Les élèves nigérians s’apprêtent à rentrer aujourd’hui à l’école après des vacances d’été prolongées pour cause d’Ebola, mais le syndicat majoritaire de professeurs continue à s’inquiéter des risques de propagation du virus dans les établissements.
Jusqu’à présent le virus Ebola a tué huit personnes au Nigeria sur 20 cas confirmés. Dans le but de contenir une potentielle épidémie, le ministre nigérian de l’Education avait annoncé en août dernier que la rentrée scolaire serait repoussée pour tous les établissements primaires et secondaires des secteurs privé et public, au 13 octobre 2014.
Estimant que le Nigeria avait fait «des progrès» dans la lutte contre la maladie et était «sur le point de venir à bout de l’épidémie», les autorités ont finalement annoncé une réouverture de toutes les écoles du pays le 22 septembre.
Une amélioration qui contraste avec la Sierra Leone où s’achevait dimanche son confinement, une opération hors norme contre l’épidémie qui a permis de découvrir de nouveaux morts.
En revanche, cela fait dix jours qu’aucun nouveau cas n’a été confirmé au Nigeria. Mais 350 personnes se trouvent toujours en observation à Port-Harcourt, dans le Sud pétrolifère, et à Lagos, la capitale économique.
Le virus, qui se transmet par contact direct avec des fluides biologiques de personnes infectées, et qui a déjà fait plus de 2630 morts en Afrique de l’Ouest cette année, continue à inquiéter les nigérians.
Le NUT (Nigerian Union of Teachers, Syndicat nigérian des enseignants) avait appelé en début de semaine à boycotter la réouverture des écoles, au motif que les instituteurs ne seraient pas suffisamment préparés à faire face à Ebola –une grève «pas nécessaire» selon le président nigérian Goodluck Jonathan.
«Les mesures de sécurité visant à contenir une propagation de l’Ebola n’ont pas été mises en place» a déclaré Michael Olukoya, le président du NUT, à l’AFP.
Disparités entre secteurs public et privé
A Lagos, où le premier cas d’Ebola importé au Nigeria est mort le 25 juillet, la prise de température et l’usage de solutions hydro-alcooliques ont été intégrés aux gestes du quotidien, notamment à l’aéroport international et dans de nombreux restaurants.
Des campagnes de sensiblisations sont diffusées à la télévision et à la radio et de grands panneaux publicitaires rappellent aux passants qu’il faut se laver les mains.
En théorie, le gouvernement fédéral a demandé à toutes les écoles de former leur personnel et de s’équiper de thermomètres et de solutions hydro-alcooliques ou de lavabos et de savon, et a menacé de sanctionner les établissements n’appliquant pas ces mesures.
Mais dans la pratique, on constate de grandes disparités entre les écoles publiques et privées en matière d’équipement et de formation.
A l’école catholique (privée) pour garçons St Gregory, du quartier d’Obalende à Lagos, Edmond Akpala, en charge de l’administration, se dit prêt pour la rentrée.
Tous les visiteurs devront se nettoyer les mains à l’aide de gel désinfectant, dont des distributeurs ont été installés à l’entrée, selon M. Akpala.
Au lycée public Somulu, le principal, Ayodeji Fatoki, se dit moins bien préparé et nettement plus inquiet: vendredi, à moins de trois jours de la rentrée, il a été informé de la mise à disposition de matériel par le gouvernement, mais dit n’en avoir toujours pas vu la couleur.
«On n’a même pas de désinfectant pour les mains… Toutes ces choses n’ont pas été installées», se plaint-il.
Dans les rues de la capitale économique, les élèves, en grandes vacances prolongées, sont partagés.
«On devrait peut-être repousser la rentrée à plus tard», estime Dorcas Sofadi, lycéen en pension.
«Les enfants vont être en retard» sur le programme» s’inquiète quant à lui Fatai Oduntan, récent bachelier.
Le Nigeria est le pays qui compte le plus d’enfants déscolarisés au monde –10,5 millions, selon l’Unicef.
«Avec les examens qui sont prévus en mars (…) si (les élèves) ne reprennent pas l’école ils vont avoir du mal», estime M. Akpala.
CHRIS STEIN
Agence France-Presse
Lagos