La trouvaille était censée régler définitivement la souffrance des pensionnaires de l'Ucad, les temps perdus et les longues queues pour percevoir leurs bourses. Mais sur le terrain, la bancarisation des bourses relève du chemin de croix.
Qu'il est long, si long pour ces 59 000 étudiants de l'Ucad, le chemin pour voir la couleur de l'argent. Ce ne sont pas les milliers d'étudiants de l'Ucad, massés devant la plupart des agences d'Ecobank à Dakar, qui diront le contraire. La scène est quotidienne, devenue presque routinière dans le décor de la capitale sénégalaise. Pour gérer 59 000 comptes bancaires, il faut s'y prendre tôt, très tôt et la banque à l'enseigne bleu et blanc semble complètement dépassée par le rush devant ses guichets disséminés au niveau de la capitale. Il faut dire que c'est la seule banque de la place qui a osé se piquer à la délicate question de la bancarisation des bourses des étudiants, suite à la convention signée en 2008 avec l'Etat du Sénégal, dans le cadre de l'externalisation des dépenses de celui-ci.
Entre le paiement des salariés et des corps émergents en passant par celui des primes de motivation des personnels de santé et les baux des immeubles conventionnés, c'est sans doute le paiement des bourses des étudiants de l'Ucad qui leur donne des cheveux blancs. Paiement qui a débuté depuis le mois de mars dernier, avec l'aide des billetteurs et autres régisseurs.
Troisième banque de la place en termes de réseaux après la Sgbs et la Cbao, avec ses 35 agences dont 22 à Dakar et 13 implantées dans les différentes régions du pays, Ecobank est ainsi confrontée, on peut le dire, au « pire cauchemar » de son existence. En témoignent les mouvements d'humeur qui ont « animé » ce jeudi 16 juin, la façade du siège de la banque au centre-ville et qui a occasionné le casse de quelques vitres du bâtiment. Un mouvement d'humeur qui s'est assez vite calmé, selon une source digne de foi et proche de la banque, que nous avons interpellée hier.
On apprend ainsi que ce mouvement a pris son origine du refus des étudiants massés devant le siège de la banque, de se rendre au niveau du site du Cices, retenu par la banque à cet effet, pour toucher leurs bourses et où quelque 800 étudiants boursiers se seraient déjà rendus. Rappelons que mardi dernier, les paiements auraient commencé au niveau du site de la Place du Souvenir. De quoi donner le tournis.
La même source fait savoir que 59 000 comptes bancaires ont effectivement été créés au niveau de la banque, mais seulement 35 000 cartes bancaires ont été distribuées sur la base d'une documentation complète fournie. Encore dans ce lot, seuls 25 000 comptes disposent d'une documentation complète. Ce qui expliquerait les comptes non approvisionnés évoqués ça et là par certains étudiants.
Ce serait ainsi la deuxième difficulté rencontrée par la banque dans cette opération, outre les problèmes de logistique.
Le montant des bourses à gérer par Ecobank tournerait autour de 3 milliards de FCfa, en intégrant les rappels.