La société du Compte du millénaire (MCC, Millennium Challenge Corporation) a invité deux élèves burkinabées en classe de CM2 à venir à Washington pour y célébrer la Journée internationale de la femme et découvrir par la même occasion le fonctionnement du gouvernement des États-Unis.
Aissatou Hamidou Diallo et Fatima Yanta ont ainsi eu l'occasion de rencontrer l'épouse du président, Mme Michelle Obama, à la Maison-Blanche. Ce sont des élèves brillantes qui participent au projet BRIGHT II de la MCC, lequel est conçu pour promouvoir la croissance économique à long terme et faire reculer la pauvreté en misant sur le relèvement du taux de scolarisation des filles et la baisse de leur taux d'abandon.
Interviewé le 8 mars, le président-directeur général de la MMC, M. Daniel Yohannes, a dit que moins de la moitié des fillettes du Burkina étaient inscrites à l'école, souvent parce qu'elles devaient rester à la maison pour participer aux tâches ménagères. Le projet BRIGHT II cherche à éliminer les obstacles à l'éducation des filles tout en veillant à ce que les besoins des familles soient satisfaits.
« Ce projet aménage des terrains de jeu et des crèches pour que les fillettes chargées de s'occuper de frères et sà "urs plus jeunes puissent suivre leur scolarité dans des établissements équipés pour accueillir les tout-petits ; il fournit de l'eau propre et un repas aux familles, de quoi répondre à des besoins de base qui posent souvent de grosses difficultés, jour après jour », explique M. Yohannes.
Aissatou a dit qu'il a fallu l'intervention de sa mère, de sa grand-mère et d'un ancien du village pour convaincre son père de l'inscrire à l'école BRIGHT II : il préférait la voir rester à la maison pour qu'elle puisse s'occuper des chèvres de la famille.
« Il me disait souvent que si je restais quelques jours à la maison, ils rayeraient mon nom de l'école et que je n'aurais plus besoin d'aller. Je répondais simplement, oui, j'irais aujourd'hui et on verra demain. Et le lendemain, je disais la même chose. C'est ainsi que j'ai fini deux années sans manquer un seul jour de classe », a-t-elle confié quand elle assistait à la réception donnée par la Maison-Blanche à l'occasion de la Journée internationale de la femme.
Mme Obama a chaleureusement félicité Aissatou. Les États-Unis et le reste du monde, a dit l'épouse du président, voient dans Aissatou et les autres fillettes comme elles « des artisanes de la paix, des ambassadrices et des chefs de file de la communauté ».
« Notre pays y gagne à chaque fois qu'une fille atteint son potentiel, à chaque fois qu'on fait appel au talent d'une femme », a affirmé Mme Obama avant d'ajouter qu'à travers le monde les pays sont plus prospères et plus pacifiques « quand les femmes ont l'égalité, les droits et les possibilités qu'elles méritent ».
Aissatou Diallo, qui est la première personne de sa famille à aller à l'école, se dit fière de savoir lire, écrire et calculer.
« Lorsque je finirai l'école, a-t-elle déclaré, je voudrais devenir docteur. Je montrerai à mes amis et mes parents que l'école est utile. »
Avant que le projet BRIGHT II ne crée une école dans son village, Aissatou aurait dû faire un trajet de quatre heures rien que pour aller en classe. Maintenant, c'est une question de cinq minutes de marche à pied. Fatima, elle, met 45 minutes tous les jours pour aller à l'école à pied et rentrer chez elle, et elle se dit bien heureuse de le faire parce qu'elle sait que ses amies n'ont pas la chance qu'elle a.
Le projet BRIGHT II, qui est administré par la MCC en partenariat avec l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), vise les élèves du CE2 au CM2. Il fait fond sur le projet initial BRIGHT, qui a été conçu pour les écolières du CP1 au CE1 et a rendu possible la construction de 132 écoles en milieu rural. Le projet BRIGHT II se propose maintenant d'ajouter des salles de classe dans les établissements dont le taux de scolarisation des filles est le plus faible. Ce projet s'inscrit dans le cadre du contrat de la MCC signé en juillet 2008 par les États-Unis et le gouvernement du Burkina Faso, à hauteur de 480 millions de dollars et d'une durée de cinq ans.
Les écoles accueillent au total 13.000 filles et 9.000 garçons, et la MCC est déterminée à inclure les considérations sexospécifiques à toutes les étapes des travaux entrepris avec les pays partenaires, au niveau tant des orientations que des projets, précise Daniel Yohannes.
« L'inégalité des sexes est une entrave importante à la croissance économique et au recul de la pauvreté, ajoute-t-il. Tant que les hommes et les femmes ne seront pas des champions à égalité, nous ne pourrons pas libérer tout le potentiel des millions de femmes et de filles à travers le monde. »
M. Yohannes a félicité Aissatou et Fatima de leur réussite scolaire et fait l'éloge de Mme Madeleine Ouangraoua Sorgo, qui accompagne les fillettes pendant leur voyage. Saluant le « rôle considérable » qu'elle joue dans la préparation de l'avenir du Burkina Faso, il a dit que cette dernière illustrait parfaitement ce dont les femmes sont capables quand on leur en donne la chance. Mme Sorgo est membre burkinabé du conseil de direction du Compte du millénaire et une militante féministe bien connue dans son pays.
Mme Sorgo, Aissatou Hamidou Diallo et Fatima Yanta vont participer pendant une semaine à diverses manifestations organisées à l'occasion du centenaire de la Journée internationale de la femme. Elles doivent rencontrer des responsables de la MCC, participer à un groupe de discussions sur l'égalité des sexes dans le contexte du développement international et partager leur expérience personnelle avec des élèves américains.
Source: America.gov
Mackenzie C. Babbrédactrice
11 mars 2011