Des études ont permis au Ministère de l’Education Nationale de Côte d’Ivoire de présenter la faim comme l’une des raisons fondamentales des nombreux abandons en milieu scolaire. Le repas de la mi-journée étant inexistant pour de nombreux petits garçons et de nombreuses petites filles, suivre les cours devient un calvaire.
Cette réalité est encore plus palpable en milieu rural où les ressources font défaut pour de nombreuses familles. Les enfants doivent parcourir plusieurs kilomètres pour retrouver leurs parents dans les champs dans l’espoir d’avoir un tubercule à grignoter.
C’est pour lutter contre cette faim, facteur d’abandon et d’échec scolaire, que le Gouvernement Ivoirien à mis sur pied la Direction Nationale des Cantines Scolaire (DNCS). Sous l’autorité du Ministre de l’Education Nationale et par arrêté n°008 du 26 juillet 2000, le Service des Cantines Scolaires ou Direction Nationale des Cantines Scolaires (DNCS) est chargé de la mise en œuvre et du suivi du programme d’installation et d’extension des cantines scolaires. La DNCS réussit bien sa mission car de près 3400 cantines autour de l’année 2003-2004, la Côte d’Ivoire compte aujourd’hui plus de 6000 cantines qui nourrissent au bas mot plus de 800.000 rationnaires/an ! Le volume de vivre acheté directement sur le marché ou obtenu grâce aux Coopératives Agricoles Actives pour le compte des cantines oscille autour des 11.000 tonnes/an. Ce chiffre ne prend pas en compte les cantines des établissements privés. Celles-ci sont directement gérées par les Directions des Ecoles où elles sont installées.
De façon concrète, les cantines offrent aux enfants sur leur espace d’étude la possibilité de se restaurer à moindre coût. Le prix d’un plat de riz, de ragoût ou de pâtes oscille entre 25 et 100 f CFA selon l’école. Les tickets de restauration sont vendus par les enseignants lors de la récréation puis à midi chacun sous le hangar peut manger un repas consistant et un fruit. Le menu des cantines scolaires est adapté à la zone géographique et aux habitudes alimentaires. Néanmoins, le Ministère veille à ce qu’une alimentation saine et de qualité soit servie aux élèves. L’idée du Gouvernement est de rendre le déjeuné gratuit pour tous les enfants car la pauvreté ne permet pas à certains parents d’amortir les frais de la cantine. Ce projet de prise en charge à 100% suppose la recherche de nouveaux financements.
Force est de constater que depuis le renforcement des capacités de la DNCS par les partenaires techniques comme l’UNICEF, le PAM, l’USAID ou la FAO, les résultats sur le terrain sont plus qu’encourageants. Les cantines attirent les enfants vers l’école réduisant le taux d’abandon et la nourriture servie permet aux familles de faire des économies. Grâce aux cantines le taux de scolarisation dans plusieurs régions du pays à grimpé de 40% en l’espace de deux ans ! Plus encore, une fois la faim éradiquée dans les écoles, ce sont les résultats qui parlent d’eux-mêmes au niveau des examens de fin d’année. Selon les statistiques, les écoles pourvues d’une cantine scolaire réalisent un taux de réussite supérieur à 68% au CEPE (Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires). Celles qui n’ont pas de cantines ont un résultat qui tourne autour des 59%.
Selon une étude réalisée par le PNUD en Côte d’Ivoire, l’implantation d’une cantine dans une école a pour effet, dans les deux ans qui suivent, une évolution du taux de scolarisation de l’ordre de 15%, une réduction de moitié des taux d’abandon et de redoublement et un accroissement des taux de réussite de 15% ! L’impact des cantines scolaires sur la fréquentation des écoles est une réalité et pour Mme KONE Karidja Soukoulé, la Directrice Nationale des cantines scolaires « c’est là un moyen par lequel les autorités ivoiriennes peuvent booster le taux de scolarisation dans le pays ». Il s’agit d’un objectif à atteindre dans l’immédiat puisse que la dizaine d’années de crise que le pays a vécu a entraîné la baisse de la scolarisation des enfants notamment dans le Nord-Ivoirien.
SUY Kahofi pour ExcelAfrica.com
15/01/13