A peine apprenait-on que la famille Barlagne avait finalement obtenu le droit de rester au Canada, que le chroniqueur vedette de La Presse, Pierre Foglia, rapportait l’histoire de Loïc Marcille, ce jeune Niçois de 29 ans, arrivé en 2003 au Québec et aujourd’hui sommé de faire ses bagages.
Pour faire court :
En 2002, Loïc est étudiant à l’Ecole supérieure de commerce de Montpellier lorsqu’il croise la route d’une affiche canadienne invitant les jeunes Français à venir étudier au Canada. Pas bégueule et avide de voyages, il accepte l’invitation et part l’année suivante à Montréal pour un échange universitaire.
Et il aime ça. Suffisament pour revenir une deuxième fois, en stage, et encore une troisième, pour un MBA cette fois (maîtrise en administration des affaires), à l’Université Laval à Québec.
Et ainsi va la vie, il passe son MBA – permis d’études! –, cherche et trouve un job alimentaire –permis post-diplôme ! –, puis finit par en décrocher un dans sa branche, le marketing, – encorepermis post-diplôme !
Il travaille dans l’industrie du cinéma, rencontre des gens, fait des projets. Et décide de demander la résidence permanente. On est à l’été 2009 et son titre de séjour expire en décembre 2010, autant dire, pas de panique. D’autant que les bonnes nouvelles continuent d’affluer : février 2010, il devient adjoint au marketing dans une prestigieuse boîte de production et de distribution.
Mais tout de même, décembre approche, le titre de séjour de Loïc va expirer et toujours pas de nouvelles de l’immigration. On lui apprend alors – après lui avoir assuré le contraire – qu’il doit obtenir un permis de travail, afin de ne pas être en situation irrégulière pendant le traitement de sa demande de résidence permanente. Laquelle est «en traitement», justement, depuis 14 mois. Ce qui, dans le jargon d’Immigration Canada, signifie: on vérifie qu’il ne manque aucun document.
Passons. Il fait donc une demande de permis de travail.
Début avril, toujours pas de réponse concernant la résidence permanente mais sa demande de permis de travail en revanche, a été traitée. Et c’est par lettre qu’on l’informe que celui-ci lui est refusé, au motif principal qu’il occupe un poste pouvant convenir à un travailleur canadien. La lettre précise également qu’il doit quitter le pays immédiatement. En d’autres termes, et comme l’écrit Pierre Foglia, «tu voles la job d’un Canadien, décrisse!».
Joint par téléphone, le jeune homme s’avoue sonné par ce qui lui arrive. Lui qui croyait être un modèle d’intégration, lui qui a tous ses amis ici, et des projets pour les dix années à venir, lui qui croyait que ce pays était, un peu au moins, devenu le sien. Lui que l’on presse de débarasser le plancher. Et bien-sûr, avec une chaleur et une empathie dont seules sont capables les grandes administrations…
Mais la semaine dernière, nouveau rebondissement: le porte-parole de l’opposition officielle à Québec sur les questions d’immigration, le péquiste Benoît Charrette, décide d’intercéder en faveur de Loïc auprès de la ministre québécoise de l’immigration, Kathleen Weil.
Résultat? Ça reste à confirmer, mais il semblerait que celle-ci ait pu faire en sorte que Loïc obtienne son permis de travail et reste au Canada en attendant une réponse à sa demande de résidence permanente.
Tout est bien qui finit bien, donc, mais il s’en est fallu de peu. Et cette histoire illustre de façon édifiante la rigidité des procédures à laquelle trop de candidats à l’immigration ne sont pas préparés.
Etant nous-mêmes (les auteurs de ce blog) en attente d’une réponse d’Immigration Canada qui pourrait bien nous enjoindre de quitter le territoire au plus tôt, nous avons décidé de mettre à profit notre propre expérience et celles qui nous ont été rapportées pour établir une liste de quelques principes à l’usage des futurs immigrants, quelle que soit leur nationalité. Voici donc une petite liste de conseils qu’il faut bien garder à l’esprit lorsqu’on se lance dans une démarche d’immigration au Canada:
1. Prévoyez un petit budget immigration (selon que vous demandez la résidence temporaire ou permanente et que vous êtes célibataire ou en famille, les frais de dossier peuvent aller de 300 à presque 2000 $).
2. Rappelez-vous qu’aux yeux des services de l’imigration, vous êtes un chiffre, une donnée économique, et serez traité comme tel, que vous soyez ici depuis dix jours ou depuis dix ans.
3. Armez-vous d’une infinie patience et sachez qu’il en va des délais de traitement comme du budget à prévoir, ceux-ci peuvent aller de quelques semaines à presque deux ans pour une demande de résidence permanente
4. Ne prenez jamais pour argent comptant ce que vous dit par téléphone un agent de l’immigration. Attendez d’avoir obtenu confirmation par écrit ou par un autre agent. L’expérience prouve qu’une même question posée à plusieurs personnes peut engendrer autant de réponses que d’interlocuteurs.
5. (Pour les Français) N’essayez même pas de communiquer avec l’ambassade du Canada à Paris. Leur service immigration n’a pas de numéro de téléphone et, visiblement, ses agents ont oublié le mot de passe de leur messagerie électronique.
P.S : En revanche, nous avons reçu plusieurs témoignages de personnes s’étant adressées àMontréal International et qui disent avoir été reçues et conseillées par un personnel sympathique, réactif et très bien renseigné.
Par Jérôme Houard
Source: http://quebec.blogs.liberation.fr
18/05/2011