Deux personnes ont été placées en garde à vue, jeudi 23 juin, dans l'enquête préliminaire conduite par le parquet de Paris sur les fuites sur un sujet du bac S, a-t-on appris de source judiciaire.
Ces deux personnes, deux frères âgés de 21 et 25 ans, sont entendues depuis le début de l'après-midi par la brigade de répression de la délinquance contre la personne, chargée de l'enquête ouverte la veille après une plainte du ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, a-t-on précisé. Ils risquent des peines de prison.
M. Chatel a déposé plainte pour "fraude aux examens", ainsi que "recel et abus de confiance" après la divulgation sur Internet d'un exercice de l'épreuve de mathématiques du baccalauréat S, passée la veille par cent soixante-cinq mille élèves, un événement rarissime par sa nature de par son ampleur. La fuite "avérée" porte sur l'exercice de probabilités, qui compte pour quatre points sur vingt, que le ministre a décidé d'exclure de la notation.
ENQUÊTE ADMINISTRATIVE
Dans la matinée de jeudi, Luc Chatel a également annoncé l'ouverture d'une enquête administrative sur des rumeurs de nouvelles fuites aux épreuves d'anglais et de physique du baccalauréat S.
Le ministre s'était toutefois montré prudent, affirmant n'avoir "aucune indication sur d'autres fraudes au baccalauréat, la seule fraude avérée c'est celle que nous avons constatée à l'un des exercices de mathématiques". Mercredi, la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), une des principales organisations de lycéens, avait demandé que "toute la lumière soit faite" à ce sujet.
Jeudi matin, RTL a publié des photos de textos reçus par un lycéen parisien la veille des épreuves d'anglais et de physique qui contiennent l'énoncé des sujets. Ce lycéen affirme par ailleurs que ces informations "s'échangent surtout par voie orale, beaucoup dans les bibliothèques".
RÉVISION DES "PROCÉDURES DE CONTRÔLE"
Selon la FIDL, "ces fraudes viennent fragiliser cet aspect essentiel d'un diplôme qui risquerait de se trouver décrédibilisé si les filières de fraude n'étaient pas démontées". Le syndicat demande "au ministère de prendre toutes les mesures adéquates afin que les candidats ne pâtissent pas d'une situation qu'ils subissent". Il souhaite également que soient revues "les procédures de contrôle de la confidentialité des épreuves, une faille dans cette dernière ayant aujourd'hui, par la réalité des nouvelles technologies de l'information, des effets démultipliés".
Luc Chatel a annoncé, jeudi, "qu'à la suite des propositions des fédérations de parents d'élèves et des organisations lycéennes, nous devons réfléchir à l'organisation du bac et à la sécurisation plus forte des épreuves". Une consigne qui a été envoyée "à l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale", a-t-il ajouté.
Le secrétaire général du syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale, Philippe Tournier, a estimé que le "système est en crise" et a réclamé que l'organisation des épreuves du baccalauréat soit revue "entièrement." "Ce qui est en cause aujourd'hui, ce sont les modalités de passation des épreuves et l'organisation même de notre examen, qui n'est manifestement plus du tout adéquate", a estimé M. Tournier. Le système d'élaboration des sujets doit être simplifié selon lui, car il "est extrêmement sécurisé" mais aussi "extraordinairement fragile." Il a notamment appelé à prendre exemple sur "les pays étrangers" qui "ont trouvé des solutions relativement différentes des nôtres."
LEMONDE.FR avec AFP | 23.06.11