Selon un rapport de l’Institut statistique de l’Unesco (ISU), les sommes investies ces dix dernières années dans l’éducation en Afrique subsaharienne portent leurs fruits et permettent une scolarisation sans précédent. Mais cette situation, très fragile, demeure en outre très variable d’un pays à l’autre.
« Mention assez bien » pour l’investissement éducatif en Afrique. Dévoilé mercredi 27 avril, un rapport de l’Unesco détaille les progrès réalisés par l’Afrique subsaharienne en matière d’éducation au cours de la dernière décennie. Un bilan qui distribue aussi des mauvais points mais qui se veut plutôt encourageant dans l’ensemble.
Premier chiffre positif : entre 2000 et 2008, le nombre d’enfants scolarisés dans le primaire a progressé de 48 %, passant de 87 à 129 millions. Les inscriptions dans les écoles maternelles, l’enseignement secondaire et supérieur se sont accrues quant à elles de 60 %.
Globalement, l’Afrique subsaharienne a augmenté de plus de 6 % par an ses dépenses réelles en éducation. Des investissements supplémentaires qui ont surtout servi à absorber les coûts liés à la suppression des droits d’inscription dans le primaire.
« Le rapport montre très clairement à quel point les nations africaines et leurs partenaires sont mobilisés pour atteindre l’éducation pour tous », déclare la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. « Il montre aussi que leurs efforts portent leurs fruits, avec un nombre d’enfants scolarisés sans précédent ».
Les bons élèves…
Cités en exemple, le Burundi et le Mozambique sont parmi les premiers de la classe. Ils ont respectivement augmenté leurs dépenses en éducation de 12,2 % et 12,4 % entre 1999 et 2009. Autre pays distingué, le Lesotho. S’il n’a augmenté ses dépenses éducatives que de 1,9 %, il reste cependant le pays d’Afrique subsaharienne qui investit le plus dans l’éducation, proportionnellement à son PIB.
Le Sénégal, l’Angola, l’Éthiopie et le Cameroun, sont également parmi les bons élèves, avec une augmentation de plus de 10 % de leurs dépenses éducatives. Autres pays bien classés : le Botswana, Maurice et l’Afrique du Sud qui investissent chaque année plus de 1 000 $ par écoliers du primaire.
… et les mauvais
À l’inverse, la Centrafrique, la Guinée, Madagascar, le Rwanda, la Sierra Leone et l’Ouganda font figure de mauvais élèves avec un investissement de moins de 100 $ par élève et par an. Enfin, le titre de cancre est décerné à la République Centrafricaine, seul pays à avoir régressé. Bangui a réduit ses dépenses en éducation de 1,7 % entre 1999 et 2009.
Derrière cette bonne tendance générale, se cachent cependant de nombreux dysfonctionnements. La suppression des droits d’inscription dans le primaire a entraîné une hausse considérable de la scolarisation, mais s’est aussi traduite par des classes beaucoup plus chargées, voire surpeuplées dans de nombreux pays.
Les investissements sont, ensuite, très inégaux selon le niveau scolaire. Ils sont notamment beaucoup plus conséquents (10 fois en moyenne) dans l’enseignement supérieur que dans l’éducation primaire. Ainsi le Lesotho, dépense 50 fois plus pour chaque étudiant du supérieur que pour un élève du primaire.
Problème d’équité
À Madagascar, 9 % seulement de la population scolaire accède à l’enseignement supérieur, qui absorbe pourtant 27 % de l’ensemble des financements publics destinés à l’éducation. Cela pose un réel problème d’équité. Ainsi certains pays sont incapables de fournir un enseignement primaire à tous les enfants et financent pourtant à 80 %, les coûts des élèves du supérieur alors que ces derniers sont plutôt issus des couches les plus aisées de la population.
Malgré des investissements en hausse, de nombreux pays de la région sont encore loin de fournir un système éducatif à tous les enfants. Les données les plus récentes montrent que dans un tiers des pays, la moitié des enfants ne termine pas l’enseignement primaire. Trente-deux millions d’enfants en âge de fréquenter le primaire ne sont pas scolarisés dans la région. Il manquerait, enfin, plus d’un million de professeurs.
Les pays africains devront donc redoubler d’efforts dans les années à venir pour maintenir cette tendance favorable, conclut le rapport. D’autant que la démographie ne leur facilitera pas la tâche. La population des 5-14 ans devrait augmenter de plus de 34 % en Afrique subsaharienne au cours des 20 prochaines années.
29/04/2011