ÉDUCATION – Pour la première fois, un recensement a été effectué…
Ils sortent du système scolaire sans aucun diplôme. On les appelle les «décrocheurs». Entre juin 2010 et mars 2011, ces élèves étaient au nombre de 254.000, selon les chiffres du ministère de l’Education nationale communiqués ce jeudi matin. C’est le premier recensement de ce type, effectué via la mise en place d’un fichier contenant des informations partagées entre le ministère de l’Education, de l’Emploi et de l’Agriculture, avec l'autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés.
Parmi ces élèves, 72.000 sont suivis par le réseau des missions locales et 180.000 sont «perdus de vue» par le système. Afin de les identifier, les informations les concernant vont être transmises aux 400 plates-formes de suivi du décrochage scolaire qui seront implantées en France à la rentrée prochaine.
Renouer des liens avec chaque décrocheur
Nicolas Sarkozy avait fait de la lutte contre le décrochage scolaire l’une de ses priorités en matière d’éducation. Après son Luc Chatel, le ministre de l’Education, devait se rendre dans l’une d’entre elle, à Châteauroux, ce jeudi pour annoncer la généralisation du dispositif.
Ces plateformes réunissent plusieurs intervenants (responsables de l’Education nationale, de l’enseignement agricole, des centres de formation d’apprentis, des missions locales, du service public de l’emploi, etc). Objectif: renouer des liens avec chaque décrocheur et l’aider à trouver une solution pour accéder à une qualification ou décrocher un diplôme.
Un fichier, une polémique
La mise en place du fichier visant à les répertorier avait créé une vive polémiqueau sein de la communauté éducative. Dès la mi-avril 2010, le ministère de l'Education nationale avait annoncé qu’une partie de ce programme informatique, appelé «suivi de l'orientation» (SDO) et adossé au logiciel de gestion des élèvesSconet utilisé dans les collèges et lycées, avait commencée à être mise en place dans certains établissements scolaires.
Le SDO n’a pas tardé à être rebaptisé «fichier des décrocheurs» par ses détracteurs. A l’instar du fichier Base élèves utilisé dans le primaire, ces derniers craignent notamment que les données collectées puissent être transmises puis utilisées à d’autres fins. Le ministère assure que les informations qu’il contient (identité et coordonnées de l'élève et de son responsable légal, informations sur la scolarité suivie et compte rendu synthétique d'entretiens menés avec la personne responsable du suivi de l'élève) sont totalement sécurisées. Les données seront conservées deux ans, pour le suivi des élèves, mais pas plus, afin de permettre «un droit à l'oubli».