New York attire des étudiants du monde entier, mais s’y installer nécessite souvent de gros efforts financiers : inscriptions en fac hors de prix, loyers exorbitants, nourriture ou encore allers-retours en France, la grande ville est loin d’être accessible à tous. Milan, Justine et Victor nous racontent comment ils ont réussi à financer leurs études.
On se croirait dans The hit girls, Easy A ou un autre college movie, typiquement américain : à quelques jours de la rentrée scolaire, dans une rue résidentielle du nord de New York, une maison de briques décorée de ballons blancs et bleus, devant laquelle défilent breaks et SUV conduits par des pères et mères en survêtement, et dont sortent des étudiants impatients, tirant derrière eux d’énormes valises.
La dernière semaine d’août, c’est jour de « housing » à Columbia University, prestigieuse université américaine installée dans le nord de Manhattan. Circulent alors entre Broadway et Amsterdam avenue d’immenses cartons remplis de cahiers, vêtements, poêles à frire et grille-pain, jusqu’à ce que les futurs étudiants soient enfin installés dans la résidence qui leur a été assignée.
« 70 000 euros l’année de master »
Une rentrée de rêve pour beaucoup de jeunes Français, tant l’attrait pour New York reste fort. Mais le rêve à un prix : après son bachelor à l’ESSEC, Milan, 23 ans, a réussi à décrocher une place en master d’affaires publiques à Columbia. Motivé, il a consacré quatre à six mois à la préparation des tests de sélection, un an avant cette rentrée : « Columbia University, New York, ça me faisait rêver ! Mon objectif est de travailler dans l’humanitaire, pourquoi pas aux Nations unies, et cette université a beaucoup de partenariats qui devraient me permettre d’y arriver, après mon diplôme ».
Parti étudier aux États-Unis en dehors de tout partenariat, il lui en coûte très cher en frais de scolarité : deux années à 70 000 euros chacune, soit 140 000 au total. Certes, l’université lui a accordé une bourse au mérite de 30 000 euros par an, « sans même que je la demande ! », et il espère décrocher l’année prochaine un job d’assistant professeur à 20 000 euros, mais il restera à sa charge, 60 000 euros, « rien que pour les frais de scolarité ».
Et il faut aussi payer le logement, la nourriture, les livres, l’assurance santé, les billets d’avion pour rentrer en France. Après beaucoup de galères et de déception, le jeune français a fini par trouver un appartement dans le sud de Harlem, qu’il partage avec 3 autres étudiants, un Américain et deux Allemands. Montant de sa part du loyer : 1 500 euros, pour une chambre individuelle et une cuisine commune que les garçons ont dû entièrement meubler et équiper. Un mois et demi après son arrivée, Milan estime son budget mensuel hors frais de scolarité à 2000 euros minimum, sans les sorties et les extras, dans une ville où un simple donut coûte 5 euros.« Mes cours sont passionnants, (…) je n’ai aucun regret »Milan
Parce que ses parents ne peuvent pas lui payer ses études, Milan a donc contracté un très gros crédit auprès de sa banque : 150 000 euros. « J’avais déjà fait un crédit étudiant pour mon bachelor, que j’ai pu rembourser grâce à mon contrat en alternance. J’ai conscience que ces études à New York représentent un très gros budget mais je pense que c’est un investissement qui sera rentable. Mes cours sont passionnants, il y a beaucoup de travail, les autres étudiants de mon master sont très investis, je n’ai aucun regret ».
Le sport pour s’intégrer à la ville
Comme Milan, Victor rêvait d’Amérique. Fin août 2021, il a débarqué de l’autre côté de l’Atlantique, pour y passer les 2 dernières années de son double diplôme Sciences-po Paris – Columbia. Avec un an de recul, l’étudiant de 21 ans estime son budget mensuel à 2 400 euros, sans trop abuser des sorties, en cuisinant un maximum, et sans jamais acheter de viande rouge. À cela s’ajoutent ses frais de scolarité, d’environ 40 000 euros par an.
Mais le coût de la vie n’est pas le seul obstacle à franchir pour les Frenchies qui débarque à New York : « C’est une ville dans laquelle on peut vite perdre pied tant elle est grande, cela peut sembler cliché mais il faut du temps pour se faire à son échelle, en prendre la mesure, raconte Victor. En arrivant l’année dernière, tout seul, j’ai vite compris que j’allais avoir besoin de trouver des endroits où je me sentirais bien, pour ne pas me faire bouffer par la ville, qui peut être très oppressante. »