En mai, faites ce qu’il vous plait. Mais en juin, envoyez vos CV. Avant l’été, il y a un pic de recrutements, éventuellement en vue de postes qui seront à pourvoir en septembre.
C’est le moment. Celui d’activer ses contacts et de répondre à des offres. Car le mois de juin est une période faste pour la recherche d’emploi. Et pas seulement pour les jobs d’été. Tous les cadres sont concernés, les jeunes comme les expérimentés. C’est un pic que confirme Bruno Fadda, directeur associé du cabinet Robert Half : « De nombreuses entreprises nous sollicitent en juin pour une prise de poste dès la rentrée de septembre. Cela nous laisse deux mois pour sélectionner le bon candidat avant le décrochage du mois d’août. » Ses confrères et parfois rivaux confirment, comme Frédéric Schwenck, directeur d’unité au cabinet Hudson. « C’est effectivement le plus gros mois pour nous ».
En juin, novembre et décembre : ça recrute !
Le recrutement serait donc un marché cyclique comme un autre, avec ses périodes creuses et ses moments de frénésie ? « C’est vrai, continue Bruno Fadda, mais le mois de juin n’est pas le seul mois faste. On remarque également que les mois de novembre et décembre sont importants en terme de commandes, car ils correspondent à des prises de fonction en janvier ». Pour autant, tout le monde n’est pas concerné, du moins pas au même titre. En première ligne en cette période de fin de scolarité, les jeunes diplômés sont particulièrement sollicités en juin. Les forums consacrés à l’emploi se multiplient, à Paris comme en province. Mais ce calendrier, toujours d’actualité, n’est peut-être pas le meilleur. Il n’est surtout plus du tout au goût du jour, notamment pour les Grandes écoles de commerce du premier rang (HEC, ESP, Essec, etc) où les prises de contact avec les étudiants se font beaucoup plus tôt. Dès le mois de janvier et février, confirment la plupart des cabinets, qui implorent leurs entreprises clientes de ne pas attendre le printemps pour lancer leurs offres. « Surtout les PME, insiste Frédéric Schenck. Car au mois de juin, les grands groupes ont déjà recruté les meilleurs. » Et les jeunes diplômés des fonctions pénuriques comme l’informatique.
Cadres expérimentés : des opportunités
En fait, les vraies stars du recrutement de juin sont les cadres expérimentés et ce, toutes fonctions confondues. Hormis le bâtiment, il y en a pour tous les goûts. RH, finances, marketing ou ingénierie, c’est le moment. Les emplois se libèrent parce que les cadres qui les occupent deviennent mobiles, changent d’entreprise, et parfois d’habitation. Un indice supplémentaire ? Selon la FFD (fédération française des déménageurs), les deux mois d’été représentent 40% du chiffre d’affaires annuel de la profession. Et, hormis les fonctionnaires mutés, et les salariés du privé qui changent de poste dans la même entreprise, les cadres mobiles sont les clients principaux de ces entreprises de déménagement.
Mais cette saisonnalité de l’emploi n’est-elle pas bousculée par la crise actuelle ? Pour Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec, l’impact des années difficiles que nous traversons n’est pas anodin sur le fameux mois de juin. Pour lui, les règles ont tendance à exploser. « Les entreprises misent de moins en moins sur des schémas de budget de recrutement annuel. Elles s’adaptent à la conjoncture. » Une navigation à vue, tenant compte des marchés décrochés, ou perdus. Au printemps et tout au long de l’année. Donc si en juin, la recherche se fait à plein. Le reste du temps, il ne faut pas rester les bras ballants.
Michel Holtz © Cadremploi.fr