Principalement ouvertes aux bacheliers L, les licences de lettres et sciences humaines démarrent par une première année généraliste. Les étudiants ont alors accès à un grand nombre de disciplines, en plus de leurs matières fondamentales, ce qui leur permet de vérifier la pertinence de leur choix ou, le cas échéant, de se réorienter dès la fin du 1er semestre. En lettres, deux axes : lettres classiques, avec une dominante de latin et grec, ou lettres modernes, plus tournées vers la linguistique. En sciences humaines, les cursus proposés vont de l'histoire à la philosophie en passant par l'histoire de l'art et archéologie, la géographie, la psychologie ou la sociologie.
De nombreuses universités ont instauré un système dit de "majeure/mineure". Il permet de greffer des heures d'une autre matière à la dominante du cursus, telle la psychologie aux lettres ou, plus classiquement, la géographie à l'histoire pour les futurs enseignants. Les étudiants peuvent choisir une unité d'enseignement (UE) libre parmi plusieurs disciplines. "Il peut s'agir d'un choix dispersé, différent chaque semestre ou d'une discipline qu'on reconduit pour l'approfondir", souligne Bertrand Guihery, directeur de l'UFR de lettres et sciences humaines de l'université Paris-VII.
- POURQUOI PAS UNE LICENCE PRO ?
L'avantage de la licence professionnelle est de rendre l'étudiant en lettres et sciences humaines opérationnel sitôt diplômé. Pendant l'année, il affine ses connaissances théoriques tout en acquérant les compétences d'un professionnel prêt à travailler. "Il intègre l'entreprise avec une expérience concrète et une pratique du terrain acquise au travers de stages", détaille Jean-Baptiste Lanfranchi, directeur de l'UFR sciences humaines et arts de l'université Paul-Verlaine de Metz, qui propose une licence pro activités culturelles et artistiques.
Les diplômés peuvent ensuite s'orienter vers les concours administratifs ou le secteur privé, à des postes intermédiaires. La sociologie et la psychologie ouvrent par exemple les portes du secteur social, du marketing ou de la formation. L'histoire, les lettres et la philo permettent notamment d'accéder à l'édition, la documentation et la culture. L'admission en licence pro suppose un bon niveau et un projet clairement défini. La sélection y est rude, en raison du grand nombre de candidats, issus de 2e année de licence, mais aussi de BTS et de DUT.
- LES GRANDES ÉCOLES DE LA FILIÈRE
Les classes préparatoires littéraires mènent à un petit nombre d'écoles sélectives, essentiellement les célèbres Ecoles normales supérieures (ENS). Celles-ci proposent des cursus allant de la licence au doctorat, débouchant principalement sur l'enseignement et la recherche – 74 % des diplômés de l'ENS Lyon en 2009 – et, dans une bien moindre mesure, le privé (4 %) ou les grands corps de l'Etat (2 %). "A Lyon, l'ENS ne compte que 115 admis par an, pour près de 3500 candidats", souligne Marie-Pierre Barbier, responsable des classes supérieures au lycée Sainte-Marie de Lyon. Afin de remédier à cette faiblesse de débouchés, de nouveaux concours (écoles de commerce et de management essentiellement mais aussi pare exemple l'Ismapp en management public) sont depuis cette année ouverts aux élèves des prépas littéraires.
Autre débouché, l'Ecole des Chartes, avec une vingtaine de stagiaires-fonctionnaires par an, sur environ 170 candidats issus des classes préparatoires littéraires. Les admis suivent le cursus d'archiviste paléographe en étant rémunérés par l'Etat tout au long de leurs études. Les licenciés en lettres ou histoire peuvent y faire un master de technologies numériques appliquées à l'histoire.
Quant à la célèbre Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle recrute au niveau master dans les disciplines de sciences humaines et sociales (histoire, sciences politiques, géographie, philosophie, sociologie…). Les candidats doivent adresser une lettre de motivation à l'un des 300 enseignants-chercheurs."Je privilégie ceux qui ont défini leur sujet et ont commencé tôt leur spécialisation, donc engrangé une masse importante de connaissances. Les parcours sinueux sont les bienvenus !", explique Jean-Loup Amselle, responsable de la mention anthropologie. Objectif : former des docteurs de haut niveau, grâce à un accompagnement renforcé du corps professoral.
- SPÉCIALISATION PROGRESSIVE
Pour la grande majorité des étudiants qui poursuivront des études de la première année de licence au master à l'université, la spécialisation intervient en 2e et en 3eannées de licence. "Nous gardons une dose de transversalité, mais avec plus d'heures dans les disciplines fondamentales", précise Philippe Saltel, directeur de l'UFR sciences humaines à l'université Pierre-Mendès-France, à Grenoble. Il devient alors préférable d'axer les "mineures" en fonction des débouchés visés : dans un cursus de sociologie, il est judicieux de choisir un module de droit du travail si on veut exercer dans les ressources humaines…
Après leur 3e année de licence, la plupart des étudiants poursuivent dans des masters qui donnent bien sûr accès aux métiers de l'enseignement et de la recherche, mais aussi à de nombreux autres auxquels les étudiants ne pensent pas toujours. Ainsi, Morgan est aujourd'hui chargé de recrutement chez Axa après un master en sciences humaines et sociales, mention cultures sportives : "J'y ai étudié la sociologie des activités physiques et le rôle des loisirs dans la société. Cela m'a permis de développer mes connaissances en formation et recrutement, donc de me rapprocher du secteur privé."
A l'issue de son mémoire, Morgan avait assisté à un forum d'entreprises organisé par le réseau Phénix, qui aide des jeunes diplômés en lettres et sciences humaines à intégrer des entreprises : "Mon master m'avait permis d'acquérir autonomie, adaptabilité et esprit de synthèse. Mon employeur m'a accompagné par le biais d'un tutorat et de formations aux techniques d'entretien et au droit du travail. Nous, étudiants en lettres et sciences humaines, nous avons trop tendance à nous autocensurer, alors que nous avons les capacités de nous intégrer dans les entreprises."
Matthieu Lamarre
20/05/2011
Source: http://www.lemonde.fr