La Tunisie, connue pour être une terre d’émigration, fait face à une crise alors que les remarques du président Kaïs Saïed sur l’immigration subsaharienne constituant un “plan criminel” sont soutenues par une bonne partie de la population. Toutefois, cela nous rappelle l’ancien racisme arabe contre les Noirs, ce qui est inconcevable pour les personnes bien pensantes. Selon Saïed, cette immigration constitue une “entreprise criminelle” conçue pour changer la composition démographique de la Tunisie et la transformer en un pays “uniquement africain”, la privant de sa composante arabo-musulmane. Il fait croire aux Tunisiens, à travers son discours haineux, que ce sont les “Africains” qui leur prennent leur pain en monopolisant toutes les activités lucratives.
De nombreux éléments étaient déjà présents pour remettre en question l’idée que les ressortissants tunisiens étaient en sécurité en Tunisie, ce qui permet de dire que la Tunisie n’est pas un pays d’origine sûr. De plus, l’augmentation des expulsions de citoyens tunisiens d’Italie qui n’ont pas accès à la protection internationale souligne le besoin urgent de soutenir que la situation est extrêmement grave et dangereuse pour les personnes noires et étrangères, de sorte que la sécurité de la Tunisie en tant que pays tiers semble également très compromise. En conséquence, les migrants noirs et les voix critiques sont vulnérables et non sécurisés en Tunisie, ce qui les pousse à chercher à quitter ce pays de plus en plus dangereux pour eux. Le discours raciste et discriminatoire contre les migrants africains subsahariens prononcé par le président tunisien Kaïs Saïed le 21 février a intensifié le racisme anti-noir existant en Tunisie, entraînant une aggravation de la situation, notamment pour les personnes des pays d’Afrique centrale et occidentale. Un grand nombre de personnes de la diaspora africaine à Sfax, Sousse et la capitale Tunis ont été victimes de violences, sont devenues sans-abri et sans nourriture, et ont été privées de leur droit à la santé et aux transports. Les personnes noires africaines sont non seulement victimes de pogroms perpétrés par des foules armées, mais aussi de violence institutionnelle. Elles sont soumises à un profilage racial, sont arrêtées et détenues arbitrairement par les forces de sécurité. Certaines sont victimes de disparitions forcées.
Le 11 avril 2023, environ 250 sans-abri, y compris des enfants, ont organisé un sit-in devant l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), exigeant leur évacuation immédiate car leur vie est en danger en Tunisie. La manifestation a été violemment attaquée par les forces de sécurité, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule et ont causé de graves blessures. Environ 80 personnes ont été arrêtées, plusieurs faisant état d’actes de torture et de mauvais traitements. Compte tenu de la transformation autoritaire en cours de l’État tunisien, de la violence extrême et de la persécution contre la population noire de ce pays, ainsi que contre les migrants, les opposants politiques et les acteurs de la société civile, les organisations signataires publient cette déclaration pour rappeler que la Tunisie n’est ni un pays d’origine sûr, ni un pays tiers sûr et ne peut donc pas être considérée comme un lieu sûr pour les personnes secourues en mer. Ils exhortent les autorités de l’Union européenne et ses États membres à retirer leurs accords de contrôle de la migration avec les autorités tunisiennes et à exprimer leur solidarité avec les personnes concernées.
En conclusion, la Tunisie, qui a été une terre d’émigration, fait maintenant face à une crise alors que les remarques du président sur l’immigration subsaharienne sont soutenues par une bonne partie de la population. Cela a intensifié le racisme anti-noir existant en Tunisie, entraînant une aggravation de la situation, notamment pour les personnes des pays d’Afrique centrale et occidentale. La Tunisie n’est pas un pays sûr pour les personnes noires, les personnes étrangères et les Tunisiens eux-mêmes. Par conséquent, les autorités de l’Union européenne et ses États membres doivent retirer leurs accords de contrôle de la migration avec les autorités tunisiennes et exprimer leur solidarité avec les personnes concernées.