Les derniers conseils de classe approchent et le suspense est à son comble pour des élèves de seconde pour lesquels les parents rêvent (quasiment) tous d’une orientation en S. En tout, plus de la moitié (aux alentours de 145000 selon les années) des bacheliers généraux proviennent de cette série. Mais nombreux sont ces bacheliers à passer plusieurs années à s’acharner à faire des maths et de la physique – au grand bonheur des organismes de cours de soutien – simplement parce qu’être en S c’est la garantie de fréquenter les meilleurs élèves et d’acquérir de bonnes méthodes de travail.
La série qui mène à tout…
En fait, leur S ne veut pas dire simplement scientifique mais « super » car on retrouve dans cette série tous les meilleurs bacheliers pour peu qu’ils n’aient pas trop d’aversion pour les maths. Oh, bien sûr, il n’y a pas que les S qui réussissent dans la vie. On peut faire d’excellentes études avec un bac ES ou un bac L. La différence, c’est plutôt qu’on a moins le choix. Les S peuvent aller pratiquement partout dans l’enseignement supérieur.
La série S est en effet la seule vraiment générale. On y suit toutes les matières, du français à la physique en passant par l’histoire-géo (supprimée en terminale avec la réforme en cours) ou la philo. Les S peuvent aller pratiquement partout dans l’enseignement supérieur et seulement 44% s’y sont inscrits par intérêt pour les sciences. Résultat : les filières scientifiques, et en particulier les licences universitaires s’arrachent les cheveux de voir un nombre croissant de bacheliers S se diriger vers le droit, Sciences po ou même les prépas littéraires alors que leurs amphis se dépeuplent.
… mais n’est pas ouverte à tous
L‘Observatoire des inégalités pointait en 2010 que 76% des enfants de cadres obtenaient un baccalauréat général (S, L ou ES) contre seulement 34% des enfants d’ouvriers. Et seulement 6,4% obtenaient un bac S quand c’était le cas de 41% des enfants de cadres. Un échec qu’on ne peut limiter à une question de niveau. Les enfants d’ouvriers ont tendance à s’autocensurer. À niveau égal en troisième, tous les enfants de cadres demandent à entrer en seconde générale ; seulement six sur dix pour les enfants d’ouvriers.
Si la proportion de garçons et de filles est relativement équilibrée en S (respectivement 53% et 47%), elles n’en sont pas moins bien moins nombreuses que dans la moyenne des baccalauréats généraux (L, ES, S) dont elles représentent 58 % des titulaires. Difficile de ne pas être frappé d’ailleurs par le choix de filière que font filles et garçons en fonction de leur niveau estimé en français et en maths en seconde. Ainsi seulement six filles sur dix qui estiment être très bonnes en maths choisissent de se diriger vers le bac S, alors que, dans le même cas de figure, huit garçons sur dix optent pour S. Autocensure, peu d’intérêt pour les maths ? Les voilà en tout cas qui se ferment bien des portes pour la suite alors que les bacheliers S les gardent toutes grandes ouvertes.
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10 mai 2011