indemnités de logement

On pressentait un mouvement d’humeur se profiler à l’horizon mais on ne savait pas exactement quand est- ce que les choses allaient se déclencher. Prévu pour débuter le 6 juin, c’est finalement le 21 juin 2011 que les Agents techniques ouvriers et de soutien des universités publiques du Burkina (ATOS) ont fait entendre leur voix : un sit-in de 48 heures, les 21 et 22 juin prochains, pour réclamer des indemnités de logement qui « n’ont jamais été obtenues depuis la création de l’UO », la mutualisation des universités publiques, de la considération dans les instances décisionnelles, etc.

Le réveil des vieux démons à l’université de Ouagadougou ? On ne saurait le dire. En tout cas, tôt en cette matinée du 21 juin 2011, bureaux, amphithéâtres, administration étaient fermés. La menace des Agents techniques ouvriers et de soutien (ATOS) de l’université de Ouagadougou exhibée depuis longtemps est enfin mise à exécution. Les ATOS qui regroupent en général le personnel de l’administration et de certains services de l’université sont en sit-in de 48 heures (les 21 et 22 juin 2011).

Ils étaient regroupés autour du rond-point qui mène à la présidence de l’université. Les enseignants et les étudiants qui venaient pour les cours étaient obligés de rebrousser chemin. Tout était paralysé, aucun amphi n’était ouvert. C’était le même constat du côté des services administratifs et de la scolarité. Les lieux étaient déserts et les gardiens, censés les surveiller, absents.

Ils étaient réunis au niveau du rond-point. « Personne ne rentre ni ne sort, même les enseignants n’auront pas accès aux amphis et à leur bureau. Ça fait bientôt 50 ans que nous travaillons sans indemnité, les étudiants ont presque tout alors que nous, agents ATOS, n’avons rien. Nous allons donc tout bloquer », martèle Soungalo Yao, un des manifestants. Avant de rassuré : « Nous ne voulons pas faire du mal à quelqu’un, c’est juste pour avoir à manger ».

Il était donc impossible de se frayer un passage. Les artères qui mènent au rond-point de la présidence de l’UO étaient barricadées par des barres de fer et les manifestants. Ils entonnaient des chants et scandaient des slogans relatifs à leurs revendications. Dans leur plate-forme, la création d’un statut particulier. Les universités sont des Etablissements publics de l’Etat à caractère scientifique, culturel et technique (EPESCT).

Vu cette spécificité, raconte le délégué général du personnel ATOS, Issoufou Traoré, et les efforts fournis pour le travail, il est important qu’un statut particulier nous soit appliqué. Il s’agit, dit-il, « des indemnités de logement dont nous n’avons pas encore bénéficié depuis la création de l’UO en 1974. Nous avons des indemnités de sujétion, mais elles ne sont pas à un taux normal. Nous voulons que ça soit comme le taux national qui est appliqué.

Nous avons demandé une mutualisation de toutes les universités ; parce qu’à l’heure actuelle, c’est chaque université qui gère son personnel et il n’y a pas de mobilité, c’est-à-dire qu’un agent ATOS de l’université de Bobo ne peut pas être affecté à l’UO. Nous voulons une mutualisation pour faciliter les affectations dans les différentes universités publiques du pays. Nous demandons à être associés aux grandes rencontres concernant la communauté universitaire.

Egalement, qu’on ait un cadre d’échange avec les structures administratives de l’université ; parce que les décisions sont souvent prises de façon unilatérale sans que nous soyons associés ». Tel sont donc brossés les problèmes des ATOS. Nous avons approché la présidence de l’université pour savoir quelles sont les réponses probables aux revendications du personnel. Mais le président, à travers son protocole, n’a pas souhaité se prononcer de sitôt sur le sujet.

Et madame Kambiré née Hien Donatane de renchérir : « Ce que nous reprochons à l’administration, c’est le mutisme face à nos revendications. Nous avons déposé notre plate-forme en janvier et depuis, plus rien. Nous sommes ignorés, toutes les décisions se prennent et nous les subissons. Nous voulons quand même qu’on nous considère, qu’on nous respecte et qu’on tienne compte de nous. Chaque fois, ils disent que l’université est composée de trois pierres, mais nous ne savons pas où se trouve la troisième pierre.

Nous voulons leur dire que pour faire du bon tô, il faut que toutes les pierres soient là et solides ». Convaincu que la résolution du problème ne se pose pas au niveau du gouvernement, mais plutôt chez les autorités universitaires, le représentant de la structure nationale des ATOS, Aristide Zoungrana, prévient qu’à l’issue de ces 48h s’il n’y a pas d’initiative de la part des autorités pour débloquer la situation, de concert avec les autres universités, « nous allons inscrire la lutte dans une continuité telle que nous l’avons engagée ».

Issa Bebané

L’Observateur Paalga

22 juin 2011

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