Edouard Philippe a annoncé ce mercredi la délivrance de visas en «48 heures pour dix nouveaux pays» pour soutenir l’activité touristique.
«Cela nous permettra de faire valoir nos atouts pour des pays qui constituent un réservoir de touristes, ne demandant qu’à venir plus vite, plus facilement en France». Voilà comment le Premier ministre a commenté ce mercredi le nouveau dispositif décidé par le gouvernement qui vise à accélérer la procédure de visas pour certains pays. Les touristes venant de Russie, de Thaïlande, des Philippines, du Cambodge, du Laos, de Birmanie, d’Indonésie, d’Inde et à terme d’Arabie saoudite et du Vietnam seront concernés par ces visas délivrés en 48 heures.
- Objectif : 100 millions de touristes en 2020
De manière générale, on sent «une volonté d’aboutir concrètement à des mesures pour développer le tourisme en France», assure au Parisien Roland Héguy, président de l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie).
Aujourd’hui, le secteur touristique représente près de 8% du PIB français et 2 millions d’emplois. Le gouvernement a un objectif : maintenir la France à la première place des destinations touristiques mondiales, atteindre 100 millions de touristes internationaux d’ici 2020 et prolonger la durée moyenne de leur séjour sur le territoire. Et cela commence par une amélioration de «la façon dont nous délivrons des visas, pour améliorer l’attractivité», a expliqué Edouard Philippe.
- La Russie et l’Inde, deux pays au fort potentiel touristique
Didier Arino, directeur de Protourisme, se félicite lui du choix de l’Inde et de la Russie, «des clientèles fortement dépensières». «L’objectif est de faire de la France leur pays d’entrée et de sortie en Europe», souligne-t-il. «Pour des personnes venant de loin, comme les Indiens, ce sont des séjours qui se préparent généralement longtemps à l’avance», continue-t-il en estimant que la question de la rapidité des visas n’est pas essentielle. «Mais cela pouvait être un frein pour le public “coup de cœur”, comme les Russes qui viennent pour les affaires, sans anticiper énormément», explique-t-il. Ce problème de délai de visa les poussait parfois à choisir une autre porte d’entrée en Europe, en passant par l’Allemagne par exemple. Ce qui représentait une perte de retombées économiques.
Concernant le Laos, le Cambodge ou le Vietnam, l’enjeu est avant tout «diplomatique», estime Didier Arino. Contacté, le ministère des Affaires étrangères n’était pas disponible pour répondre à nos questions au sujet du choix des pays.
- Une mesure qui a fait ses preuves
Ce dispositif de visas rapides a fait ses preuves du côté de la Chine, qui en bénéficie depuis 2014 comme Singapour, l’Afrique du Sud, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, Oman et la Turquie. Les retombées ont été énormes : «La proportion de Chinois arrivant et repartant de France a augmenté de 30% entre 2014 et 2015 après cette décision prise par Laurent Fabius », selon Didier Artino.
- Confirmer le regain post-attentat
Le tourisme en France a connu une année 2015 morose après la vague d’attentats qui a frappé le pays. L’année 2016 lui a fait reprendre des couleurs mais la situation reste fragile. «Avant, on craignait que certains touristes s’installent en France, c’est pourquoi on mettait ce frein. Aujourd’hui, il faut rattraper la perte qui a suivi les attentats : une baisse de 4 milliards d’euros de recettes entre 2014 et 2016», explique le directeur de Protourisme. Faciliter la visite de nouveaux touristes, venant notamment de pays émergents, doit confirmer cette relance. «Le tourisme est un trésor national, un potentiel exceptionnel», disait encore le Premier ministre ce mercredi, visiblement décidé à le développer toujours plus.
SOURCE – http://www.leparisien.fr