LONDRES (Reuters) – La propagation du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, prend des allures d'épidémie parmi les homosexuels et bisexuels d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où le niveau élevé de pratiques sexuelles à risque favorise sa diffusion, selon une étude publiée mardi par des chercheurs du Weill Cornell Medical College au Qatar.
L'étude, publiée par le Public Library of Science (PLoS) Medicine Journal, est la première de ce type à se pencher sur la situation dans cette partie du monde où homosexualité et bisexualité sont des sujets tabous.
Elle conclut que dans certains pays, comme l'Egypte, le Soudan, le Pakistan et la Tunisie, les taux d'infection au VIH excèdent le seuil de 5% dans certains groupes de population.
Les chercheurs préconisent une meilleure surveillance sanitaire et un meilleur accès aux tests de dépistage, aux moyens de prévention et aux services de prises en charge des séropositifs.
D'après les données les plus récentes de l'Onu, on recensait en 2009 33,3 millions de séropositifs dans le monde, dont 22,5 millions en Afrique sub-saharienne. Les données publiques relatives au Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord sont très peu nombreuses.
"C'est un peu comme un trou noir sur la carte mondiale du VIH, et cet état de fait a déclenché de nombreuses controverses et de nombreux débats sur le statut de l'épidémie", souligne la chercheuse Ghina Mumtaz, qui a coordonné cette étude.
Mais l'équipe a eu accès à des données, qui ne sont généralement pas rendues publiques et ont été compilées par divers groupes. Elle en conclut à une "forme épidémique considérable et croissante du VIH et à des comportements à risque parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes".
"Les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes forment toujours une population cachée dans cette région, et ce comportement est stigmatisé, mais certains pays ont su trouver des moyens créatifs pour faire face au problème tout en échappant aux sensibilités sociales, culturelles ou politiques", indique Ghina Mumtaz.
Le Maroc, le Liban et le Pakistan, observe-t-elle par exemple, soutiennent des ONG intervenant auprès de ces populations – sans que les pouvoirs publics ne soient directement impliqués.
"Il faut étendre ces programmes et les lancer dans les autres pays concernés", dit-elle.
Par Kate Kelland
Henri-Pierre André pour le service français
http://www.lepoint.fr/
03/08/2011