Plus de 2.000 étudiants internationaux “ hors échanges ” sont inscrits à Tours. Loin de leur pays pour des années, le campus est leur deuxième foyer.
Ils sont 2.227 à l’université de Tours. Ils viennent d’Europe, de Côte d’Ivoire, du Cameroun, de Tunisie, de Madagascar ou de Colombie, de Chine… De « loin », souvent trop pour ramener leur linge à laver à leur maman ou partir se ressourcer quelques jours en famille. En France pour deux, trois, parfois cinq ans d’études, sans escale retour au pays pour certains, ils organisent leur vie sur le campus.
Tour de Babel à la résidence universitaire
« Quand on arrive en France, qu’on ne connaît personne, c’est parfois difficile pour des choses très quotidiennes, comme trouver un logement, faire les papiers administratifs, savoir où faire les courses, comprendre comment marchent les transports… », se souvient Nga Trinh, jeune Vietnamienne qui a suivi un master en finance à Tours. Aujourd’hui vice-présidente de l’Association des étudiants vietnamiens, elle veille à l’accueil des nouveaux venus, et assure une dizaine de rendez-vous par an. Pot d’accueil, soirée culturelle, sorties… « Ça permet de se rencontrer, parce que l’une des questions à te poser quand tu arrives, c’est : est-ce que tu as envie de rester seul ? », explique Abraham.
Inscrit à Polytech, cet Ivoirien navigue depuis trois ans à la fac de Tours, et connaît bien la petite « tour de Babel » qu’est devenue la résidence universitaire de Grandmont. L’une des moins chères de Tours, elle concentre le plus grand nombre d’étudiants étrangers. Dans la cuisine, Bocar, Omar, Ismaela et Odimata terminent la cuisson d’un poulet, rendez-vous informel de ces Sénégalais en exil estudiantin ; dans l’escalier, il croise Benicia, une Libyenne de 22 ans, d’origine congolaise, venue à Tours terminer son cursus d’économie. Elle raconte les nuits blanches avant de quitter sa famille, le déchirement, les premiers mois difficiles. « On est jeune, on sait qu’on est là pour faire nos études, et finalement, l’euphorie reprend le dessus », sourit Abraham.
Surtout représentés en master, doctorat et cursus d’ingénierie, où ils représentent en moyenne 20 % des étudiants, ils viennent apprendre en France soit « parce qu’il n’y a pas de filière de niveau équivalent dans leur pays d’origine, soit pour se perfectionner en français dans leur matière », analyse Sylvie Crochet, directrice des relations internationales. Tours reçoit chaque année entre 8 et 10.000 dossiers. « Nous sommes très sélectifs : nous demandons un niveau de français minimum, le B2, et une commission pédagogique évalue leur parcours pour voir s’ils ont le niveau suffisant dans leur matière », explique-t-elle.
« C’est une chance de pouvoir venir étudier en France, mais c’est parfois difficile, surtout pour le côté financier », pointe Abraham. La file d’attente qui se dessine deux fois par mois à la distribution de l’aide alimentaire étudiante confirme. « Beaucoup cherchent un boulot, et quand ça ne va vraiment pas, on les oriente vers une assistante sociale », ajoute Abraham. Le Crous, l’association Campus 37, la Ville de Tours et les associations d’étudiants étrangers sont là pour les aider. « L’idée, c’est qu’ils se mélangent, qu’ils s’intègrent », précise Sylvie Crochet. Et qu’ils réussissent leur cursus pour ensuite, pour la majorité d’entre eux, retourner au pays. « J’ai ma famille là-bas, mon pays », explique Nga Trinh.
en chiffres
> 82 Allemands, 313 Marocains, deux Boliviens, 60 Ivoiriens, quatre Suisses, un apatride… 127 nationalités étaient représentées en 2013-2014 à l’université de Tours. En tout, 2.247 étudiants « hors échanges » (sur 2.939 étudiants internationaux) qui ont choisi suivre un cursus en France.
> Presque autant de filles que de garçons, 905 sont inscrits en Licence, 975 suivent un Master, et 347 d’entre eux bouclent un doctorat.
> La filière « Droit, économie et sciences sociales » est plébiscitée (30 % des effectifs internationaux), juste devant les « Sciences et techniques » (20,39 %) et les lettres et langues (11,18 %).
Source: http://www.lanouvellerepublique.fr/
19/12/2014