"Le Monde" organise les 19 et 20 novembre à Paris son Salon des Grandes Ecoles. L'occasion de revenir d'ici là sur les grandes écoles et leur fonctionnement. Et notamment la voie royale pour y accéder que restent les classes préparatoires.
Deux ans, parfois trois, pour tenter les concours d’entrée dans les grandes écoles, c’est leur schéma général. En tout près de 410 lycées possèdent une ou plusieurs des quelques 2 150 classes prépas françaises qui reçoivent plus de 81 000 élèves : 60 % dans les prépas scientifiques, 26 % dans les commerciales et 14 % dans les littéraires.
1. Pourquoi aller en prépa ?
Il y a parfois de quoi s’interroger sur l’intérêt qu’il y a d’aller en prépa quand les écoles post-bac n’ont parfois plus rien à envier aux post-prépas ou quand ces dernières sont de plus en plus ouvertes aux titulaires d’une licence, d’un BTS ou encore d’un DUT par le biais des admissions parallèles. Autant de manière de contourner des prépas, qui n’en restent pas moins de formidables incubateurs de talents.
Car passer par une prépa, c’est se donner l'accès à une large palette d’écoles, quand les écoles post-bac obligent à faire un choix tout de suite. Sans parler de l’extraordinaire entraînement intellectuel que représente la prépa… à condition d’en sortir intact.
2. Il y a prépa et… prépas
Un candidat a peu de chances d’intégrer l’École polytechnique s'il ne sort pas de l’une des 40 meilleures prépas, parmi lesquelles se distinguent Sainte-Geneviève et Hoche, à Versailles, Henri-IV et Louis-Le-Grand, à Paris. Des lycées parisiens essentiellement, puisque 7 des 10 meilleures prépas MP (maths-physique) sont en Île-de-France et que seuls Les Lazaristes et Le Parc (Lyon) et Pierre-de-Fermat (Toulouse) se mêlent habituellement dans le match d'entrée à l’entrée à Polytechnique.
De la même façon, il est peu probable d'intégrer HEC ou à l’Essec si l'on ne sort pas de l’une des 37 meilleures prépas au sein desquelles Sainte-Geneviève, à Versailles, Ipesup et Louis-le-Grand, à Paris, mènent la danse. Ceuix qui visent le niveau en dessous, c’est-à-dire le « top 6 », qui inclut Audencia, l’Edhec, l’EM Lyon et ESCP Europe, ont déjà un éventail plus large, puisque seules 15 prépas éco voie scientifique sur 102 n’y ont intégré aucun élève en 2009.
3. La prépa est-elle faite pour vous ?
Dans une étude très intéressante publiée en 2009 sur le devenir des étudiants, l’académie de Dijon traçait de son côté le « portrait type » des élèves de prépas : « Les étudiants de CPGE sont beaucoup plus jeunes que les autres. Ils ont obtenu 4 fois plus souvent une mention "bien" ou "très bien" que les étudiants de l’enquête. Près des deux tiers sont titulaires du bac S. Un tiers d’entre eux quittent l’académie. »
Au niveau national, plus de 60 % des bacheliers qui entrent aujourd’hui en prépas ont eu un bac général avec au moins une mention « bien » et plus d’un quart a eu une mention « très bien ». Quasi hégémoniques dans les prépas scientifiques (95,2 %), les titulaires du bac S représentent la moitié des élèves en prépa commerciale et près d’un quart dans les littéraires. Plus de la moitié sont issus de milieux favorisés (54,2 %, contre 28 % pour l’ensemble des bacheliers) et les garçons sont majoritaires, avec 58 % des effectifs.
4. Comment postuler ?
Comme pour la grande majorité des formations, l’admission en prépas se fait sur le site www.admission-postbac.fr. N’hésitez pas à postuler une très bonne prépa. Le système admission-postbac vous donne plusieurs cartouches et il serait dommage de ne pas en griller une pour demander un très bon lycée dans lequel vous pourriez, pourquoi pas, être reçu.
Pour en savoir plus sur les prépas, vous pouvez consulter le site des associations de professeurs de classes préparatoires (www.prepas.org) et ses excellents forums.
5. Combien de temps faut-il travailler chaque semaine ?
En 1re année de prépa éco option scientifique sont dispensées 30 heures de cours (dont 9 heures de maths !) par semaine. En prépa lettres et lettres et sciences sociales, vous
n’en aurez que 27. S’y ajoutent devoirs surveillés, « colles » orales et concours blancs. En tout, c’est en moyenne plus de 60 heures de travail hebdomadaire qu’il faut fournir.
6. Que faire en cas d’échec ?
80 % des étudiants de 1re année de prépa poursuivent en 2e. Avec de fortes disparités selon les filières. Alors que 18 % des élèves des prépas commerciales ne poursuivent pas en 2e année, c’est le cas de 21 % des scientifiques et de… 45 % des littéraires !
Dans le cadre du LMD, la 1re année de prépa est prise en compte à hauteur de 60 crédits, qui peuvent être transférés dans d’autres cursus, mais sans automaticité. Cependant, même en ayant échoué ou abandonné, les élèves de prépas sont appréciés et poursuivent généralement leur cursus sans problème.
7.Comment s'organisent les différentes prépas ?
Les classes prépas scientifiques
Avec près de 49 000 élèves en maths sup (1re année) et maths spé (2e), dont 70 % de garçons, ce sont les plus importantes et les plus anciennes des prépas. Ce sont aussi celles dont les 2e années sont le plus souvent redoublées : jusqu’à 37 % de « cubes » (3e année) en physique-chimie.
Souvent appelés « taupins » – parce que, plongés dans leurs cours, ils voient rarement le jour ! –, les élèves de 1re année en mathématiques-physique et sciences de l’ingénieur (MPSI), physique- technologie et sciences de l’ingénieur (PTSI), physique-chimie sciences de l’ingénieur (PCSI)peuvent soit continuer dans la voie tracée – MPSI vers MP (mathématiques-physique), PCSI vers PC (physique-chimie), PTSI vers PT (physique et technologie) –, soit choisir PSI (physique et sciences de l’ingénieur). Les meilleurs choisiront des prépas dites « étoilées », type « MP* ». Elles mènent toutes à 13 concours différents, dont les plus prestigieux (Centrale-Supélec, Mines-Ponts, Polytechnique, etc.), accessibles par un site commun (www.scei-concours.fr)
Seules prépas scientifiques majoritairement composées de filles, les BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la terre), dites prépas « bio » ou « agro-véto », recrutent de leur côté des bacheliers S généralement issus de l’option sciences de la vie et de la terre. À la clé, les concours des écoles vétérinaires et des écoles d’agronomie, comme les Ensa.
Afin de permettre à d’autres profils que les bacheliers S de s’y inscrire, des prépas spécifiques, dites « technos », ont été créées pour les STI (prépas TSI, technologies et sciences industrielles), les STL (prépas TPC, technologie, physique et chimie et TB, technologie et biologie ainsi que des TSI pour les STL ayant choisi la spécialité physique de laboratoire et procédés industriels). Elles offrent de vrais débouchés, notamment la TSI, au point que le passage par un bac STI peut être une voie d’accès aux écoles d’ingénieurs judicieuse.
Enfin les titulaires d’un BTS, d’un DUT ou encore d’un BTSA (BTS agricole) se voient proposer des prépas dites ATS (adaptation technicien supérieur) en 1 an avant de tenter des concours adaptés.
Les classes prépas économiques
8 900 élèves inscrits en 2e année de prépa économique se disputent chaque année de l'orde de 8 000 places au sein des 37 écoles accessibles via le Système d’intégration aux grandes écoles de management (Sigem) des concours BCE (HEC, Essec, Edhec, etc.) et Ecricome (Euromed, ICN, etc.). S’ils ne sont pas les seuls à s’inscrire (9 631 candidats en tout, en 2010), ils trouvent largement une orientation qui leur convient et ne sont que 9 % à préférer redoubler leur 2e année.
Il existe en tout 3 prépas économiques, que se partagent quasi équitablement bacheliers S (47 % des effectifs) et ES (42 %), les STG (9 %) venant compléter les effectifs :
menant aux toutes meilleures écoles, l’option « scientifique » est réservée aux bacheliers S et aux ES excellents en maths ;
les bacheliers ES auront plus de chances de réussite dans l’option « économique », également ouverte aux L spécialité mathématiques, qui mène à toutes les écoles ;
les STG passeront, eux, par l’option « technologique » qui, si elle permet très rarement d’intégrer HEC ou l’EM Lyon, donne plus largement accès à des écoles de milieu de classement.
Les classes prépas littéraires
Surnommées au début du XXe siècle « hypokhâgne » (« hypo » pour « avant ») et « khâgne » en référence au supposé caractère cagneux (genoux tournés vers l’intérieur) des élèves préparant l’École normale supérieure (ENS) de Paris, les deux années de classes prépas littéraires sont terriblement difficiles : près de la moitié des élèves abandonne avant la fin de la 1re année, un quart redouble la 2e.
Il faut dire qu’au bout de l’effort il n’y a que 250 places dans les Écoles normales supérieures pour… 5 000 candidats en prépa. Mais une réforme élargit cette année les débouchés de la banque d’épreuves littéraires (BEL) des ENS de Paris et Lyon aux 31 grandes écoles de commerce des concours Ecricome et BCE (dont HEC, l’Essec ou l’Edhec) ainsi qu’à 6 IEP, à l’Isit, l’Esit, l’Ismapp, l’École des Chartes et le Celsa.
Deux grandes prépas représentent la très grande majorité des 11 500 élèves des classes littéraires :
les prépas A/L, les plus littéraires des prépas, mènent soit au concours d’entrée à l’ENS de Paris (lettres classiques), soit à celle de Lyon (lettres modernes) ;
les prépas B/L lettres et sciences sociales, ouvertes aux littéraires pas complètement réfractaires aux maths, préparent aux ENS de Paris, Lyon et Cachan. Leurs élèves sont également très appréciés dans les écoles de commerce.
S’y ajoutent trois « petites » prépas que sont les prépas Chartes (École nationale des Chartes, moins de 200 élèves), les prépas Saint-Cyr lettres permettent de postuler à l’École militaire de Saint-Cyr (moins de 150 élèves) et les prépas artistiques mènent à l’ENS de Cachan.
Les autres prépas
Les classes préparatoires aux études supérieures (CPES) recrutent des bacheliers généraux, généralement boursiers et issus de quartiers sensibles, pour les préparer en 1 an à intégrer des prépas. Il en existe aujourd’hui une dizaine en France, dont une à Henri-IV, à Paris.
Enfin, les prépas se multiplient aujourd’hui dans les universités, que ce soit en région parisienne (Jussieu et Orsay), à Toulouse ou à Nancy. S’il n’existe pas de programme national, elles s’organisent généralement dans le cadre d’une licence scientifique au sein de laquelle les élèves suivent des compléments de formation.
8. De quand datent les prépas ?
La création des premières classes prépas telles que nous les connaissons aujourd'hui remonte à Napoléon et la mention, toujours en vigueur, de « mathématiques spéciales » à 1809. En 1960 elles ne comptent que 10 000 élèves comme en… 1890 ! C’est alors que commencent vraiment à se développer les classes préparatoires littéraires et surtout économiques et commerciales. Tout l’historique sur ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/sup/cpge/historique.pdf
http://orientation.blog.lemonde.fr/
08/11/2011