Les étudiants interpellent le ministre
Les étudiants de l’EPSTA ont entamé une grève illimitée pour dénoncer les mauvaises conditions de scolarisation dans un lycée en chantier.
Après les policiers, la fièvre de la protestation s’est emparée des étudiants de l’Ecole préparatoire des sciences et techniques d’Alger (EPSTA). Ces derniers n’ont pas marché dans les rues de la capitale, mais ont entamé une grève illimitée à partir d’hier en signe de protestation contre les mauvaises conditions dans lesquelles ils suivent leurs cours. Assis sur des marches menant vers l’entrée principale du lycée Emir Abdelkader, une centaine d’étudiants brandissaient des pancartes et des photos de leurs salles de cours. «Non seulement nous n’avons pas eu le droit de franchir la porte de l’université, mais nous sommes sommés de poursuivre nos études dans ce lycée. En plus, cet établissement est, depuis quelques mois, un véritable chantier. Notre scolarité se déroule avec le bruit des tronçonneuses, des marteaux et des engins», s’exclame un des protestataires. «Nous n’arrivons pas à entendre nos professeurs, encore moins nous concentrer. Pis, en plus des nuisances sonores, nous sommes victimes de nuisances chimiques dues, entre autres, à la poussière et aux odeurs de soudure. Ceci est encore plus nocif pour les étudiants souffrant d’insuffisance respiratoire.» En plus de tous ces désagréments liés au projet de restauration du lycée Emir Abdelkader, classé au patrimoine mondial par l’Unesco, les étudiants grévistes soulèvent plusieurs autres doléances. Le premier point est relatif à l’absence de transport universitaire, engendrant des retards et une grande perturbation des cours. Ils contestent aussi la surcharge des emplois du temps, au point où ces «génies» de la société n’ont droit qu’au vendredi comme journée de repos. Durant la semaine, ils ont 45 heures de cours avec un intervalle de 15 minutes de pause. Parce que la petite demi-heure qui leur est accordée pour la pause déjeuner est loin d’être suffisante, ils réclament la réalisation d’une cantine. De plus, ils déplorent l’exiguïté des salles. «En l’absence d’un amphithéâtre, nous sommes tassés dans des salles qui ne peuvent contenir deux sections en même temps. Nos cours se déroulent dans des conditions antipédagogiques. Nous n’avons même pas le droit d’avoir des cours pratiques, alors que nous sommes normalement de futurs ingénieurs», s’emporte un autre étudiant. Des exigences et des promesses Dans une lettre adressée au directeur de l’école, les grévistes exigent le réaménagement des horaires des travaux du chantier et la réduction du temps de pause entre chaque deux cours, afin d’en bénéficier en fin de journée ou durant la pause déjeuner. Ils réclament aussi la concrétisation sans délai d’un foyer doté de suffisamment de tables, de chaises et de micro-ondes en attendant la réalisation d’une cantine. En plus de trouver une solution à la surcharge des classes, ils revendiquent le transport universitaire, à l’instar de toutes les autres universités. Dans une tentative de calmer les esprits et de mettre fin à ce mouvement de grève, le directeur de l’EPSTA, M. Hadji, demande aux étudiants de lui donner une semaine pour régler le problème du transport et leur promet l’aménagement d’une salle en un foyer avec un nombre suffisant de micro-ondes. Une tentative qui n’a pas réussi à dissuader les grévistes, qui disent ne plus se contenter de promesses. Ils interpellent le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Mebarki, afin d’agir rapidement et de trouver des solutions réelles et efficaces à leurs problèmes. Rappelons que ce mouvement de grève a été précédé d’un rassemblement semblable au Lycée national de mathématiques de Kouba. Les élèves venant des quatre coins du pays ont protesté contre les mauvaises conditions d’hébergement et de restauration. A voir la situation dans laquelle pataugent les étudiants de l’école préparatoire des sciences et techniques, le cauchemar de ces élèves est loin d’être fini.
Asma Bersali
Source: elwatan