VISAF pour l’Afrique
Source : http://www.scom.ulaval.ca
Par : Jean Hamann
11 mai 2006
Près de 300 étudiants africains reçoivent dans leur pays une formation à distance en informatique offerte par l’Université Laval
par Jean Hamann
Ils sont Africains, ils se rendent chaque jour de leur vie dans une université de leur pays pour y suivre des cours, mais leurs professeurs sont à des milliers de kilomètres de là. Inscrits en bonne et due forme à l’Université Laval, ces 297 étudiants de Mauritanie, du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Bénin, du Cameroun et du Burundi profitent d’un programme de formation à distance mis sur pied par le Département d’informatique et de génie logiciel. S’ils réussissent tous leurs cours, ils décrocheront un diplôme de premier cycle portant le sceau de l’Université Laval.
Le projet Virtuel au service de l’Afrique francophone (VISAF), piloté par l’Association des universités et collèges du Canada en partenariat avec l’Université virtuelle africaine (UVA) et l’Université Laval, vise à former des spécialistes en informatique qui viendront appuyer le développement des économies locales des pays francophones d’Afrique. Par l’intermédiaire du professeur Pierre Marchand, le Département d’informatique et de génie logiciel a reçu le mandat d’adapter le contenu de ses cours de baccalauréat en informatique de façon à pouvoir les donner à distance en mode simultané. "À partir de son poste de travail et grâce à un lien Internet satellitaire, l’enseignant diffuse la matière de son cours sous forme de document PowerPoint et ses commentaires sont entendus en direct par les étudiants rassemblés dans des salles de cours de dix universités africaines, explique le directeur des opérations du projet VISAF, Pierre Comeau. Les étudiants voient les diapositives sur écran, ils entendent la voix de l’enseignant et ils peuvent lui poser des questions en direct ou par courriel. Tous les cours sont enregistrés de sorte que les étudiants peuvent les consulter après coup."
Contraintes et promesses
Les enseignants donnent des cours six jours par semaine à partir de leur bureau ou de leur lieu de résidence. "Il a fallu tenir compte du décalage horaire (entre cinq et huit heures), de la prière du vendredi pour les étudiants musulmans et du couvre-feu en vigueur dans certains pays pour établir la grille horaire", signale Pierre Comeau. Certains enseignants donnent leurs cours très tôt le matin avant d’entreprendre leur journée régulière de travail.
Les évaluations ne sont pas une mince affaire non plus. Les enseignants préparent les examens et ils les acheminent par Internet aux dix universités africaines où les étudiants suivent leurs cours. Là, les documents sont imprimés et les responsables locaux surveillent les étudiants pendant les épreuves. Les copies reviennent à Québec pour correction et des photocopies des examens corrigés sont retournées par la poste aux étudiants. "Comme il y a de deux à trois évaluations par cours, les frais de photocopie et de poste dépassent 5 000$ par année", précise Pierre Comeau.
VISAF a accueilli ses premiers étudiants ils étaient 87 à la session d’hiver 2004. À l’automne 2005, 210 étudiants se sont joint à eux et une troisième cohorte s’ajoutera cet automne. "Les critères d’admission sont les mêmes que ceux qui prévalent pour les étudiants étrangers qui viennent étudier sur le campus", souligne Pierre Comeau. Les conditions d’études sont loin d’être idéales, convient-il toutefois: accès limité aux livres et aux notes de cours, équipement informatique minimal, pannes électriques à répétition, problèmes de connexions Internet, encadrement et soutien limités, etc. "Mais les étudiants réussissent quand même et leurs connaissances sont comparables à celles que nos étudiants acquièrent ici sur le campus, assure-t-il. Le programme conduit à un certificat ou à un baccalauréat en informatique de l’Université Laval. Ce diplôme nord-américain a une valeur inestimable pour les étudiants." En juin dernier, le professeur Marchand s’est d’ailleurs rendu dans quatre pays africains pour participer aux cérémonies de collation des grades des 30 premiers diplômés du programme.
L’Agence canadienne de développement international a fourni un soutien financier de 2,7 M $ à l’Université Laval afin de permettre la réalisation du projet VISAF pour la période 2004-2009. Éventuellement, le Département cèdera le programme à l’UVA qui assurera la suite des choses. "Le but était de monter le programme et d’aider l’UVA à prendre la relève, explique Pierre Comeau. De notre côté, l’expertise que nous avons acquise en formation à distance dans le cadre de ce projet pourra nous servir à offrir des cours dans d’autres régions du monde."