Les maths sont considérées par les élèves comme l’une des matières les plus difficiles. Pourtant, certains ont de très bons résultats : est-ce synonyme de don ?
Pensez-vous qu’être bon en maths est synonyme de don ?
Absolument pas ! Un élève bon en maths ne possède pas forcément un don. Nous ne pouvons parler de don que lorsque la personne est vraiment exceptionnelle dans un domaine. S’il s’agit des premiers de la classe, avec de très bons résultats scolaires, ceux-ci ne disposent pas de don mais plutôt d’appétence ou de goût pour les maths, qui se traduit par un grand intérêt pour les jeux et questions de logique par exemple pour les enfants. Jusqu’au collège, les élèves peuvent vivre sur leurs facilités. Lorsque les choses deviennent plus sérieuses, à partir du lycée, le travail devient un facteur-clé dans la réussite. En effet, la régularité dans le travail a une véritable importance dans l’apprentissage des sciences, de la littérature, et bien sûr des mathématiques… L’attention en cours, les révisions, les exercices sont essentiels pour améliorer ses performances et devenir bon dans cette discipline.
A l’opposé, il n’existe pas de don inverse qui condamne l’élève à être mauvais en maths. Certains prennent peur dès qu’ils rencontrent une équation ou un graphique. Mais à force de travail et de pédagogie, tout le monde peut réussir.
Être bon en maths est donc possible pour tous…
Oui. En tant que professeur, si mon but est de faire comprendre à un étudiant un concept particulier, j’y arriverai car tout le monde peut réussir dans une discipline à force de travail. Attention, cela ne fera pas forcément aimer la discipline en question ! Les élèves passeront aussi un cap quand ils réaliseront que les mathématiques ne se résument pas qu’à des manipulations abstraites de chiffres, mais qu’elles sont utiles dans la vie quotidienne, qu’elles sont à la base des nouvelles technologies… Sachant ça, ils auront beaucoup plus de plaisir et de motivation à apprendre et à pratiquer. C’est très bénéfique d’étudier une matière que nous apprécions : les résultats scolaires seront logiquement meilleurs !
Pour l’énorme majorité des élèves, être bon en maths est principalement une compétence que l’on acquiert avec le temps grâce à un environnement stimulant, au travail et à l’attention en cours.
Et comment reconnaît-on les élèves « doués » en maths ? Existe-t-il un profil type ?
D’après les études sociologiques sur les mathématiques dans l’enseignement supérieur (taux de réussite aux concours, aux diplômes de l’université,…), les étudiants en maths sont majoritairement des garçons issus d’un milieu social aisé. On sent bien ici toute l’importance de l’environnement et d’une reproduction des élites, contre lesquelles le système éducatif dans son ensemble doit lutter. En particulier, il n’existe aucune raison pour que les filles réussissent moins que les garçons, et c’est un grand enjeu d’attirer plus de jeunes filles vers les études scientifiques.
Il y a bien entendu des étudiant(e)s plus « doué(e)s » que d’autres : ceux-ci ont souvent des processus de réflexion originaux et ont, par exemple, des capacités supérieures de mémorisation ou des facilités à mettre en lien des connaissances. En général, ce sont des élèves passionnés par cette matière et qui ressentent énormément de plaisir en la pratiquant.
Pour conclure, je suis convaincu qu’il n’existe pas de profil type qui prédisposerait à être bon en maths, mais les facteurs sociaux jouent un énorme rôle. C’est pour beaucoup un goût de l’esprit et du travail, et tout élève motivé pourra atteindre un haut niveau, par exemple un diplôme universitaire.
Un élève bon ou doué en maths aura-t-il plus de chances d’avoir un bel avenir devant lui ?
Avoir des facilités en maths favorise grandement le parcours scolaire de l’élève.
Tout d’abord, cela reflète souvent une bonne logique de pensée, une réactivité face à des problèmes parfois compliqués, et donc l’apprentissage (en général) est facilité. De plus, de nombreuses portes vont s’ouvrir à lui, comme un choix varié d’écoles dans lesquelles il pourra postuler. D’ailleurs, la filière scientifique reste la plus demandée au lycée, plébiscitée par les bons élèves en mathématiques ou même dans les matières littéraires. Après un bac S, la quasi-totalité des filières est envisageable : biologie, chimie, informatique, médecine,… et les autres disciplines également (droit, économie, communication…) !
Les élèves qui obtiennent un master en mathématiques assureront forcément leur avenir : plus de 95% d’entre eux ont un emploi 6 mois après l’obtention de leur diplôme. Ainsi, dans un système comme le nôtre, une personne ayant des aptitudes en maths aura (statistiquement) plus de chances et de facilités à réussir dans sa vie professionnelle.
Aujourd’hui encore trop d’élèves ont des lacunes en maths. Pourquoi ?
C’est une question compliquée, et il n’y a pas de solution miracle, immédiate.
Tout d’abord, ce sont les conditions dans lesquelles les élèves apprennent les maths qui génèrent pas mal d’échec… et cela dès l’école élémentaire. Une grande place devrait être laissée à la manipulation, à la découverte, au jeu, et aux interactions des mathématiques avec les autres disciplines, notamment l’informatique et la physique … Ces dispositifs d’apprentissage, pas assez présents à l’école, transmettent du plaisir aux enfants. Malheureusement, très tôt, les élèves n’ont plus cette notion de plaisir lorsqu’ils font des maths et cela entraîne un grand nombre d’échec.
Les maths doivent aussi être enseignées avec amour par les profs ! Aujourd’hui, parmi les professeurs des écoles, nous constatons un nombre important d’enseignants issus de cursus littéraires et qui ne portent pas forcément les maths dans leur cœur. Il est difficile d’enseigner une matière que l’on n’apprécie pas vraiment et les élèves doivent certainement le ressentir.
De plus, à tous les niveaux, les enseignants ont subi de nombreux changements de programme, qui peuvent être difficiles à suivre et à appliquer, d’autant qu’ils ont été mis en place très souvent sans leur accord ou même sans les avoir consultés. Nous pouvons aussi nous demander si ces programmes sont bien adaptés aux élèves ? J’en doute… car on se rend compte que les élèves français n’ont pas des scores faramineux dans les tests internationaux. Enfin, il faudrait très probablement davantage prendre le temps d’expliquer les notions importantes et de se concentrer réellement sur les lacunes des élèves.
Que conseillez-vous aux élèves pour augmenter leur niveau en maths ?
Pour être bon en maths, comme dans les autres matières, il est primordial d’écouter et d’être assidu en cours, et de bien réviser ses leçons. Il faut aussi travailler régulièrement, maîtriser ses bases et avoir un esprit critique, par exemple se demander si on a vraiment bien compris ce que le professeur est en train d’expliquer. Également, ne pas hésiter à demander de l’aide aux professeurs et pourquoi pas aux parents, si c’est possible. Il existe plusieurs façon d’augmenter ses notes : l’élève peut faire des exercices, lire des leçons sur internet, revoir ses bases grâce à des cours en ligne adaptés à son âge et sa classe, bouquiner… Beaucoup de ressources en ligne permettent de s’améliorer à tous les niveaux (même pour les adultes ).
Enfin, on n’insistera jamais assez sur la curiosité, la lecture, qui sont des atouts fondamentaux pour la réussite et l’apprentissage dans toutes les disciplines. SUITE