A l’Université de Djibouti, l’affichage des résultats des partiels du premier semestre a plombé l’ambiance. Seuls deux étudiants de la filière de droit sur 180 ont réussi leurs examens. Les jeunes Djiboutiens, persuadés d'avoir été sous-notés, ont déclenché une véritable révolte.
Samedi dernier, les étudiants de Djibouti, petit Etat d’Afrique de l’Est qui compte près de 840 000 habitants, sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère à la suite de l’annonce des résultats du premier semestre. La protestation contre des notes jugées arbitraires devait être pacifique, mais en fin de journée, lorsque les manifestations ont été rejointes par des lycéens et des casseurs, les choses ont dégénéré. Samedi soir, le centre-ville de Djibouti a été mis à sac, plusieurs commerces ont été pillés et des véhicules ont été retournés et brûlés.
L’adjoint du président de l’Université, joint par téléphone, a minimisé l’événement, qui selon lui est une "contestation habituelle" de "quelques" étudiants après des résultats. "Aujourd’hui avec leur téléphone portable, les jeunes filment tout. Mais il n’y a rien de grave, et les cours ont repris dès dimanche matin", a-t-il ajouté.
Hadoch, étudiant en droit, a participé aux manifestations.
Les étudiants en droit, même les meilleurs élèves, ont tous eu des notes comprises entre 2 et 4 sur 20. La doyenne de la section juridique nous a dit que ces notes étaient justifiées par les grosses lacunes que nous avons tous. C’est une mascarade. [Selon le journal local, Djibouti24, les professeurs ont reçu l’ordre du ministre de l’Education de "saquer" les étudiants de la filière de droit.]
Des rumeurs persistantes disent que le gouvernement cherche à faire diminuer les chiffres du chômage : il tenterait par tous les moyens de retarder l’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Il faut préciser que nous sommes en pleine période pré-électorale et que les chiffres du chômage ne sont pas au beau fixe. [Les élections présidentielles sont prévues le 8 avril 2011].
Le ministre de l’Education a bien sûr démenti ces rumeurs. Il est venu en personne à notre rencontre dimanche après-midi. Il a refusé de réévaluer les notes, mais il nous a assuré que le deuxième semestre se passera mieux. Pour l’instant, les cours ont repris, on attend que les autres filières obtiennent leurs résultats.
"Je reconnais que c'est allé trop loin"
La manifestation de samedi avait commencé pacifiquement. Nous étions allés chercher dans leur classe les élèves des autres filières et à la fin de la matinée, nous avions bloqué la circulation du boulevard de Gaulle, devant la faculté. On avait réussi un blocus dans le calme pour que notre colère soit enfin prise en compte par les autorités. Mais ensuite, quand les lycéens de l’établissement voisin ont rejoint notre cortège, la police est intervenue. Les lycéens se sont attaqués aux policiers à coups de pierres. Les forces de l’ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Le recteur de l’Université a même été pris à partie, puis transporté à l’hôpital. Je reconnais que c'est allé trop loin.
Source: France24
Date: 08/02/2011