Entrer dans la fonction publique est l’un des plus grands rêves des jeunes Camerounais. Etre fonctionnaire pour eux c’est avoir un emploi sécurisé, c’est avoir une retraite assurée, c’est souvent ne pas aller au travail mais quand même avoir la paie à la fin du mois, c’est ne jamais être à l’heure au travail sans jamais être sanctionné, c’est être dans une entreprise dans laquelle on peut utiliser irrationnellement le téléphone, l’électricité, l’eau, les fournitures de bureau, bref le matériel car en fin de comptes c’est l’Etat qui paie. C’est demander aux visiteurs de payer pour avoir une information qui est sensée être gratuite. C’est exiger de l’argent pour faire signer des documents censés être gratuits car on va faire comment sans « gombo » pour vivre ?
L’entrée à la fonction publique étant devenue tellement convoitée, l’admission aux concours administratifs est maintenant un challenge énorme. Lesquels concours sont l’entrée à l’IRIC, ENAM, Ecole Normale Supérieure de Police, Facultés de médecine, Facultés de Génie Industriel, Ecole Polytechnique, Faculté de Genie Industriel, ENSET , IUT, EMIA, personnel des Ministères, ASTI, INJS, CENAJES, IDE, IAI, Trésor, Greffes, IFORD, ISSEA…
Au Cameroun, l’adage « on est quelqu’un derrière quelqu’un » reste toujours d’actualité.
Nombreux sont ceux qui sont admis avant même les examens et autres tests. Nous avons interrogé Bernard qui nous l’a confirmé en disant « Quand les concours ont été lancés l’année dernière, mon oncle m’a demandé de choisir celui qui m’intéressait le plus ; comme j’aime le pouvoir et le gombo j’ai choisi l’ENAM. Comme un candidat ordinaire, j’ai constitué mes dossiers et j’ai composé mais au fond de moi je savais que j’étais déjà admis, car après tout je suis originaire du pays organisateur. »
Bien que les affinités de tout genre aient tendance à étouffer le mérite, une autre catégorie d’étudiants continue cependant de croire que c’est le travail qui paie. Pour les plus doués même le concours est un jeu d’enfants. C’est le cas de Cédric élève ingénieur « Quand j’étais élève en classe de Terminale C, j’ai toujours eu de bonnes notes en mathématiques et en physique. Au courant de l’année, je révisais également les anciennes épreuves de concours. Le jour de la composition, j’ai écrasé les épreuves comme du piment. Voilà la petite histoire de mon succès. » Enfin une dernière catégorie se tourne vers les cours de soutien académique pour espérer augmenter leur chance de réussite ceci en renforçant leur capacité.
Nous avons fait un tour chez Catalyseur Academy, l’un des cours de soutien les plus en vue de la ville de Douala, qui existe depuis 7 ans avec pour mission de faciliter la réussite scolaire et des concours. Catalyseur Academy prépare les étudiants à tous les concours lancés au Cameroun grâce au savoir-faire des encadreurs qui sont soit des enseignants à l’université, les anciens lauréats aux concours, les doctorants… Les concours au plus fort pourcentage de réussite sont l’IRIC, IDE et l’ENAM avec 50% à l’écrit et 20% à l’oral. Le promoteur ISAAC nous a expliqué « D’après ma philosophie, l’échec est au manque de confiance et de préparation des étudiants. Beaucoup baissent le bras affirmant qu’il faut magouiller au préalable si l’on espère avoir une place. Après une ou deux années de réelle préparation, c’est automatique selon moi de réussir. Encore l’année dernière le concours de contrôleurs des prix, poids et mesure n’a pas eu d’admis du tout, comment pouvez-vous expliquer cela ? »
Oui au Cameroun avec les affinités on peut réussir, même avec le mérite on réussit aussi à entrer dans la fonction publique. Notons que bien que l’Etat soit le premier employeur du pays, être fonctionnaire ne créé en rien la valeur pour le pays. Ne serait-il pas plus stratégique pour le Gouvernement de promouvoir l’entreprenariat surtout primaire comme l’agriculture, l’élevage, l’artisanat pour espérer atteindre un jour le plein emploi des jeunes ?
A.W pour ExcelAfrica
07/03/2013