La journée du 20 février est connue comme la journée de célébration des langues maternelles. Le Cameroun est l’un des pays les plus multilinguistiques du monde. En effet, on dénombre au Cameroun plus de 260 langues locales. Ceci est un véritable frein pour l’adoption d’une langue nationale comme en République Démocratique du Congo avec le LINGALA.
Dans le passé, les langues maternelles étaient obligatoires dans les programmes scolaires. Nous avons eu le témoignage de Papa Jean bien que originaire de l’Ouest Bamiléké nous a affirmé : « Je suis né à Manjo dans le Moungo, aujourd’hui je parle et j’écris couramment le Douala au même titre que ma langue maternelle. Le Douala nous a été enseigné pendant tout notre cycle primaire. »
Plus le temps passe, moins les jeunes s’intéressent et parlent leur langue maternelle. A tort certaines personnes pensent que parler leur langue maternelle est une honte. Didier, un jeune camerounais : « Je suis très ennuyé de parler ma langue en public car tout le monde saura que je suis Dschang. » C’est sans doute pour lutter contre ce fléau que le gouvernement réfléchit sur la réintroduction des langues maternelles au même titre que l’anglais, le français, l’espagnol et l’allemand dans les programmes scolaires.
Bien que la loi ne soit pas encore entrée en vigueur, quelques établissements secondaires dans le pays ont jugé nécessaire de l’appliquer. Nous avons identifié dans la ville de Douala le Lycée Joss, le Collège Dominique Savio et le Collège Libermann. Au Collège Libermann depuis 1972, on enseigne aux élèves de classes de 6e et de 5e soit le BASSA, le DOUALA et le GHôMALAH. Les cours sont essentiellement dédiés à l’initiation pour apprendre à prononcer et à écrire. Le libre choix est laissé à chaque élève quant à la langue à étudier. Le constat que nous avons fait est que chaque élève a tendance à choisir la langue en fonction de son ethnie d’origine. Nous nous sommes rapprochés de Nathan un élève en classe de 4e qui nous a expliqué « Quand j’étais en classe de 6e, j’ai choisi le Douala. Le choix a été influencé par ma mère car nous sommes de l’ethnie Douala. » Egalement, Josiane élève en classe de 5e nous a dit « Moi j’ai choisi le GHôMALAH puisque je suis Bamiléké. C’est une belle expérience d’apprendre la langue Bamiléké mais c’est un peu compliqué puisque le GHôMALAH est un mélange de presque toutes les langues de l’Ouest Bamiléké. Je ne peux pas parler couramment mais au moins je comprends. »
C’est une très belle initiative du gouvernement de préparer un projet de loi sur l’introduction systématique des langues maternelles dans les programmes scolaires. Tout ceci demeure cependant très problématique dans la mesure où le « Pingin » reste la langue dénominateur commun de la grande majorité des Camerounais.
A.W. pour ExcelAfrica
28-02-2013