Classes prépas : les questions que se posent les bacheliers

Co-auteur du livre « La prepa Ecole de commerce, tout ce qu’il faut savoir », Loïc Dilly, 30 ans, ancien de SKEMA Business School, anime depuis plus de 11 ans le site prepa-hec.org qu’il a créé alors qu’il était encore élève en classe préparatoire. Dans l’ouvrage qu’il a co-rédigé avec d’autres anciens d’écoles de commerce, il parle choix d’orientation, expériences et stratégies gagnantes. Alors que les lycéens doivent en ce moment même entrer leurs vœux sur le site admission post-bac, Loïc Dilly revient pour l’Observatoire Boivigny sur les questions que se posent les candidats à la prépa.

 

Faut-il faire partie des meilleurs pour accéder aux classes préparatoires aux grandes écoles de commerce (CPGE) ?

La finalité de ces classes est de préparer à un concours. Or, un concours est un classement où il faut être meilleur que les concurrents. Les CPGE recrutent donc les meilleurs dossiers qu'elles reçoivent. Mais elles ne sont pas inaccessibles pour autant. Si l'on devait dresser le portrait robot d'un élève de ces classes, je dirais qu'il s'agit d’une personne qui a fait preuve d'une grande régularité de résultats au lycée, ou d'une progression entre la première et la terminale. Il a généralement de bons résultats dans toutes les matières.

Qu’est-ce qui caractérise les classes préparatoires par rapport à des études à l’université ?

La principale différence se situe dans l'accompagnement des élèves qui est constant en classe prépa. Les universités alternent cours magistraux en amphis et TD, tandis que l'enseignement en CPGE se déroule exclusivement sous la forme de cours en classe de 30 à 40 élèves en moyenne, et est complété par le système des colles, ces entraînements de préparation où un étudiant planche sur un sujet qu'il doit ensuite exposer à l'oral face à son professeur. Cette proximité constante avec les professeurs permet un suivi poussé des étudiants. Par ailleurs, le format d'évaluation en CPGE est calqué sur celui du lycée, avec des évaluations régulières : devoir surveillé chaque semaine, travaux à effectuer chez soi, etc.

De plus en plus de bacheliers hésitent entre aller en prépa ou faire une école post-bac, est-ce un bon calcul ?

La tentation est forte en effet, car nul ne peut garantir à un bachelier qu’après deux ans d’efforts en prépa il obtiendra une bonne école. Alors quand il décroche une place dans une bonne post-bac dès le lycée…pourquoi s’embêter ? Plusieurs d’entre elles bénéficient d'une réputation et d'une notoriété grandissantes; ces cursus présentent également l'avantage de fournir une insertion plus rapide dans le monde de l'entreprise, avec des stages dès la première ou la deuxième année, alors que l'enseignement de prépa reste théorique et davantage axé sur les humanités. Dans les faits, il subsiste toutefois une différence dans l'esprit des recruteurs entre les écoles post-bac et les écoles post-prépa : les postes les plus recherchés sont ainsi majoritairement proposés à des étudiants d'écoles post-prépa. Notez également qu’une école post-bac sera facturée sur cinq ans, tandis que les écoles post-prépa sont facturées sur trois ans. Or, quand on sait que ces frais s’échelonnent, selon les écoles, entre 7000 et 10 000 euros l’année…

Pourquoi choisir de passer par une prépa, alors que toutes les écoles proposent des voies d’admission parallèle ?

La plupart des écoles de commerce proposent en effet des concours d'admission parallèle à partir de bac+2 (Passerelle ESC / Tremplin / concours spécifique); néanmoins, le nombre de places disponibles est beaucoup plus faible, et il n'existe pas de système de préparation spécifique pour ce type de concours, en dehors de ceux proposés par des organismes privés onéreux. Ce n’est pas toujours évident non plus pour les étudiants de préparer les concours des écoles de commerce en plus des épreuves nécessaires pour l'obtention de leur diplôme universitaire. Dans les écoles de haut de tableau, il existe également des admissions après un bac+3 ou un bac+4 mais le nombre de places est encore une fois fort limité. Et les efforts nécessaires pour intégrer ces écoles en admission parallèle sont équivalents de ceux à fournir dans le cadre d’une prépa. Dans ce cas, pourquoi repousser l'échéance?

Comment se déroule la procédure d’admission en CPGE ? Y a-t-il une stratégie à appliquer ?

La procédure d'admission en prépa s'effectue par le biais du fameux site admission-postbac, comme pour la plupart des affectations dans l'enseignement supérieur. Les lycéens ont la possibilité de choisir jusqu'à 12 vœux, avec et sans internat. Les lycéens ont donc tout intérêt à utiliser l'ensemble de ces vœux, pour panacher leurs souhaits d'affectation entre les prépas les plus sélectives et les prépas moins sélectives, les prépas proches de chez eux ou les prépas plus éloignées mais plus réputées. Les lycéens doivent également joindre un dossier papier, qui contiendra les bulletins de première, de terminale, les notes des Épreuves anticipées de Français (EAF), etc. Ici, pas de secret, il vaut mieux avoir travaillé les deux années, on ne peut pas tout miser sur les notes de terminale (1).

La première année de prépa est-elle plus facile que la seconde ?

Disons plutôt que la seconde année de prépa est encore plus intense que la première, avec une année ramassée sur 8 mois (cours de septembre à avril), et des échéances qui se précisent: inscriptions aux concours en décembre-janvier, épreuves écrites en avril-mai, épreuves orales en juin-juillet et résultats d'affectation en juillet. La pression est donc plus forte en seconde année, et comme pour une compétition sportive, il faut être capable de tenir son effort sur la durée, et pouvoir trouver un second souffle au bon moment.
La première année peut toutefois être un choc pour certains étudiants: le volume horaire de cours est assez conséquent, la charge de travail peut paraître insurmontable au départ et les cours sont menés au pas de charge.

Quelles sont les meilleures classes préparatoires de France, à votre connaissance ?

Si par meilleures classes préparatoires on entend établissement capable de placer le maximum de ses étudiants dans les écoles de commerce les plus réputées, d'après les classements établis chaque année par la presse à partir des taux d'intégration aux Grandes Ecoles de commerce, on peut dire que les meilleures sont, pour le public, Hoche, Henri IV, Louis-le-Grand, Ampère et, pour le privé, IPESUP, Saint Jean, Danielou, Sainte Geneviève (2).

Que pensez-vous des menaces qui pèsent sur l'avenir des CPGE ?

Le système des classes prépas est une spécificité de l'enseignement supérieur français, et c'est ce qui fait sa force dans certains domaines- c'est particulièrement vrai pour les prépas scientifiques et les prépas ENS. Cette spécificité peut poser certains problèmes de lisibilité à l’international. Je pense toutefois que l'abandon de ce système serait une perte pour l'enseignement supérieur français: les CPGE dispensent un enseignement de très haut niveau et sont un vivier facilement accessible et identifiable par les hauts potentiels, par exemple pour la recherche française.


NB :


Propos recueillis par Pierre-Alban Pillet
30/01/2011
 
Source: http://www.boivigny.com

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *