Dans les universités de Ouagadougou, l’année académique 2010-2011 n’est pas encore bouclée. En ce mois de février 2012, les étudiants sont dans les compositions des sessions. C’est dire que les nouveaux bacheliers de l’année 2011 ne sont pas encore une priorité. Autrement, eux qui étaient sans doute pressés comme tout nouveau bachelier qui doit aller à l’université doivent encore et toujours attendre. Jusqu’à quand ? Nul ne sait exactement quand prendront fin les évaluations pour qu’enfin la rentrée des amphis se fasse. C’est dans une telle pagaille que des étudiants vont en grève, et pire menacent de ne pas reprendre des cours tant que tel et tel autre point de leurs plates-formes revendicatives ne sont pas satisfaits.
C’est à la limite s’ils savent réellement le danger qui les guette. Car en effet, ce programme sans tête ni queue dans nos universités n’est véritablement préjudiciable qu’aux seuls étudiants. Qui non seulement ne savent plus quand commence une année académique et quand elle finit. Par ailleurs, il est indéniable que le niveau de la formation ne peut être le même si on était en temps normal. C’est pourquoi, il paraît de plus en plus urgent de repenser sérieusement la vie et la formation dans nos universités publiques. L’Etat, quoi qu’on dise doit assurer conformément à son rôle régalien la formation de l’élite. En mettant en place le cadre.
Mais il est de plus en plus perceptible qu’à lui seul, il ne peut assurer véritablement une formation de qualité. D’où la naissance d’universités et d’écoles ou de centres de formations spécialisées ou non qui contribuent à assurer la formation de l’élite. Malheureusement, l’accès à ces centres, universités et écoles de formation est encore réservé à une catégorie de Burkinabè qui ont les moyens.
De ce point de vue, il convient sinon qu’il urge de repenser sérieusement la formation dans les universités publiques. D’abord pour mettre tout le monde d’accord sur le contenu des formations et les conditions de formation. Qui doit payer quoi ? Qui doit faire quoi ? La formation est-elle exclusivement du ressort de l’Etat à qui il revient de former gratuitement l’élite ? Ou doit-il former en fonction de ses besoins ? Parce que, à voir très souvent les conditions d’étude et de formation, on croit tout simplement que c’est à du cinéma qu’on joue. Des étudiants qui suivent les cours à travers des fenêtres, des enseignants qui ne prennent pas du tout la peine de donner des cours comme il le faut. Des encadreurs qui viennent à l’Université juste pour justifier leur salaire.
Quand on ajoute à tout cela les incessantes grèves, pour un oui ou pour un non des étudiants et même souvent des enseignants et du personnel, il y a une question importante qu’il faut résoudre. Avec la participation de tous les acteurs. Y compris les parents des étudiants et les organisations d’étudiants. Les plus radicales comme les moins affichées.
Car tout compte fait, les temps ne sont plus les mêmes quand les étudiants, dès qu’ils finissaient leurs études étaient tout de suite attendus au pays où ils intégraient automatiquement la Fonction publique. Les tendances ont changé depuis et une formation au rabais dans nos universités publiques ne profite pas du tout aux étudiants qui en sortiront.
C’est pourquoi, il faut oser poser le débat de nos universités publiques qui risquent de former de plus en plus des contestataires que des élites engagées pour le développement de leur pays.
Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso