Le journaliste Miki Misrati, à la façon d'un film de Michael Moore, a enquêté au Mali et en Côte d'Ivoire afin de dénoncer le travail des enfants dans les plantations de cacao. Une démarche à haut risque tant les enjeux de l'industrie du chocolat sont importants : la production de cacao s'élève à 1,5 million de tonnes par an, soit 15 milliards de tablettes, sachant qu'un Français consomme en moyenne 7 kg de chocolat par an.
Dans son documentaire La face cachée du chocolat, diffusé sur Arte, Miki Misrati rappelle qu'en 2004 le journaliste Guy-André Kieffer, qui collectait des informations sur le commerce du cacao, a été enlevé en Côte d'Ivoire et n'a jamais été retrouvé. L'enquête de Miki Misrati est édifiante. Il a interviewé le patron de SAF Cacao, premier exportateur de cacao en Europe et aux États-Unis. Ce dernier est catégorique, « il n'y a pas un seul enfant esclave dans les plantations ». Même son de cloche de la part du ministre du Travail de Côte d'Ivoire.
Pourtant, grâce à des contacts et en caméra cachée, Miki Misrati montre des témoins directs qui expliquent comment des enfants, entre 11 et 14 ans, essentiellement originaires du Mali, sont enlevés à la gare routière de Bamako et emmenés dans des plantations de Côte d'Ivoire. Il les a filmés, leur a parlé.Un enfant est acheté 230 euros et n'est pas rémunéré pour son travail. L'un d'eux témoigne : « Si on est trop lent, on est battu. » Le bureau d'Interpol à Abidjan a réussi à intercepter 65 enfants et à interpeller 8 trafiquants. Pourtant, constat terrible, aucune firme de l'industrie du chocolat n'a accepté d'être confrontée aux preuves du journaliste.
http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/documentaire/64955/arte-les-jeunes-esclaves-du-cacao.html
06/10/2011