Dans l’Est du Cameroun, chaque année, des dizaines de jeunes filles quittent les bancs de l’école contre leur volonté, souvent victimes du poids des traditions. Sur place, des associations proposent un système de réinsertion aux familles, afin de ramener ces jeunes filles dans les salles de classe.
Des filles contraintes à quitter l’école, Aissatou en voit tous les jours. Avec ses associations partenaires, cette animatrice communautaire s’occupe de leur réinsertion. Cet après-midi, dans ce quartier de Manjou près de Bertoua, elle se rend chez l’une d’elle. « Si je retrouve un enfant qui n’est pas allé à l’école, je m’approche du parent, je discute avec le parent, si le parent me comprend, les partenaires prennent l’enfant en charge. Par exemple, il y a deux filles qui ne vont pas à l’école, on les a pris en charge, elles font la couture, c’est elles qui l’ont choisi. »
« Ma parole en tant que femme a peu de valeur »
Assise sur un tabouret, le regard dans le vide, Aicha fait la lessive. Exécuter des tâches ménagères à longueur de journée est son quotidien depuis quelques mois. « Je lave les assiettes, je lave la maison, je prépare souvent. »
À 14 ans, cette jeune fille frêle a été contrainte de quitter l’école, alors qu’elle souhaitait poursuivre ses études. Le soutien de sa mère n’y a rien changé. « Elle a fréquenté jusqu’au moment de faire le BEPC, je me disais que s’ils laissaient au moins faire son BEPC, cela aurait pu lui servir à faire quelque chose, mais son père a catégoriquement refusé. J’ai essayé de le raisonner, mais en vain… Ma parole en tant que femme a peu de valeur. Il m’a clairement fait savoir que ce sont ses enfants, ils sont déjà grands et par conséquent ne peuvent retourner à l’école. » SUITE