Les Marocains demandent un meilleur accès à l’éducation, en particulier pour les élèves vivant dans les zones reculées du royaume.
Près de 1,7 million d’enfants sont inscrits dans les établissements scolaires des zones rurales du Maroc, mais le taux de déperdition y reste très élevé, notamment dans le secondaire collégial (18,5 pour cent) et dans le secondaire qualifiant (27,5 pour cent).
Nombreux sont les élèves qui éprouvent des difficultés à se rendre à l’école en raison de la distance séparant ces dernières des villages où ils vivent.
“Mes enfants de dix et huit ans se réveillent à cinq heures du matin pour pouvoir arriver à temps dans leur classe”, explique Rahma Chafi, une mère de trois enfants habitant dans les faubourgs de Marrakech.
“Il s’agit d’une véritable souffrance”, déplore-t-elle. “Mon aînée, Kenza, a dû arrêter il y a deux ans ses études au niveau primaire, car le collège n’est pas à proximité”.
Les filles sont plus touchées par le fléau du décrochage scolaire dans les zones rurales, car les familles, très conservatrices, n’acceptent souvent pas de les envoyer loin de l’entourage parental, préférant les marier à un âge précoce, explique la sociologue Samira Kassimi.
Nadia El Ouarradi, 19 ans, a dû quitter l’école à l’âge de 12 ans malgré ses bonnes notes.
“J’avais l’ambition de terminer mes études pour devenir quelqu’un, mais l’éloignement du collège était un obstacle pour moi”, confie-t-elle à Magharebia.
“Les familles dans les campagnes font des sacrifices pour les garçons seulement qui peuvent partir en ville chez la famille”, ajoute-t-elle avec amertume. “Cela fait quatre ans que je suis mariée, sans même posséder de papiers officiels”.
Si le gouvernement a déployé des efforts dans la construction des écoles en milieu rural, établissant également des partenariats pour offrir des internats aux élèves du collège et des lycées, ces mesures restent toutefois insuffisantes par rapport aux besoins, estime le politologue Jamal Farhani.
Selon lui, investir dans l’éducation est également un investissement dans la sécurité.
“En étudiant, les élèves, surtout ceux des régions les plus reculées, s’ouvrent au monde et deviennent mieux immunisés contre le radicalisme. L’expérience a montré que l’enseignement participe largement à l’acceptation de l’autre et de la différence”, ajoute-t-il.
Pour sa part, la sociologue Charifa Bakali souligne que l’enseignement en milieu rural ne doit pas être uniquement abordé en termes de développement, mais également dans sa dimension sociale et culturelle.
L’ouverture d’esprit, dit-elle, est fortement tributaire de l’éducation.
“C’est au sein des établissements scolaires que l’on arrive à sensibiliser les enfants et les jeunes aux dangers de l’intégrisme. L’éducation donne des armes aux élèves pour ne pas être des proies faciles entre les mains des intégristes”, affirme-t-elle.
Le gouvernement doit s’atteler à la tâche pour pouvoir gagner le pari de la lutte contre le fléau du terrorisme, conclut-elle.