Le groupe bancaire BGFI se refuse d’embaucher une bonne partie des étudiants de la deuxième promotion de l’école qu’il a lancée en 2008, la BGFI Business School. Une disposition post-contrat est brandie à cet effet par le groupe. Une situation qui jette le doute sur l’avenir de la première école supérieur de formation aux métiers bancaires de la CEMAC.
Créé en 2008 par BGFIBank, premier groupe bancaire d’Afrique Centrale, l’école dénommée BGFI Business School (BBS) fait déjà des malheureux et risque un procès avec des étudiants issus de sa deuxième promotion. Des membres de la prestigieuse banque sont passés à la télévision gabonaise et, soulignant que l’institution financière n’embauche que les meilleurs d’entre eux, ont jeté à la risée populaire 24 étudiants de cette promotion qui a reçu, le 3 décembre 2010, ses diplômes des mains du ministre de l’Education nationale et de l’Administrateur et Directeur général du groupe BGFIBank, Henri-Claude Oyima.
Condition post-contractuelle
Les étudiants ainsi tournés en dérision ont pourtant de quoi se plaindre et sans doute de bonnes raisons de s’attacher les services d’un avocat pour attaquer la première école supérieur de formation aux métiers bancaires dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Motif : «rupture abusive de contrat par le groupe BGFIBank et BBS».
Dans les faits, l’entrée à la BBS entraine la signature d’un contrat de travail stipulant que les étudiants s’engagent à travailler avec le groupe BGFIBank durant quatre ans, au terme de leur formation et de l’obtention de leur diplôme. A leur grande surprise et alors qu’ils ont obtenu la moyenne requise qui est de 10 pour l’obtention dudit diplôme, 24 étudiants parmi les 36 de cette promotion, se sont vus signifier, le 10 janvier dernier, que le groupe bancaire ne saurait les intégrer dans ses effectifs.
«On nous a annoncé que nous ne pourrions pas tous intégrer le groupe. Nous avons découvert par courrier une condition post-contractuelle qui stipule qu’il faut maintenant avoir une moyenne supérieure ou égale à 13 pour être retenu par le groupe. Ce qui ne nous a jamais été signifié auparavant. Le contrat que nous avons signé ne fait nullement référence à une moyenne précise, il n’y est question que de l’obtention du diplôme.»
12 de moyenne
Les étudiants marginalisés sont d’autant plus étonnés que les 36 étudiants de la première promotion (2008-2009) avaient des moyennes relativement moins élevées que les leurs. «Leur moyenne générale était de 10 alors que la notre est de 12. Cette première promotion a intégré, en totalité, le groupe bancaire, sauf ceux qui ont désisté», assure l’un des étudiants bannis par la BGFI Bank.
En réaction, les diplômés non-embauchés ont adressé une correspondance à l’ADG du groupe BGFI, le 13 janvier 2011. Elle est restée sans suite à ce jour. «Respectant les dispositions de notre contrat selon lesquels il nous faut recourir à un arrangement à l’amiable, nous avons pris attache avec un conseil juridique, le cabinet de Me Rékangalt, qui a adressé une correspondance pour arrangement à l’amiable.»
En réponse de quoi, le groupe demande à ces étudiants de postuler comme tous ceux qui viennent normalement chercher du travail. Et alors qu’ils ont vu la banque embaucher entre temps du personnel, leurs cas n’ont jamais été traités.
Désarroi, aventure gabonaise et avenir de la BBS
Comment donc comprendre qu’une entreprise qui forme des jeunes gens après une sélection draconienne, leur paye durant 14 mois une bourse pré-salaire de l’ordre de 250 000 francs CFA pour les étudiants en Master et de 200 000 francs pour ceux de Licence, en vienne à créer ainsi le désarroi en brisant les rêves qu’elle a suscité. «Il y a des personnes qui ont démissionné de leur emploi pour être admis dans cette école et il y en a qui ont perdu certains avantages pour y apprendre et qui espéraient retrouver des avantages similaires après une formation qu’ils sont réussi selon les termes du contrat.»
«Nous avons suivi une formation avec promesse d’emploi à la clé. Nous avons laissé passer des opportunités. Nombreux d’entre nous avaient déjà un Master ou une Licence, mais c’est l’opportunité d’emploi et l’optique de rejoindre un groupe gabonais prestigieux qui a fait en sorte que nous nous impliquions dans cette aventure gabonaise.»
L’envie de travailler au sein de ce groupe s’est effritée pour ces étudiants qui ont entrepris une action en justice par l’entremise de l’étude de Me Rékangalt. Ayant tous travaillé à la BGFI Bank en tant que stagiaires, ils n’escomptent donc plus que les avantages de la rupture du contrat par par le groupe BGFI et le payement de quelques droits sociaux. Si, au terme de deux promotions, la formation donnée par la BBS ne débouche plus sur l’emploi promis, on peut être sûr que l’école a déjà amorcé sa descente vers la faillite. Le temps tranchera.
Source: Gaboneco
20/09/2011