Les indicateurs de l’emploi sont revus à la baisse dans les pays du Maghreb chamboulés par les révolutions arabes. Alors que la croissance marque le pas, les manageurs tirent néanmoins leur épingle du jeu.
L’optimisme et les pronostics du début de 2011 ont laissé la place à un bilan nettement plus mitigé sur le front de l’emploi en Afrique, tout particulièrement en Afrique du Nord. La croissance économique du continent a ralenti l’an dernier, s’établissant à 2,7 % (contre près de 5 % en 2010). Un taux inférieur à celui observé avant la crise mondiale de la période 2007-2009. Les origines de cette baisse de régime ? Avant tout, les révolutions arabes et la crise économique et financière. « Le plus inquiétant, c’est la possibilité, en raison des perturbations économiques et des inquiétudes persistantes concernant la sécurité, que les investisseurs restent encore longtemps méfiants », souligne le rapport annuel de l’Organisation internationale du travail (OIT).
De fait, l’heure est à l’attentisme, les incertitudes politiques et économiques ayant entraîné un manque de visibilité chez les investisseurs, qui ont soit reporté leurs projets, soit retiré leurs capitaux, privant les économies nord-africaines de milliers d’emplois. Un phénomène qui a été amplifié par l’intervention des agences de notation, qui ont immédiatement abaissé la note de la Tunisie, de l’Égypte et de la Libye, rendant plus coûteux l’accès au financement des projets et des entreprises. Autre indicateur dans le rouge : celui du taux de chômage, dont la hausse a affecté tous les pays du Printemps arabe. Entre 2010 et 2011, il est ainsi passé de 13 % à 16,3 % en Tunisie, de 9 % à 12,2 % en Égypte, de 21 % à plus de 30 % en Libye. Premiers touchés : les femmes et les jeunes.
L’impact économique des crises politiques n’empêche pas les cabinets de recrutement de se montrer confiants. « Les révolutions arabes ont tassé la croissance des pays d’Afrique du Nord, mais sur le long terme il est évident qu’elles seront bénéfiques et que de nouvelles opportunités vont se créer », pronostique Julien Verspieren, cofondateur de Fed Africa. Même son de cloche chez Robert Walters : « Le marché de l’emploi des cadres reste très dynamique au Maroc et en Tunisie, ce dernier pays ayant bien su rebondir, affirme Fabiano Minciotti, directeur associé chargé de la division Afrique. La situation est plus compliquée en Libye et en Égypte, où l’heure est à l’attentisme et aux interrogations. »
Le secteur tertiaire pèse “40 % des emplois en Afrique”
Retour à l’équilibre en Côte d’Ivoire
Quelque 120 000 emplois ont été détruits en cinq mois de crise postélectorale ivoirienne. Mais un an plus tard, les cabinets de recrutement sont formels : la situation de l’emploi est revenue à l’équilibre. « Après s’être arrêtée pendant quelques mois, l’économie ivoirienne connaît un rebond très fort en ce moment : on sent qu’il y a un besoin de compétences, de cadres de haut niveau. Avec la stabilisation politique, les investisseurs reviennent », indique Fabiano Minciotti, directeur associé de Robert Walters chargé de la division Afrique. Ce que confirme Joël-Éric Missainhoun, directeur d’AfricSearch Côte d’Ivoire. « Dès juin-juillet 2011, on a recommencé à embaucher, notamment dans les secteurs financier et agroalimentaire, qui redémarrent sur les chapeaux de roues. » F.R.