En Guinée équatoriale, les ambassadeurs de pays membres de la Cémac (Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale) à Malabo, demandent la libération urgente de leurs compatriotes arrêtés lors d’une rafle qui s’est déroulée ces derniers jours dans le pays et qui touche également leurs ressortissants en situation régulière.
De son côté, le commissariat central de Malabo confirme que depuis le 26 mai, plusieurs étrangers ont été arrêtés à la suite de contrôles de police à l’approche du sommet de l’Union africaine, fin juin. Il est également précisé que certaines personnes sont détenues pour « falsification de documents ».
Les détentions et expulsions d’étrangers sont récurrentes en Guinée équatoriale
En deux mois, entre mai et décembre 2010, 800 Africains ont été expulsés de Guinée équatoriale et du Nigeria, selon des chiffres Groupe de recherches et d’actions sur les migrations en Afrique centrale (Grami-Ac).
Selon l’ONG « Monde Avenir » qui s’occupe régulièrement des refoulés de la Guinée équatoriale, les raisons de leur expulsion sont diverses et portent toutes sur l’irrégularité de leur situation : cartes de séjour expirées, cartes de résidence expirées, visas expirés. Mais certains des clandestins réfutent ces raisons brandies par les autorités équato-guinéennes, en soutenant qu’ils ont été victimes de rapatriements abusifs.
Des témoignages de migrants de nationalité malienne et camerounaise rapportés par l’organisation en février 2010 sont explicites : « Nos titres de séjours en cours de validité nous ont été retirés, nous avons été dépouillés de nos biens et emprisonnés pendant plusieurs jours avant de nous voir expulsés vers le Cameroun à bord des embarcations de fortune, sans un sou ».
La Guinée équatoriale nouvelle terre d’émigration en Afrique subsaharienne
Quelques années après l’arrivée des premiers foreurs pétroliers américains en Guinée équatoriale en 1992, des centaines de migrants, pour la plupart ouest-africains, sont arrivés dans le pays, beaucoup d’entre eux n’ayant ni visa, ni permis de travail. Aujourd’hui, selon les estimations des forces de police équato-guinéennes, un tiers de la population – soit plus de 300 000 personnes – est originaire de l’étranger. Entretemps, les immigrés continuent à affluer par centaines chaque mois – des ressortissants de toutes nationalités qui arrivent clandestinement par bateaux entiers, attirés par ce pays devenu troisième producteur de pétrole d’Afrique.
Immigration et droits de l’homme
Le Centre des Nations unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale a organisé, à Yaoundé, au Cameroun, en décembre 2010, un dialogue sous régional qui a réuni des représentants des gouvernements et des organisations de la société civile du Cameroun, de la République du Congo, de la République centrafricaine, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad, ainsi que des organisations internationales et sous régionales telles que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac).
Les membres de la société civile se sont dits indignés face aux multiples abus dont sont victimes les migrants, exposés à l’exploitation, au racisme et à la discrimination. Tous rappellent que « les migrants ont tous des droits qu’il faut respecter » et qu’il faut que « la condition du migrant soit humanisée car ce sont des migrants et non des criminels ». Les membres de la société civile et les organisations de défense des droits de l’homme appellent également « les chancelleries à voter des lois pour que les migrants ne soient plus maltraités et chassés de leur terre d’accueil dans ce concert actuel de mondialisation ».
La Guinée équatoriale est dirigée d’une main de fer par le président Teodoro Obiang Nguema depuis un coup d’Etat en 1979.