Pas stressée, Joée, élève au lycée Mabillon de Sedan, a découvert ses premiers sujets hier matin.
ELLE est née le 25 novembre 1996. À 14 ans, Joée Le Provost, élève de terminale S au lycée Mabillon de Sedan, est la plus jeune candidate au baccalauréat de l’académie de Reims. Hier, elle était convoquée au lycée Pierre-Bayle pour y passer les épreuves écrites de philosophie.
Même si elle n’a pas « bachoté » outre mesure, l’obtention de son diplôme ne fait aucun doute. La seule incertitude pour cette jeune Flongeoise qui habite à proximité du cimetière militaire sur les hauteurs de la périphérie sedanaise est de savoir quelle mention elle obtiendra. « Bien, ce serait pas mal; très bien, ce serait mieux ».
Dotée d’un QI de 153, Joée est une surdouée. « Compte tenu de son potentiel intellectuel, un psychologue nous avait conseillé de la mettre dans une école spécialisée à Paris ou dans le Midi. Mais même si elle était partante, nous avons préféré qu’elle poursuive un cursus scolaire normal et ne s’éloigne pas de nous », expliquent ses parents.
Lionel, 43 ans, est kinésithérapeute-ostéopathe à Floing; Véronique, 40 ans, professeur d’anglais au lycée Nassau.
Trois ans d’avance
Très vite détectée comme une enfant précoce, Joée a dû sauter trois classes pour favoriser son épanouissement. Le CM1 pour commencer, la cinquième ensuite et pour finir la troisième. Une étape qui l’a d’ailleurs amené à débarquer en collège à 10 ans et à passer de Nassau à Mabillon au bout du premier trimestre scolaire. Elle a aussi planché au brevet des collèges en candidate libre alors qu’elle était déjà en seconde. « À certaines périodes de sa scolarité, elle s’illustrait en mémorisant et réfléchissant beaucoup plus vite que les autres et en apprenant plus facilement. Il y avait un énorme décalage dans la vitesse d’apprentissage entre elle et les jeunes de son âge. C’est pourquoi Joée a souvent dû changer d’environnement », explique Lionel, presque en s’excusant.
Grâce à son exceptionnelle maturité et à une totale indépendance – « avec elle, on est souvent mis devant le fait accompli au niveau de ses choix » – elle s’est à chaque fois fondue avec réussite dans un nouveau paysage et n’a jamais connu de problème d’intégration. Comme si personne ne s’apercevait qu’elle avait trois ans voire plus d’écart avec les autres élèves. « Je me sens bien dans ma peau d’autant qu’il n’y a aucun préjugé de la part de mes camarades de classe », constate l’enfant prodige.
Piano et mangas
Sans attendre les résultats du bac, Joée dont le bulletin scolaire fait état d’un 16,52 au dernier trimestre, a d’ores et déjà anticipé sur son avenir.
Son âge l’a obligée à demander une dérogation pour entrer à la faculté de médecine de Reims où elle attaquera le cours préparatoire dès le 15 août.
« Pour mieux comprendre le fonctionnement du corps humain, j’aimerais être virologue. J’ai eu cette vocation à la suite d’un accident au gros orteil survenu durant des vacances. Sur le coup, j’étais en état de grande souffrance et j’ai apprécié les gestes simples et efficaces du médecin qui m’a pris en charge. D’où mon intérêt pour cette profession de santé », explique celle qui est fan d’Amélie Nothomb et des poèmes japonais.
Car Joée a bien sûr une vie après le lycée. Elle apprend notamment le piano et le… japonais. Tout simplement parce qu’elle est passionnée par les mangas.
Elle qui parle déjà couramment l’anglais et maîtrise le latin a donc ajouté une autre langue à sa panoplie. Durant l’été et depuis trois ans, elle est aussi ouvreuse au cinéma de La Tranche-sur-Mer.
Quasiment une existence normale d’adolescente si on ne tenait pas compte de son âge…
Pascal REMY
« Efficace et discrète »
Enseignant la physique-chimie au collège-lycée de Mabillon, Claudie Michaud est professeur principale de la classe de terminale S. Elle nous livre ici son sentiment sur Joée Le Provost. « C’est une élève exceptionnelle, très mature dans tous ses raisonnements et à l’aise dans toutes les matières scientifiques. Elle arrive à suivre et à anticiper des raisonnements complexes et à trouver des solutions. Elle cerne bien les difficultés. Ce qui fait qu’elle ne connaît aucun problème d’intégration au milieu de jeunes qui ont trois à quatre ans de plus qu’elle ». L’enseignante qualifie aussi son élève de « jeune fille sympa, agréable et joyeuse ».
Durant l’année scolaire, Joée a participé au concours national des Olympiades de la chimie et au concours général de physique-chimie généralement proposés aux meilleurs de la classe. Céline Colombo, la directrice de l’établissement sedanais, note que malgré sa situation particulière, Joée est « très discrète ». « Si bien qu’il est difficile de déceler qu’elle a autant d’années d’avance… ».
Source: http://www.lunion.presse.fr
17 juin 2011