À Franceville, dans l’est du Gabon, les militaires et les bérets rouges – les agents des forces armées spéciales – ont investi le campus de l’université des sciences et techniques de Masuku (USTM) le samedi 29 novembre, à la suite de manifestations étudiantes. Outre les violences physiques et les arrestations, les étudiants ont subi un certain nombre d’humiliations de la part des forces de l’ordre.
Vendredi matin, l’arrestation et l’incarcération de onze étudiants accusés d’avoir bizuté l’un de leurs pairs – une pratique interdite au Gabon – ont mis le feu aux poudres. Lors d’une assemblée générale organisée en fin de journée, les étudiants de l’USTM ont décidé de manifester et d’ériger des barricades à proximité du campus dès le lendemain matin, afin de réclamer la libération de leurs camarades dont ils affirment qu’ils ont été accusés à tort. Samedi, des heurts ont rapidement éclaté entre étudiants et forces de l’ordre, qui ont ensuite pénétré dans le campus.
“Certains étudiants ont été forcés de ramasser des ordures avec leur bouche”
Un certain nombre d’étudiants sont toujours à l’hôpital, après avoir été blessés par les forces de l’ordre. Par ailleurs, les onze personnes arrêtées vendredi matin demeurent incarcérées, à la prison centrale de Franceville.
Selon plusieurs sources, la décision d’occuper le campus universitaire aurait été prise afin de ne pas troubler un rassemblement organisé dans la ville samedi en soutien au président Ali Bongo, à la suite de la publication du livre “Nouvelles Affaires africaines : mensonges et pillages au Gabon” du journaliste français Pierre Péan, très critique à l’égard du président gabonais. Le chef de l’État doit par ailleurs se rendre à Franceville mardi, afin d’inaugurer le mausolée de son père, Omar Bongo, ex-président de 1967 jusqu’à sa mort, en 2009.
Samedi, le recteur de l’USTM, Isaac Mouaragadja, a adressé une note aux étudiants, indiquant que “tous les accès au campus universitaire [seraient] dorénavant gardés par les forces de sécurité nationale jusqu’à nouvel ordre, pour garantir la sécurité des biens et des hommes”. France 24 n’a pas réussi à le joindre ce lundi.