C’était l’une des plus jeunes candidates au baccalauréat en France. Victoria, 13 ans, a obtenu la mention “très bien”, avec une moyenne de 16,84/20 ! Portrait d’une touche-à-tout autodidacte, qui a passé seulement deux semaines à l’école… « en maternelle ».
« Elle est sortie de mon ventre un mois plus tôt que prévu. Victoria a toujours été très en avance », sourit sa maman, Crystal. Dans le jardin de la petite maison familiale, nichée dans le bourg de Ouistreham, Victoria, 13 ans, fille unique, charrie son père sur ses problèmes d’orthographe.
Bien dans ses baskets, la jeune fille nous raconte calmement, avec une maturité étonnante, le parcours qui l’a conduite à passer l’épreuve de philosophie du bac scientifique, une semaine après avoir soufflé ses 13 bougies, à l’âge où « normalement » elle devrait être au collège.
« Je suis sortie du système scolaire très rapidement, raconte-t-elle. En fait, j’ai simplement passé deux semaines dans une école maternelle publique, à Mondeville, après, j’ai appris à la maison ! ». Dans le rôle des professeurs : son père, Pascal, ingénieur en électronique, titulaire d’un doctorat en physique, et surtout sa mère, ingénieure également, qui a mis sa carrière en suspens pour s’occuper de sa fille (lire ci-dessous).
Très vite, il a fallu se rendre à l’évidence, Victoria s’est montrée «rapide, très rapide », note Pascal, avec humour. À deux ans, Victoria savait presque lire, « elle jouait sur mon ordinateur portable avant de savoir marcher », s’étonne le père de famille. À quatre ans, elle aura ainsi son propre ordinateur, « son doudou », ne plaisante qu’à moitié la maman. À 13, elle en a déjà usé deux. À la maison, « il y a des livres partout. Dès qu’elle se sent prête, elle n’a qu’à tendre le bras », racontent ses parents. Dispenser un enseignement dans la famille même, c’est légal, « mais il faut néanmoins le déclarer à la mairie, et, chaque année, un inspecteur de l’Éducation nationale vient vérifier et s’assure de la présence de matériel pédagogique dans la maison ». Et visiblement, pas de problème.
Elle avait obtenu 19 au bac de Français
En candidate libre, Victoria obtiendra 15,45 au brevet des collèges « avant ses 10 ans » puis « 19 à l’écrit et 15 à l’oral, au bac de Français », dit-elle, modestement. Et cet enfant précoce, qui parle anglais et allemand et apprend l’arabe, a d’autres cordes à son arc. Très curieuse, elle s’est initiée dès cinq ans à la philosophie, lit actuellement le Coran pour la seconde fois, mais a aussi lu la Bible, «s’intéresse à la religion tamoule et au bouddhisme ». Elle joue également du violoncelle et du piano, au conservatoire de Caen, écrit des partitions et « évolue dans un groupe de jazz » ; elle pratique la natation à Hérouville Saint-Clair et depuis peu le ping-pong. Elle écrit aussi des romans en français et en anglais « et une pièce de théâtre », suit l’actualité, en regardant la chaîne satellitaire Al Jazeera…
Que fera-t-elle avec ce bac S spécialité Sciences de la vie de la terre en poche ? « J’ai prévu de faire une licence de biologie à l’université de Caen, après, le journalisme et la médecine me tentent », annonce-t-elle, bien décidée à continuer à « apprendre ». Encore et encore.
• Des refus de scolarisation
« À 5 ans, Victoria avait le niveau de CM2. Comment la scolariser ? Un instituteur m’a dit qu’il n’y avait pas que les cours, qu’il y avait aussi la cour de récréation », se souvient sa maman, encore estomaquée par cette réaction. « Victoria veut simplement apprendre, sinon, elle s’ennuie très vite ». « Ce n’est pas si simple », soupire la mère de famille. Elle égrène les refus de scolarisation, car « il n’était pas possible de sauter plus d’une classe » ou les établissements spécialisés, « trop lointains, trop chers… ». Son père évoque alors des cours par correspondance, avec un organisme privé qu’il a renvoyé « immédiatement, car pas du tout adapté ». « Jusqu’au niveau Seconde », c’est donc la maman qui assurait seule les cours « à raison de deux heures le matin et deux à quatre heures l’après midi ». « Elle m’a fait redoubler ma sixième », relève Victoria. « Pour lui laisser le temps. Elle aurait pu passer son bac à 10 ans », nous glisse la maman…
Briac Trébert
5/07/2011
Source: http://www.cotecaen.fr