La Tunisie est confrontée à une situation complexe en matière de migration, avec des tensions croissantes entre la population tunisienne et les immigrants d’Afrique subsaharienne. Selon l’enquête 2021-2022 de l’INS et de l’Observatoire national de la migration, il y a 566 000 immigrants tunisiens, dont 6 % sont en situation irrégulière et 15 % sont entrés dans leur pays de destination sans documents officiels.
De plus, le nombre d’Africains subsahariens est passé de 7 200 en 2014 à 21 466 en 2021, représentant 0,2 % de la population tunisienne. Cependant, la controverse entourant les migrants d’Afrique subsaharienne n’est pas une réponse à une stratégie de désignation d’un “bouc émissaire”, selon la chercheuse Nedra Cherif. Elle estime que le président tunisien Kaïs Saïed visait les dynamiques de migration illégale et de trafic migratoire, et non les communautés vivant légalement en Tunisie. La situation a été exacerbée par le Parti nationaliste tunisien, qui adhère à la théorie du “grand remplacement” et a récemment gagné du terrain sur les réseaux sociaux en diffusant des pétitions pour expulser tous les migrants d’Afrique subsaharienne. Le discours du président a été considéré comme l’étincelle qui a enflammé la situation, selon Cherif.
La Tunisie a toujours été ouverte à la Méditerranée, à l’Afrique et au monde entier, avec une histoire de commerce avec les pays d’Afrique subsaharienne remontant au Ve siècle av. J.-C. Cependant, les tensions actuelles révèlent et amplifient un lien entre les controverses sur la migration et le racisme de longue date dans les États où ces controverses sont observées. Pour faire face à la situation, la Tunisie doit adopter une stratégie nationale de migration qui soit conforme à ses intérêts, à ses engagements et aux fondements de sa politique étrangère. Le Conseil des affaires Afrique-Tunisie (TABC) a organisé une soirée africaine du Ramadan avec Iftar pour faciliter la cohésion et l’intégration sociale entre les Tunisiens et les Africains subsahariens vivant en Tunisie régulièrement. La Tunisie a également annoncé des mesures pour améliorer et faciliter les conditions de séjour des immigrés légalement établis, notamment en délivrant des permis de séjour d’un an pour les étudiants des “pays frères africains” et en prolongeant les certificats de résidence pour les personnes de certains pays d’Afrique subsaharienne. Le pays entend également faciliter les opérations de retour volontaire et le soutien aux migrants par le Croissant-Rouge et intensifier les contrôles contre la traite des êtres humains et l’exploitation des migrants irréguliers.
Cependant, la Tunisie est également confrontée à une grave crise économique, avec une inflation à deux chiffres et des pénuries de produits de base. Sans accord avec le FMI, la situation risque de s’aggraver. Le coût de la vie a déjà explosé, et les jeunes partent à la recherche de meilleures opportunités. Face à ces défis, la Tunisie doit trouver un moyen d’équilibrer ses besoins économiques avec son engagement en faveur de la libre circulation des personnes et de la diversité culturelle. Elle doit également aborder le racisme profondément enraciné qui sous-tend les tensions actuelles et travailler à favoriser une plus grande cohésion et intégration sociale entre les Tunisiens et les immigrants d’Afrique subsaharienne. Ce n’est qu’alors que la Tunisie pourra avancer et construire un avenir plus prospère et inclusif pour tous.
Source: ExcelAfrica Staff