Les moins diplômés du groupe disposent de maîtrise, toutes filières confondues. Le groupement des diplômés sans emplois du Sénégal en a juste ras-le-bol. Il menace désormais de se faire entendre en posant des actes allant de la perturbation du Bac à la révolte devant les grilles du palais.
Les jours passent et se ressemblent de plus en plus au Sénégal. Hier matin, devant le portail de l'Ecole nationale d'administration, un groupe de jeunes diplômés au chômage a vomi son amertume. Ces jeunes diplômés réclament juste un emploi à leur Etat.
Ils menacent tout de même de se faire entendre si rien n'est fait. Aussi donnent-ils une semaine aux pouvoirs publics pour réagir positivement à leur revendication. Au cas contraire, ils se disent prêts à bloquer l'organisation des examens de fin d'année à l'université, mais également l'examen du baccalauréat.
Comme si ce n'était pas suffisant, ces diplômés chômeurs appellent la jeunesse sénégalaise à manifester à la Place de l'Indépendance et devant les grilles du palais présidentiel.
Pour le coordonnateur du Regroupement des diplômés sans emplois du Sénégal, il n'est plus question de passer autant d'années à l'université, en ressortir bardés de diplômes et rester sans emploi.
Si leur ardeur est difficilement apaisante, c'est parce que ces jeunes ont fait le constat révoltant et curieux à la fois que depuis 2006, les concours administratifs ne sont pas organisés. Celui de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature en est un exemple parfait.
Babacar Ndour est le coordonnateur du groupement. C'est avec beaucoup de rage qu'il énumère les impairs du système : 'Il est constaté un recrutement partisan, politique et clanique dans la fonction publique, au même moment, il est noté le maintien aux postes de travailleurs à la retraite par des contrats spéciaux. Ajouté à cela le cumul de fonction, il va sans dire que la fonction publique est en phase d'être saturée au grand dam des jeunes diplômés'.
Les jeunes diplômés ont, pour la plupart, une maîtrise ou un doctorat, ils ont passé six années ou plus de leur vie à l'université et ont décroché ces diplômes qui semblent aujourd'hui ne leur servir à rien.
De jour en jour, le mouvement se gonfle, il a atteint, à ce jour, deux mille membres, selon Babacar Ndour. Et depuis trois mois, les membres du groupement ont jugé nécessaire de mener une campagne de sensibilisation dans les universités et dans les écoles pour conscientiser la jeunesse sénégalaise.
Surtout la jeunesse estudiantine par rapport à la question du chômage. S'ils ont choisi le portail de l'Ena pour tenir leur sit-in, c'est parce que l'école représente plus, l'organisation des concours administratifs. '
Cet établissement abrite, en son sein, le Centre de formation judiciaire avec la magistrature et le greffe. Le lieu est assez symbolique pour tenir ce sit-in', sert ce groupe de chômeurs.
Sur un autre registre, les étudiants inscrits cette année en thèse ouvrent le front pour un octroi sans délai de bourses d'études. Abdoulaye Seydi est étudiant en thèse à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, par ailleurs coordonnateur des étudiants thésards non boursiers.
Il explique qu'il est inadmissible qu'en cette période de l'année, aucun de ses camarades n'ait perçu sa bourse. Cette dernière, devait être perçue depuis le début de l'année mais, à leur grande surprise, le directeur des bourses leur a fait savoir, lors d'une audience, qu'il ne pouvait pas leur octroyer une bourse faute d'un budget faible.
Fort convaincus que lorsque la légalité ne règle rien, la légitimité s'empare du pouvoir, ces diplômés au chômage se disent prêts à obtenir un travail quel qu'en soit le prix.