Sécurité-Conflits – L'éducation à la paix seule ne suffira pas à prévenir ou à résoudre les conflits ou les autres formes de violence en Afrique, à moins d'être associée à une détermination ferme au niveau politique de s'attaquer aux causes principales de ces violences qui sont essentiellement économiques, selon les conclusions de la table-ronde sur 'L'éducation, la paix et le développement' qui vient de prendre fin à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Ces dix dernières années, l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) a été en première ligne de la promotion du dialogue entre les experts de l'éducation, les parties concernées et les décideurs en Afrique pour l'intégration de 'l'éducation à la paix' dans les programmes scolaires, avec l'objectif de davantage sensibiliser les apprenants sur les causes des conflits et les doter des compétences nécessaires pour promouvoir la paix et prévenir la violence.
L'objectif final étant de cultiver chez les apprenants, dès les tout premiers niveaux scolaires, une mentalité de tolérance universelle basée sur l'acceptation et la reconnaissance des différences intra et inter-sociétales, puisque ces dernières sont considérées comme une source de conflits entre les peuples et les nations.
Cependant, certains participants de la table-ronde de Kinshasa ont fait remarquer que si l'éducation à la paix semblait un bon point de départ, il était impératif de résoudre les problèmes économiques qui, selon eux, constituaient la principale origine des cycles de violence ou des guerres civiles à travers le continent.
Ils ont soutenu que la plupart des conflits, des guerres civiles ou des autres formes de violence sur le continent n'avaient pas toujours leurs origines dans des animosités ethniques ou tribales mais découlaient de la misère et de la mauvaise gouvernance qui entraînaient une concentration des richesses entre les mains d'élites minoritaires.Ce qui divise les sociétés africaines en deux groupes, les plus pauvres et marginalisés d'une part et les plus riches de l'autre, qui sont finalement convaincus ou en donnent l'impression qu'ils sont de meilleurs citoyens que les autres, poussant les plus défavorisés à réclamer les droits, selon les participants.
L'école de pensée, qui est favorable à cette perception, estime que les problèmes économiques sont d'une telle ampleur qu'ils incluent les intérêts étrangers qui jouent également un rôle crucial dans l'instigation de luttes fratricides.
Par exemple, Kiragu Magochi, un membre de la délégation kenyane à la conférence du 26 au 28 juillet, a cité les cas de son propre pays, l'Afrique du Sud et de l'Angola, entre autre, pour expliquer que les affrontements ethniques ou tribaux n'étaient pas les principales causes de conflit dans ces pays.
Selon lui, l'intolérance ethnique ou religieuse est pratiquement inexistante aussi bien au Kenya qu'en Angola, alors que la guerre civile qui a pris fin récemment dans ce dernier pays était imposée ou entretenue par des forces étrangères durant la Guerre Froide et en raison des intérêts géopolitiques et économiques des puissances mondiales.
Il a indiqué qu'il en allait de même en Afrique du Sud, où 'nous avons pensé que permettre à l'homme noir d'avoir l'homme blanc pour vassal résoudrait le problème'.
Pour M. Magochi, le système d'apartheid 'était non seulement un problème racial mais également économique' et il n'a pris fin essentiellement parce qu'il n'était plus viable.
'L'apartheid sud-africain était maintenu parce qu'il favorisait ses partisans et il a pris fin parce qu'il était devenu trop coûteux, un poids trop lourd à porter, de la même manière que les abolitionnistes ont mis fin à l'esclavage parce qu'ils ont trouvé plus économique de le faire', a souligné M. Magochi.
Il a cependant ajouté qu'il appartenait aux gouvernements africains de revoir les programmes et politiques pour être en mesure de mieux résoudre les problèmes économiques affectant leurs citoyens, en créant des conditions équitables.
Mais les autres participants ont soutenu que les problèmes économiques et les conflits eux-mêmes étaient plutôt des symptômes que des causes des souffrances des populations africaines et ont insisté sur le fait qu'il fallait apprendre aux élèves et étudiants à prendre les bonnes décisions quand ils seraient confrontés au choix d'adopter ou de rejeter la violence.
Les partisans de cette théorie estiment que parce que les conflits et la violence sont le fait de l'homme et parce que les humains sont égoïstes de nature, 'nos systèmes éducatifs devraient être structurés de manière à pouvoir résoudre nos problèmes particuliers au lieu de simplement prendre exemple sur les autres'.
La table-ronde de Kinshasa était organisée conjointement par l'ADEA, les ministères de l'Education du Kenya et de la RDC, ainsi que l'UNESCO.
Pana
06/08/2011