CAMEROUN – Avec l’approche des vacances, la plupart des élèves vont abandonner les bancs pour se livrer à diverses activités de vacances.
Pour les élèves, qui dit vacances dit au revoir aux livres. Bien sur les élèves des classes intermédiaires telles que la 6ème, 5ème, 4ème et la 2nde se permettent certaines libertés vu qu’ils n’ont pas d’examen. Ils quittent les salles de classe pour se rendre chez les vendeurs de livre au poteau. Les vendeurs de livre au poteau sont au Cameroun, ces vendeurs qui achètent des livres déjà utilisés pour les revendre à des parents qui en auront besoin mais n’ont pas assez de moyens pour acheter des livres neufs.
Une fois que les élèves sont en vacances, la plupart d’entre eux se rendent chez ces vendeurs pour vendre leurs livres. Ils vendent les livres de diverses matières telles que le français, l’anglais, les mathématiques, etc. ils choisissent ceux qui coûtent chers pour avoir beaucoup d’argent, soit pour faire des sorties, soit pour changer de lecture.
Pour Edgard que nous rencontrons à l’Avenue commerciale de Bamenda, il dit « je change mes livres chaque vacance chez le même vendeur. Je change mes livres de cours pour des lectures plus distrayantes telles que les romans, les bandes dessinées ou des mots fléchés. Bref je choisis autre chose que des livres de cours car je veux me distraire en lisant».
Ceux qui comme Edgard viennent pour varier leur lecture, repartent avec des arlequins, des romans de fiction, des collections de nouvelles, des romans-photos, etc. Si pour les élèves de ces classes il est facile de vendre tout ou la plupart de leurs livres, il y en a pour qui ce n’est pas aisé.
Les élèves des classes d’examen sont plus prudents. Souvent, ils attendent la proclamation des résultats pour vendre ou changer leurs livres, ou alors ils changent des livres qui ne sont pas d’une grande importance pour eux. Les élèves des classes de séries littéraires par exemple, vendraient rarement leurs livres de français, de philosophie, d’anglais. Les élèves des classes scientifiques quant à eux vont privilégier les livres de science, de mathématiques, de physique-chimie. Pour les deux séries, les élèves changeraient volontiers des livres d’exercices divers, des livres d’histoire, de géographie ou d’éducation civique.
La majeure partie du temps, ils le font sans l’accord de leurs parents. S’ils ne disent pas l’avoir perdu, ils disent l’avoir passé à un ami. Si le marché du livre au poteau permet de soulager de nombreux parents qui n’ont pas assez d’argent pour préparer la rentrée de leur progéniture, il est aussi vrai que ces vendeurs ne sont pas toujours innocents.
Très souvent, ils sous évaluent les livres pour les acheter moins cher, mais ils les revendent parfois deux à trois fois le prix d’achat. Et il n’est pas rare de voir des parents mécontents faire recourt à la police pour récupérer des livres.
Même si les livres sont souvent en mauvais état ou ne contiennent pas toutes les pages de l’ouvrage, le livre du poteau est une mine d’or pour certains car ils y retrouvent quelques fois des livres qui ne paraissent plus mais ont des informations d’actualité, on peut y retrouver aussi des anciens livres qui reviennent au programme. Il n’est pas rare de voir aussi des vendeurs du livre au poteau avoir de problèmes avec des auteurs. Pour les auteurs « ce sont des personnes qui tuent le livre car ils sont très souvent infiltrés dans des réseaux de faux ouvrages ou alors des photocopies des ouvrages sans l’autorisation de leurs auteurs ».
Le seul hic est qu’une fois que les programmes scolaires changent, il faut attendre un an pour pouvoir retrouver des nouveaux livres insérés au programme. Pendant cette période de vacances ce sont ces vendeurs qui se frotteront les mains.
Salma Amadore pour ExcelAfrica
06/06/13