Lauriers. Tivoli et Grand-Lebrun tiennent le haut du pavé en matière de scolarité.
Certains parlent avec envie, d'autres avec dédain de ces "établissements cathos de reproduction de la bourgeoisie locale". Quoi qu'on en dise, Sainte-Marie-Grand-Lebrun (SMGL) et Saint-Joseph-de-Tivoli, deux établissements privés sous contrat, situés tous les deux à Caudéran, avec le Parc bordelais comme frontière, font partie des écoles bordelaises où l'excellence est le credo. Il suffit de regarder leurs résultats au bac : un taux de réussite de 99,5 % pour l'école marianiste, dont 73 % avec mention, et de 98,3 % pour celui des jésuites, avec 49 % de mentions. Derrière cela, un taux d'encadrement supérieur à la moyenne, une politique d'orientation de qualité et un projet pédagogique qui séduit. A quoi s'ajoute un enseignement des valeurs et de l'histoire catholique."Nous ne sommes pas une boîte à bac, veut convaincre Dominique Gérard, directeur de Tivoli, qui compte 2 140 élèves, de la maternelle au master.L'élève n'est pas assis sur une chaise magique, mais il dispose d'un accompagnement tel que nous avons peu d'échecs."
Conséquence : les demandes affluent, davantage encore depuis la suppression de la carte scolaire. Au début de l'année scolaire, Tivoli a refusé plus de 150 demandes pour les entrées au collège et au lycée. A Grand-Lebrun,"nous avons toujours eu beaucoup de demandes, explique Catherine Deremble, la chef d'établissement.Les gens veulent venir non pas parce que les établissements publics sont médiocres – il existe des écoles de grande qualité, comme Montaigne et Camille-Jullian -, mais pour les valeurs, l'esprit, les résultats et l'héritage Grand-Lebrun". De vraies dynasties de médecins, d'avocats et de notaires sont passées par SMGL. Avec un enseignement religieux plus marqué – catéchisme obligatoire jusqu'en première, jusqu'à la cinquième seulement à Tivoli.
"Fils de". Alain Juppé, de retour du Québec, a inscrit sa plus jeune fille, Clara, à Tivoli, restée jusqu'à la troisième et son départ pour Paris. Laurent Blanc, le temps de sa carrière d'entraîneur aux Girondins, y a également envoyé ses deux enfants. A Grand-Lebrun, les frères Planus ont fait leur scolarité, comme l'actuel directeur du Centre information jeunesse Aquitaine (Cija) ou le professeur d'hématologie de renommée internationale Christian Doutremepuich. Le plus célèbre reste François Mauriac : le prix Nobel de littérature s'est même servi de ses souvenirs de collégien pour alimenter certains de ses romans, notamment "Préséances".
"Quand on est issu d'un certain milieu, il est naturel d'aller dans ces écoles. Cela ne se discute pas, avoue une mère de famille.Même les cadres et chefs d'entreprise de passage y envoient leurs enfants." Catherine Deremble, avec 2 450 élèves répartis entre le primaire et les classes préparatoires, défend "une forme d'excellence, mais pas d'élitisme : il n'y a pas de sélection délibérée, mais, en amont de la demande d'inscription, une sélection que font les parents". Sélection géographique et/ou de moyens financiers si ce n'est en fonction des résultats scolaires de leurs enfants. A Tivoli, les règles sont posées : "Nous inscrivons dans l'ordre d'arrivée, mais en prenant en compte deux autres critères : ceux qui ont déjà des enfants ici et le niveau des postulants."
Sans le décider, les deux établissements, dont les élèves sont "issus des milieux les plus soignés", permettent à ces enfants, dès leur plus jeune âge, de découvrir leurs réseaux à venir."Tous les gosses des milieux décisionnels de la ville se retrouvent côte à côte dans les cours de récréation, explique une mère.Des sorties sont organisées, comme les rallyes ou des week-ends à Cap-Ferret. Cela crée des liens que l'on maintiendra plus tard."
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