ALGERIE – Chômage des jeunes un traitement exclusivement social ?

La journée d’étude sur les mesures du Conseil des ministres du 22 février et les conditions de leur mise en œuvre organisée par le think-tank de Liberté “defendre l’entreprise” a permis une première évaluation des nouveaux dispositifs en matière d’emploi et de foncier. Les décisions en faveur de l’emploi des jeunes ainsi que l’enveloppe qui leur est consacrée, 4 à 5 milliards de dollars, s’avèrent particulièrement très encourageantes. Les plans adoptés par les pays du sud de la Méditerranée paraissent, en comparaison, dérisoires, selon des experts.

Paradoxalement, nos gouvernants n’exercent pas un forcing pour médiatiser, vulgariser, et rassurer quant à l’application efficace de cet arsenal de mesures en faveur des jeunes sans emploi. Encore une fois, nos dirigeants prêchent par un déficit récurrent de communication : l’absence de marketing des mesures pour obtenir l’adhésion des potentiels bénéficiaires, des entrepreneurs et des simples citoyens. En l’absence de“cette force de vente”, on oublie, même si elles ont été décidées sous la poussée de la révolte de la rue de janvier dernier, qu’elles s’insèrent  dans une série de mesures adoptées depuis au moins 2008 pour baisser la pression fiscale sur les entreprises, pour encourager les employeurs à procéder aux recrutements de jeunes chômeurs ainsi que des diplômés de l’université.
Pour les observateurs et les patrons, de tels dispositifs restent insuffisants. De surcroît, les décisions du 22 février ont été arrêtées sans consultation des partenaires du gouvernement : les syndicats, le patronat. 

Au demeurant, ces mesures posent des difficultés dans leur application. Primo, les structures d’accompagnement qualitatif de ces jeunes dans la création de leurs entreprises n’ont pas été définies. Secundo :  le système de suivi — pour éviter les détournements de l’argent public, le parasitisme de la corruption et la forte mortalité de ces jeunes entreprises — n’est pas encore mis en place dans la globalité de ses composantes. Tertio : l’action de régulation devrait s’exercer pour que la création de très petites entreprises s’oriente vers les secteurs à forte valeur ajoutée pour l’économie nationale : l’industrie, l’économie verte, notamment le recyclage des déchets, les nouvelles technologies de l’information et de la communication au profit des diplômés… En un mot, cette nouvelle politique en faveur de l’emploi des jeunes a besoin, pour qu’elle réussisse, d’une administration et des structures publiques  efficaces, notamment dans l’encadrement des jeunes entreprises. De surcroît, de nombreux textes d’application nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures n’ont pas encore vu le jour.

Par ailleurs, un tel plan social reste contesté par les opérateurs tout simplement parce que l’entreprise existante, le tissu de PME existant n’est pas au cœur de ces dispositifs de lutte contre le chômage des jeunes. Tout se passe comme si on feint d’ignorer que l’entreprise existante est la principale source de création d’emplois et de richesses. Il suffit pourtant encourager quelques grandes entreprises pour que des dizaines et des dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises naissent dans la sous- traitance et/ou au sein de pôles industriels intégrés.

Au plan macroéconomique, ces dispositifs vont entraîner un besoin supplémentaire d’équipements qui risque d’alourdir la facture d’importation déjà très importante, si l’état n’implique pas les sociétés locales dans les fournitures de matériels aux jeunes entreprises. Faute de ce levier, l’Algérie sera encline de créer ou de maintenir des emplois à l’étranger au lieu de renforcer l’outil industriel national.

Enfin, le marché du travail reste plombé par la prolifération de dispositifs d’attente, prédominants en dépit de la fin de la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel en 1998. Résultat : eu égard à tous ces plans d’action déficients, le taux de chômage des jeunes dépasse les 20%. Il s’ensuit que le retour au plein emploi durable dépend de la révision de la politique économique actuelle, peu centrée sur l’entreprise de production et du maintien d’une croissance forte, soutenue par des investissements productifs hors hydrocarbures. Tout cela invite à une nouvelle stratégie plus efficace de lutte contre le chômage, particulièrement des jeunes.

Source: http://www.liberte-algerie.com

30/03/2011

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