Unicef : Une étude sur le genre et l’éducation à Madagascar

(UNICEF) Antananarivo, le 8 mars 2011 – A l'occasion de la Journée Internationale de la Femme, l'UNICEF a officiellement lancé ce jour un rapport sur le genre et l'éducation à Madagascar. Cette étude met la lumière sur les liens entre le genre et la qualité de l'éducation, et examine les pratiques éducatives au niveau des écoles, de la famille et de la communauté.

« Au niveau national, Madagascar ne connait pas de grandes disparités statistiques de genre quant à l’accès et la rétention scolaire, aussi bien au niveau primaire que post-primaire (collège). C’est l’une des raisons pour lesquelles la dimension genre n’est parfois pas prise en compte dans les stratégies d’amélioration de l’éducation », déclare Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF à Madagascar.

Ainsi, l’étude examine de près les statistiques désagrégées par genre au niveau régional. Les moyennes nationales cachent en effet des écarts régionaux parfois importants. Dans de nombreuses régions, les filles sont pénalisées quant à l’accès et l’achèvement de l’éducation post-primaire.

Six (6) Circonscriptions Scolaires (Ciscos) ont été ainsi visitées pour une enquête au niveau des ménages pour des discussions dirigées avec des filles, des garçons et des parents, et pour des interviews et observations avec les enseignants et les autorités éducatives. Ces recherches ont montré que les écoles malgaches ne sont pas exemptes de stéréotypes du genre.

Ainsi, au cours de l’année scolaire 2006-2007, 33 circonscriptions scolaires parmi les 111 enregistraient un ratio d’élève fille-garçon de moins de 0.75 en dernière année du collège, i.e. moins de 75 filles pour 100 garçons scolarisés. Ces Ciscos sont en général des districts à faible performance avec des taux élevés de redoublement et d’abandon. Ils sont souvent difficiles d’accès sur le plan géographique, avec une proportion importante d’enseignants communautaires.

Certaines Ciscos éloignées n’enregistraient même pas une fille pour quatre ou cinq garçons scolarisés au niveau des collèges. Cette situation indique que la difficulté générale du contexte de scolarisation – incluant l’éloignement de l’école, le redoublement, les frais à payer pour les enseignants communautaires – pèse plus lourdement sur l’éducation des filles, en particulier après le cycle primaire.

Par ailleurs, cette étude indique que beaucoup d’enseignants ont des perceptions différenciées des filles et des garçons. Les filles sont « naturellement » dociles et disciplinées, et les garçons sont turbulents mais créatifs et « intelligents ». Ainsi, les garçons sont plus souvent sollicités que les filles dans les matières scientifiques, et ont beaucoup d’occasion de l’exercice du leadership. Les filles sont plus encouragées dans des disciplines littéraires, et sont nettement moins sollicitées et interrogées que les garçons, et ont moins d’opportunités de développer leur leadership.

Au niveau de la famille et de la communauté, les mêmes types de perceptions (sur les filles sérieuses et garçons indisciplinés mais intelligents) sont également notés dans cette étude. La puberté des filles et particulièrement la grossesse non désirée demeurent une crainte particulière pour les familles. C’est pour cette raison que les filles sont parfois encouragées à se marier. Cette étude montre également une tendance selon laquelle les familles privilégient la scolarisation des garçons à celle des filles dans le cas où les frais de scolarisation représentent un coût trop élevé pour elles.

Outre l’augmentation de l’offre d’éducation dans les zones rurales et reculées, cette étude suggère quelques pistes de recommandations destinées à améliorer la situation de l’éducation tenant compte des aspects genre. Il s’agit essentiellement de l’adaptation du calendrier scolaire, la gratuité effective,l’intégration de la dimension genre dans la formation des enseignants, la promotion de modèles positifs de référence pour les filles et les garçons, la révision des lois et des règlements devant permettre aux filles enceintes de poursuivre et reprendre leurs études.

« La prise en compte de dimension genre ne se limite pas à la comparaison des statistiques scolaires des filles et des garçons. Il faut aller au-delà des chiffres, et continuer à améliorer l’éducation pour que les filles et les garçons sortent de l’école avec toutes les compétences nécessaires pour améliorer leur vie et participer activement dans le développement de leur communauté. L’éducation est l’un des meilleurs moyens pour instaurer l’égalité du genre. Les enfants ne devraient pas être limités par les stéréotypes, et devraient apprendre à créer une société égalitaire » poursuit Bruno Maes.

Sur la base des résultats préliminaires de cette étude, l’UNICEF, en collaboration avec les ONGs partenaires, a commencé depuis 2008 la mise en oeuvre d’activités destinées à promouvoir l’éducation des filles dans des Ciscos où l’écart de scolarisation des sexes est considérable. A l’heure actuelle, près de 3000 filles vulnérables bénéficient de bourses d’études ou d’autres alternatives (comme la dotation de vélos)pour faciliter leur accès et l’achèvement aux collèges. Par ailleurs, d’autres mesures ont été prises et sont mises en oeuvre en faveur de près de 90,000 filles et garçons de plus de 85 collèges publicspour améliorer la qualité de l’éducation, dont entre autres, la formation des enseignants sur les disciplines académiques et sur le genre, le développement des outils pédagogiques,l’amélioration de l’environnement scolaire, la mobilisation communautaire, ainsi que la promotion des modèles positifs féminins.

 

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