La lutte sans merci menée par le ministre de l'Education roumain contre les fraudeurs coïncide avec des résultats au baccalauréat historiquement bas. Seulement 44,47% des candidats ont réussi l'examen… soit 90.765 reçus sur 200.000 inscrits.
Les lycéens roumains, champions de la triche ? L'annonce des résultats du baccalauréat a eu l'effet d'une véritable douche froide en Roumanie, où plus de la moitié des candidats inscrits (55,53%) se sont vu recalés. Avec un taux de réussite de 44,47%, il s'agit de la pire moyenne enregistrée depuis la chute du régime communiste en 1989. A titre de comparaison, le taux de réussite 2011 est nettement inférieur aux précédentes cessions : 69,3% en 2010 au début de la lutte contre la fraude, et surtout 81,4% en 2009 et un taux similaire les années précédentes.
Pour le ministre de l'Education, Daniel Funeriu, il est clair que les moyens mis en place pour lutter contre la tricherie ont porté leurs fruits. Car cette année, les élèves ont eu la surprise de trouver dans les salles de concours des caméras, alors que les surveillants, d'habitude si facile à corrompre, sont restés de marbre. "Ces résultats et les comportements qui les ont générés sont le miroir exacte de notre société", a déclaré le ministre, lors d'une conférence de presse ce lundi. Et d'ajouter : "la nation doit choisir entre les gens corrects et travailleurs et ceux qui misent sur la malhonnêteté et la supercherie".
Le message est clair dans un pays où copier lors des examens scolaires et universitaires est monnaie courante. Dans un lycée du centre du pays par exemple, 111 des 159 candidats ont été renvoyés de la salle d'examen pour fraude ou tentative de fraude.
Sept ministres de l'Education depuis 2000
Le niveau du baccalauréat des années précédentes est donc largement remis en doute, surtout quand l'on sait que la Roumanie se classe à la 49ème place du dernier classement Pisa, qui note la compétence des élèves de 65 pays membres et partenaires de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Si de nombreux lycéens ont trouvé que les sujets avaient été trop compliqués, les professeurs, eux, sont dans l'ensemble d'accord pour affirmer le contraire. "Il est clair que les étudiants qui entrent à la faculté n'ont pas une culture générale suffisante. Pour améliorer cette situation, il faut adapter les méthodes d'enseignement à l'heure de l'Internet, qui change complètement la donne", estime Dan Sumalan, président de l'association des professeurs.
Le système scolaire roumain est pourtant régulièrement soumis à des modifications. La dernière loi en date sur l'éducation est entrée en vigueur en février dernier, alors que depuis 2000, sept ministres différents ont dirigé ce portefeuille. Daniel Funeriu, lui, est en place depuis un an et demi et son siège est déjà en train de tanguer. De nombreuses voix s'élèvent pour demander sa démission. Sa "thérapie de choc" n'a pas plu au leader de l'opposition, Victor Ponta, qui a estimé qu'en plus d'arriver au mauvais moment, elle était "erronée et injuste".
Jonas Mercier, à Bucarest – 05/07/2011
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