Lors du séminaire hebdomadaire organisé par l’AFGES et qui a lieu depuis peu le lundi soir en salle du Minotaure, les participants ont pu se plonger dans la thématique des étudiants étrangers à Strasbourg.
Pas facile d’être un étudiant étranger. C’est d’abord devoir être au fait dans la jungle administrative que représente une arrivée pour étudier dans un autre pays que son pays d’origine. Et c’est surtout conditionné par une règle très simple, mais véritable épée de Damoclès, comme l’explique Kenneth Vanhoey, ancien vice-président de l’AFGES en charge des étudiants étrangers durant l’année universitaire 2008-2009 : « L’étudiant dispose de cinq ans pour obtenir sa licence. Cette règle a le mérite d'être claire, mais l'échéance peut arriver très rapidement. Il suffit d'une réorientation au bout d'un an (très fréquente parmi les étudiants en général) et d'une année d'échec au cours de la licence pour n'avoir plus le droit à la moindre erreur. D'autant plus que désormais, avec des cursus semestrialisés et une évolution progressive au sein d'un diplôme, la notion d'année d'étude devient un concept flou ».
C'est généralement durant l'hiver qu'il est demandé aux étudiants dont le titre de séjour n’a pas été reconduit par la préfecture de quitter le territoire français. Une situation qui ne laisse aucune chance à l’étudiant de passer sa session de rattrapage. « S’il doit y avoir une expulsion, cela devrait avoir lieu pendant l’été, mais pas en plein hiver et en plein milieu d’année universitaire », déplore Kenneth Vanhoey.
En général, l’étudiant a trois solutions : contester la décision du préfet de non renouvellement du titre de séjour auprès du tribunal administratif (TA) endéans un mois. Ou alors décider de partir de son plein gré, et dernière possibilité, ignorer l'ordre de quitter le territoire français. « A ce moment-là, ce sont des policiers qui viennent chercher l’étudiant en situation irrégulière. Ce dernier passe ensuite deux jours en centre de rétention (souvent vécu comme une expérience traumatisante) avant d’être conduit dans un avion pour rejoindre son pays d’origine », résume Kenneth Vanhoey. Et c’est bien loin d’être un centre de vacances…
Strasbourg compte beaucoup plus d’étudiants étrangers (27 %) que la moyenne nationale (13 %). Ce qui explique aussi l’importance de se pencher sur la problématique. Les principales difficultés rencontrées par les étudiants étrangers sont, d’après une enquête menée par l’AFGES en septembre 2010, liées à l’entrée dans un logement et à la recherche d’un travail pour financer les études (sont principalement concernés par cela les étudiants issus d’Amérique latine et d’Afrique). « Beaucoup d’étudiants étrangers ne prennent pas de couverture santé. A moyen terme cela représente pour eux des économies non négligeables », souligne Kenneth Vanhoey.
Depuis la rentrée, l’Université de Strasbourg a d’ailleurs mis en place un groupe de réflexion « pour pouvoir accompagner au mieux, et prévenir les étudiants étrangers quant à ces situations », indique Kenneth Vanhoey, membre du groupe de travail. « Des pistes sont à l’étude pour renforcer l’information auprès des étudiants étrangers, et pour organiser un suivi dès le premier échec ». En espérant que d’ici à ce qu’un dispositif d’accompagnement soit opérationnel, les expulsions soient les plus rares possibles.
Source: AFGES, 08/02/2011